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Tchétchénie : La mort ou l’exil - Pour une enquête sur les massacres et tortures d’homosexuels en Tchétchénie
petition
mercredi 19 avril 2017, par
Source : Change.org 19.04.2017
Pour une enquête sur les massacres et tortures d’homosexuels en Tchétchénie
Igor Iasine
Moscow, Russie
https://www.change.org/p/pour-une-enqu%C3%AAte-sur-les-massacres-et-tortures-d-homosexuels-en-tch%C3%A9tch%C3%A9nie?utm_source=action_alert_sign&utm_medium=email&utm_campaign=737774&alert_id=SMxflcyXYR_j4vy9g57yoflcApamiNWEsEnE0%2BcIy8nQ8EGoBBPoK1TTfOzcKXeQl%2B1RxBvrsJ9https://www.change.org/p/pour-une-e...
Des rafles ont eu lieu récemment en Tchétchénie. Plus d’une centaine d’hommes ont été arrêtés, humiliés et torturés dans des prisons secrètes juste parce qu’ils sont soupçonnés d’être homosexuels. Trois d’entre eux ont déjà été tués.
Début avril, le célèbre journal d’investigation moscovite « Novaïa Gazeta » a publié deux articles qui documentent ces exactions. On peut y lire notamment un témoignage qui atteste que « les personnes arrêtées ont été torturées, violées avec une bouteille ou exposées à des décharges électriques. Après avoir été passées à tabac, certaines d’entre elles ont été renvoyées dans leur famille, le visage méconnaissable ... Je sais avec certitude que deux personnes ont été tuées… »
Selon le même journal, les forces de l’ordre tchétchènes organisent une « chasse aux homosexuels » dans un but purement « prophylactiques ». Auparavant, d’autres campagnes « prophylactiques » ont été menées contre les personnes soupçonnées d’extrémisme, à celles qui sont accusées de boire de l’alcool, de consommer des drogues douces, d’avoir des relations extramaritales, de ne pas avoir le « look qu’il faut », et ces campagnes ont même pu cibler les personnes qui auraient enfreint le code de la route…
Cette fois-ci, il s’agit d’un sujet tabou dans la société tchétchène. Aussi, les proches des personnes assassinées n’osent pas porter plainte : ils craignent que l’« opprobre » soit jeté sur eux, mais ils savent aussi que les pouvoirs locaux soutiennent indirectement les « crimes d’honneur ».
Nous exigeons qu’une enquête soit menée afin que toute la lumière soit faite sur ces massacres et pour que leurs auteurs soient jugés. Il faut mettre un terme à ces actes de violence et à ces assassinats commis en toute impunité. Nous devons faire cesser ces persécutions.
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Être homosexuel en Tchétchénie : la mort ou l’exil
Publié le 19/04/2017 à 7h54. Mis à jour à 9h12
par SudOuest.fr avec AFP.
Manifestation contre « l’homophobie d’Etat » en Tchétchénie sur le parvis des droits de l’homme à Bordeaux. Photo SO Taris Philippe
D’après une enquête d’un média russe, des homosexuels sont traqués, arrêtés et torturés dans des prisons secrètes en Tchétchénie
Ilia a les traits tirés par la fatigue. Battu et torturé par des hommes en uniforme militaire, cet homosexuel a fui à Moscou où il vit la peur au ventre. « En Tchétchénie, j’avais le choix entre mentir ou mourir », résume-t-il.
A 20 ans, il se cache désormais dans une petite maison en brique rouge de la banlieue moscovite, qu’il partage avec cinq autres Tchétchènes ayant eux aussi quitté précipitamment la petite république musulmane du Caucase russe. Tous refusent de révéler leur véritable identité par peur d’être identifiés et traqués.
« Si un de mes proches apprend que je suis homosexuel, il n’hésitera pas une seconde à me tuer », explique l’un d’entre eux, Nortcho. « Et s’ils ne le font pas, alors ils se feront tuer pour ne pas avoir rétabli l’honneur de la famille. »
L’homosexualité, un crime
Si la Russie montre régulièrement un visage homophobe, la question se pose avec une acuité encore plus grande en Tchétchénie, société conservatrice où l’homosexualité, considérée comme un tabou, est un crime passible de mort dans la majorité des familles.
Fin mars, une enquête du journal indépendant Novaïa Gazeta a suscité l’indignation. Le média, connu pour ses enquêtes critiques à l’égard de Ramzan Kadyrov, qui dirige d’une main de fer la république depuis dix ans, révèle que les homosexuels sont la cible des autorités locales. Ces accusations sont d’autant plus prises au sérieux que ses milices, les « kadyrovtsi », sont accusés depuis des années par les défenseurs des droits de l’Homme d’exactions et d’enlèvements.
Selon le journal, les autorités ont arrêté plus de 100 homosexuels et incité leurs familles à les tuer pour « laver leur honneur ». Toujours selon Novaïa Gazeta, au moins deux personnes ont été assassinées par leurs proches et une troisième est décédée des suites d’actes de tortures.
Interrogé sur les accusations de Novaïa Gazeta, le porte-parole de Ramzan Kadyrov élude le problème : il ne peut pas y avoir d’exactions contre les gays puisque ceux-ci « n’existent pas » en Tchétchénie.
« On finira par me retrouver »
A Moscou, la Ligue LGBT vient en aide aux Tchétchènes en fuite et reçoit « trois à quatre demandes d’aide par jour », selon Olga Baranova, responsable de l’antenne moscovite de cette ONG. Au total, près de vingt personnes en danger ont déjà été exfiltrées à Moscou.
Même s’il est à plus de 1 800 km de Grozny, Ilia continue de sursauter à chaque fois qu’une voiture s’approche de la maison, protégée par des grilles. « En m’aidant, la Ligue m’a donné un sursis mais on finira par me retrouver », murmure-t-il.
« Des militaires sont venus voir ma mère et lui ont révélé que je suis homosexuel »
En octobre, il a été emmené dans un champ et battu par trois hommes en uniforme militaire. Une immense cicatrice balafre le bas de son visage. « Ils ont tout filmé. Ils m’ont dit que ça finirait sur les réseaux sociaux si je ne payais pas 200 000 roubles (3 350 euros). Je me suis endetté et j’ai payé », raconte-t-il, la voix nouée.
Il a ensuite fui pour Moscou. « Des militaires sont venus voir ma mère et lui ont révélé que je suis homosexuel », confie Ilia. « Je suis terrifié. Je n’ai pas réussi à dormir depuis que je suis parti de Grozny. »
La loi du silence
Pour Tania Lokchina, de l’ONG Human Rights Watch, « il suffirait d’un coup de fil du Kremlin à Ramzan Kadyrov pour que les arrestations cessent ».
Officiellement, une enquête a été ouverte lundi par le Parquet général. Mais les enquêteurs disent n’avoir reçu « aucune plainte officielle » de victime, selon la déléguée russe pour les droits de l’Homme Tatiana Moskalkova.
« Imaginer que des personnes viennent témoigner sans garantie de sécurité est tout simplement impossible », s’indigne Lokchina. « Les personnes LGBT, déjà extrêmement vulnérables, doivent, en plus des autorités, craindre leurs propres familles », explique-t-elle.
Pour la journaliste de Novaïa Gazeta, Irina Gordienko, menacée de mort par le Grand Mufti tchétchène après son enquête, Ramzan Kadyrov exerce en Tchétchénie une « tyrannie absolue » avec l’accord tacite du Kremlin. « C’est là le coeur du problème : l’impunité des autorités tchétchènes », conclut-elle.