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France : La laïcité, force et bouclier pour les femmes

lundi 17 décembre 2018, par siawi3

Source : RDF, 16.12.18

La laïcité : force et bouclier pour les femmes
Le combat laïque aujourd’hui

Michèle Vianès
Présidente de Regards de Femmes

15 décembre 2018

La laïcité organise une société dont tous les membres sont juridiquement et politiquement égaux, indépendamment de l’origine, du sexe, des options philosophiques ou religieuses. L’Etat laïque ne se réfère à aucune religion, ne prétend pas tenir sa légitimité d’une religion, ne professe aucune croyance religieuse, s’abstient donc au sujet des religions sans se mêler d’aucune, sans favoriser aucune, sans léser aucune. Il procure un pouvoir politique indépendant vis-à-vis des religions et assure à chacune d’elles, mais aussi aux agnostiques et aux athées, une pleine liberté de conscience.

La laïcité est indispensable pour l’autonomie et l’émancipation des femmes par rapport au patriarcat théocratique. C’est le principe politique universel nécessaire pour refuser toute justification religieuse de violation des droits des femmes (Cedef/Cedaw). La capacité à décider de leur propre chef sans se laisser dominer par de présumées tendances naturelles ou collectives, ni de façon servile par une autorité extérieure.

Partout, dans l’espace et dans le temps, on observe les rapports de hiérarchie patriarcale et d’assujettissement des femmes. Quel est le poids des religions, dans la formation et le maintien de cette hiérarchie ?

Les religions ont été fixées par les êtres humains de sexe masculin, pour les hommes. Les textes sacrés, transcrits, étudiés, commentés le furent aussi par ces mêmes hommes qui pendant des siècles eurent le monopole de l’accès à la culture. Dans toutes les religions, on retrouve les constantes misogynes qui ont abouti à la discrimination des femmes : elles ont été utilisées par les hommes et les Etats pour posséder le corps et l’esprit des femmes.

Partout dans le monde, en suivant des cheminements différents, les femmes vont s’affranchir du poids des religions par les revendications de disposer librement de leur corps, de leur esprit et d’avoir la maîtrise de leur désir d’enfant. Au 2/3 du XX° siècle, l’avancée des droits des femmes était visible dans tous les pays du monde.

Orientation sociale décisive, l’émancipation féminine a largement infléchi le rapport des femmes à la religion. Son incidence a pris des formes variées, voire opposées, entre progressisme et intégrisme qui troublent profondément l’ordre ancestral, supposé naturel et surnaturel.

Panique chez les machocrates qui ont appelé à leur secours les religions.

Les extrémismes religieux et politiques utilisent, encore aujourd’hui, les religions pour posséder le corps et l’esprit des femmes afin de conserver le pouvoir politique.

Pour convaincre des femmes de revenir aux schémas patriarcaux théocratiques, la soumission à dieu se matérialisant sur terre par la soumission aux hommes, ils utilisent deux types de discours. Un discours hypocrite de protection des femmes et un discours d’intimidation : la menace de punition sur terre ou au ciel, c’est-à-dire éternelle, si les femmes n’obéissent pas aux traditions.

Chaque fois qu’une femme n’est pas sujet de droit, chaque fois que l’égalité entre les femmes et les hommes n’’est pas respecté, cela s’appuie sur des traditions et coutumes religieuses.

La mainmise sur la fécondité et la sexualité des femmes a été et reste le moteur de l’oppression. Tous les extrémismes religieux se soutiennent et on constate les votes conjoints du Saint Siège, de la Pologne, Hongrie, Malte, des fondamentalistes protestants américains et des Etats musulmans dans les conférences internationales contre l’accès des femmes aux droits à disposer de leur corps en sont la preuve.

Leur champ d’action est très vaste. L’intrusion des religions dans l’espace temporel est d’autant mieux acceptée qu’elles en viennent à accomplir les fonctions de solidarité délaissées par les Etats qu’elles ont elles-mêmes affaiblis.

Ne soyons ni dupes ni complices du discours englobant des fondamentalistes religieux, négation de l’autonomie de l’individu. Pour cela :
1-Affirmer les principes universels d’égale dignité des hommes et des femmes.

2- Refuser toute justification religieuse d’atteinte aux droits des femmes et des filles. Tolérer le voilement des fillettes, risque majeur pour leur développement cognitif et social et leur santé physique et psychique c’est d’abord accepter la maltraitance des fillettes mais aussi accepter la mainmise de l’oppression religieuse sur l’éducation des enfants.

3- Dénoncer l’argument du relativisme culturel qui permet aux fondamentalistes religieux d’opprimer leurs coreligionnaires, à commencer par les femmes et les filles, Toutes les femmes et jeunes filles dans un pays ont les mêmes droits.

Nous sommes bien dans le combat entre traditions archaïques et théocratiques patriarcales et l’idée moderne de laïcité, héritière des Lumières : reconnaître à chacun la même dignité, n’exiger nulle dévotion en contrepartie mais l’adhésion librement consentie à un contrat et à des devoirs de la part de consciences autonomes et libres, c’est-à-dire éclairées, aptes à juger et capable de vouloir.

Particularismes, individualismes, corporatismes, communautarismes, ethnicismes, colorismes, séparatismes qui ignorent le bien commun relèvent de la même logique. Ils créent des tensions qui ne peuvent conduire qu’à des conflits, des exclusions et entraîner perte du sens civique et danger pour la paix civile.

Aussi je vous invite à suivre les conseils donnés il y a 250 ans, le 20 décembre 1768, par Voltaire à M. le Marquis de Villevieille, « Je brave le diable qui n’existe point et les vrais diables fanatiques qui n’existent que trop. »