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Nouvelles d’Afghanistan

dimanche 15 août 2021, par siawi3

Source : https://www.lepoint.fr/monde/afghanistan-l-helicoptere-qui-va-hanter-joe-biden-15-08-2021-2438917_24.php

Afghanistan : l’hélicoptère qui va hanter Joe Biden

La panique gagne Kaboul, encerclée par les talibans. Le président américain tablait pourtant, il y a quelques jours, sur un départ ordonné.

Par Julien Peyron

Publié le 15/08/2021 à 11h58

« En aucun cas, vous ne verrez de gens évacués par le toit de l’ambassade américaine en Afghanistan. » Ces mots, prononcés le 8 juillet dernier par Joe Biden, résonnent étrangement un mois et demi plus tard.

La photo d’un hélicoptère de transport américain Chinook survolant dimanche 15 août l’ambassade des États-Unis à Kaboul rappelle forcément celle de l’évacuation en catastrophe de Saïgon en 1975. Un très mauvais souvenir pour l’Amérique, que Biden pensait éviter de voir se reproduire en Afghanistan. Mais l’avancée des talibans aura été fulgurante, créant un mouvement de panique ce dimanche dans les ambassades occidentales ainsi qu’à l’aéroport.

L’administration américaine avait décidé ces derniers jours de déployer 3 000 soldats à l’aéroport de Kaboul et dans leur ambassade afin d’évacuer le personnel diplomatique et les Afghans ayant travaillé pour les États-Unis. Mais la situation s’est détériorée à toute vitesse, contraignant Washington à revoir ses plans et à dépêcher 2 000 soldats de plus pour sécuriser le départ de ses ressortissants. Les talibans ne sont qu’à quelques kilomètres de là, ils ont stoppé leur avancée aux portes de la capitale, investissant même, selon certaines sources, plusieurs quartiers de la ville. Dans un communiqué, ils ont demandé à leurs combattants de ne pas investir Kaboul, souhaitant « un processus de transition pacifique ».

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Conquête expresse

En quelques jours, ils se sont emparés de toutes les capitales provinciales du pays, ne rencontrant que peu de résistance. Le scénario d’un retour rapide au pouvoir des talibans, qualifié de « très peu probable » par Joe Biden en juillet dernier, semble être aujourd’hui une question d’heure. Les renseignements américains, qui pensaient avoir plusieurs mois après l’annonce du retrait des troupes pour organiser leur départ ont dû revoir leurs plans. Initialement, ils tablaient sur « 6 à 12 mois ». Le 10 août dernier, une note du renseignement américain réduisait ce délai à « 90 jours ». En réalité, il n’aura fallu quelques jours pour que les talibans encerclent Kaboul.

La porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki, assurait encore en début de semaine que la chute du régime afghan n’était « pas inévitable ». « L’heure est venue pour eux de se servir de l’entraînement, de l’aide et des consignes sécuritaires qu’ils ont reçus ces deux dernières décennies. » Mais on sentait déjà le pessimisme poindre à Washington, car lors de ce même point presse, la porte-parole avait lancé un message aux talibans : « Ils doivent évaluer le rôle qu’ils veulent avoir au sein de la communauté internationale », menaçant ses leaders d’« isolement » s’ils décidaient de prendre le pouvoir à Kaboul.

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Le 8 juillet dernier, Joe Biden affirmait à nouveau qu’il n’avait pas de regret concernant sa décision de retirer rapidement les troupes américaines du pays. « Nous avons dépensé plus de mille milliards de dollars en 20 ans. Nous avons entraîné et équipé, avec de l’équipement moderne, plus de 300 000 forces afghanes. » Une déclaration qui pourrait bien revenir le hanter, tout comme la photo de l’hélicoptère survolant l’ambassade.

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Source : https://www.lemonde.fr/international/article/2021/08/15/afghanistan-les-talibans-encerclent-kaboul-au-terme-d-une-progression-eclair_6091487_3210.html

Afghanistan : les talibans entrent dans Kaboul, le président, Ashraf Ghani, a quitté le pays

Plusieurs représentants afghans, dont l’ancien vice-président Abdullah Abdullah, ont annoncé dimanche que le chef de l’Etat avait quitté le territoire.

Les talibans assurent souhaiter un transfert « pacifique » du pouvoir.

Le Monde avec AP

Publié aujourd’hui à 10h23, mis à jour à 18h06

Photo : Dans une rue de Kaboul, des habitants font la queue pour prendre un taxi, dimanche 15 août. WAKIL KOHSAR / AFP

Il ne leur restait plus que Kaboul à conquérir. Le président, Ashraf Ghani, a fui l’Afghanistan, dimanche 15 août, laissant de fait le pouvoir aux talibans, qui ont atteint Kaboul, signant ainsi l’épilogue d’une reconquête éclair par les insurgés.

L’annonce a été faite sous couvert d’anonymat par deux représentants afghans à l’agence de presse Associated Press (AP), dimanche 15 août, ainsi que par l’ancien vice-président Abdullah Abdullah dans une vidéo postée en ligne. « L’ancien président a quitté l’Afghanistan, laissant les gens dans cette situation. Il rendra ses comptes devant Dieu et les gens rendront leur jugement », a déclaré M. Abdullah, également chef du Haut Conseil pour la réconciliation nationale. La présidence afghane n’a pour l’heure pas commenté, invoquant des raisons de sécurité.

Les talibans promettent un « transfert pacifique »

« L’Emirat islamique ordonne à toutes ses forces d’attendre aux portes de Kaboul », a d’abord annoncé sur Twitter Zabihullah Mujahid, un porte-parole des talibans. Puis il a précisé qu’elles étaient autorisées à pénétrer dans les zones de la capitale abandonnées par l’armée afghane, pour y maintenir l’ordre. Les talibans ont ainsi intimé aux combattants d’éviter toute violence à Kaboul, de laisser passer les personnes qui veulent partir, et demandé aux femmes de se mettre dans des endroits sûrs, selon un de leurs responsables à Doha, cité par l’agence de presse Reuters.

« J’ai ordonné aux forces de sécurité (…) de garantir la sécurité de tous nos concitoyens. C’est notre responsabilité et nous le ferons de la meilleure manière possible. Quiconque pense à créer le chaos ou à piller sera traité avec force », avait déclaré plus tôt Ashraf Ghani, dans un message vidéo envoyé dimanche à la presse. Appelant les Afghans à « ne pas s’inquiéter », le ministre de l’intérieur, Abdul Sattar Mirzakwal, a assuré qu’un « transfert pacifique du pouvoir » vers un gouvernement de transition allait avoir lieu.

De leur côté, les talibans veulent prendre le contrôle du pouvoir en Afghanistan « dans les jours à venir » par un transfert « pacifique », a dit à la BBC Suhail Shaheen, un porte-parole basé au Qatar dans le cadre d’un groupe engagé dans les négociations. « Nous voulons un gouvernement inclusif (…) ce qui veut dire que tous les Afghans en feront partie », a-t-il assuré.

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Les talibans avaient aussi pris, dimanche, le contrôle du dernier poste-frontière encore aux mains du gouvernement afghan : celui de Torkham, à la frontière avec le Pakistan, a déclaré dimanche le ministre de l’intérieur pakistanais, Sheikh Rashid Ahmed. Cela signifie que les insurgés ont désormais la maîtrise de l’ensemble des frontières afghanes, faisant de l’aéroport de Kaboul la dernière porte de sortie du pays.

Quelques heures plus tôt, ils s’étaient emparés sans résistance de la ville de Jalalabad (est), après avoir pris Mazar-e Charif, la quatrième plus grande ville afghane et le principal centre urbain du nord du pays. En à peine dix jours, les talibans, qui avaient lancé leur offensive en mai, à la faveur du début du retrait final des troupes américaines et étrangères, ont donc pris le contrôle de la grande majorité du pays et sont arrivés aux portes de Kaboul, complètement encerclée.

Déroute totale pour l’armée

Une poignée de villes mineures sont encore sous le contrôle du gouvernement, mais, dispersées et coupées de la capitale, n’ont plus une grande valeur stratégique. La déroute est totale pour le gouvernement du président, Ashraf Ghani, et pour les forces de sécurité afghanes, pourtant financées pendant vingt ans par les Etats-Unis.

Face à l’avancée fulgurante des talibans, des dizaines de soldats afghans se sont réfugiés en, Ouzbékistan voisin, ont annoncé dimanche les autorités de Tachkent dans un communiqué. En juillet, un millier de soldats afghans avaient déjà traversé la frontière vers le Tadjikistan après des combats avec les talibans. Les troupes ouzbèkes à la frontière entre les deux pays ont arrêté 84 soldats afghans et des discussions ont été engagées avec les autorités afghanes pour organiser leur retour dans leur pays, a fait savoir le ministère des affaires étrangères ouzbek.

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Photo : Longue file d’attente devant une banque de Kaboul, dimanche 15 août. RAHMAT GUL / AP

Samedi, le chef de l’Etat avait dit faire de la « remobilisation [des] forces de sécurité et de défense » la « priorité numéro un ». Mais son message ne semble guère avoir été entendu. Ashraf Ghani se retrouve sans autre option que de devoir choisir entre capituler et démissionner, ou poursuivre le combat pour sauver Kaboul, au risque d’être responsable d’un bain de sang. Il avait toutefois ajouté samedi que des « consultations » étaient en cours pour trouver une « solution politique » garantissant la paix et la stabilité.

Ces déclarations n’ont pas empêché la panique de s’emparer de la capitale depuis samedi. Les magasins ont fermé, des embouteillages monstres sont apparus, des policiers ont été vus troquant leur uniforme pour des vêtements civils. Une énorme cohue était visible aux abords de la plupart des banques, les gens cherchant à retirer leur argent tant qu’il était encore temps. Les rues étaient aussi remplies de véhicules chargés à ras bord tentant de quitter la ville, ou de se réfugier dans un quartier que les gens estiment plus sûr.

Evacuation des diplomates étrangers

Photo : Un hélicoptère de l’armée américaine au-dessus de Kaboul, en Afghanistan, dimanche 15 août 2021. RAHMAT GUL / AP

Face à l’effondrement de l’armée afghane, le président américain, Joe Biden, a porté à 5 000 soldats le déploiement militaire à l’aéroport de Kaboul pour évacuer les diplomates américains et les civils afghans ayant coopéré avec les Etats-Unis et qui craignent pour leur vie. Le Pentagone évalue à 30 000 le nombre de personnes à évacuer.

Comme la veille, les hélicoptères américains continuaient dimanche leurs rotations incessantes entre l’aéroport et l’ambassade américaine, un gigantesque complexe situé dans la « zone verte », ultrafortifiée, au centre de la capitale. Le président des Etats-Unis a menacé les talibans d’une réponse « rapide et forte » en cas d’attaque qui mettrait en danger des ressortissants américains lors de l’opération d’évacuation.

Mais il a aussi défendu sa décision de mettre fin à vingt ans de guerre, la plus longue qu’ait connue l’Amérique, lancée dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001. « Une année ou cinq années de plus de présence militaire américaine n’aurait fait aucune différence, quand l’armée afghane ne peut ou ne veut pas défendre son propre pays », a-t-il affirmé. L’ambassade américaine a ordonné à son personnel de détruire les documents sensibles et symboles américains qui pourraient être utilisés par les talibans « à des fins de propagande ».

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Londres a parallèlement annoncé le redéploiement de 600 militaires pour aider les ressortissants britanniques à partir, et fait savoir dimanche que le parlement serait convoqué en urgence pour discuter de la situation en Afghanistan. Plusieurs pays occidentaux vont réduire au strict minimum leur présence, voire fermer provisoirement leur ambassade. C’est le cas par exemple du Canada ou encore de l’Allemagne. Le ministère des affaires étrangères allemand a ainsi annoncé dimanche avoir fermé l’ambassade allemande de Kaboul, invitant ses ressortissants à quitter le pays. Le personnel de l’ambassade néerlandaise, lui, a été évacué la nuit dernière et officie désormais depuis un endroit proche de l’aéroport, a détaillé dimanche le ministère des affaires étrangères des Pays-Bas.

Priorité à la sécurité des Français encore sur place, selon l’Elysée

Le ministère des affaires étrangères français a annoncé dimanche des renforts militaires seraient déployés aux Emirats arabes unis (EAU) pour faciliter l’évacuation de ses ressortissants, après avoir déplacé son ambassade à l’aéroport de Kaboul.

« Le ministère des armées va déployer dans les prochaines heures des renforts militaires et des moyens aériens aux Emirats arabes unis, pour que de premières évacuations vers Abou Dhabi puissent commencer », a précisé le quai d’Orsay dans un communiqué, ajoutant avoir aussi « décidé de relocaliser l’ambassade sur le site de l’aéroport de Kaboul (…) pour procéder notamment à l’évacuation de l’ensemble de nos compatriotes qui se trouveraient encore dans le pays ».

De son côté, la Russie ne prévoit pas d’évacuer son ambassade à Kaboul, a fait savoir dimanche un responsable du ministère des affaires étrangères russe à l’agence de presse Interfax. Moscou dit également œuvrer pour la tenue d’une réunion urgente du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies.

Les talibans, qui veillent à afficher une image plus modérée que lorsqu’ils dirigeaient le pays, entre 1996 et 2001, ont maintes fois promis que s’ils revenaient au pouvoir, ils respecteraient les droits humains, en particulier ceux des femmes, en accord avec les « valeurs islamiques ». Ils ont aussi promis qu’ils ne chercheraient à se venger de personne, y compris des militaires ou fonctionnaires ayant servi pour l’actuel gouvernement. Mais, dans les zones nouvellement conquises, ils ont déjà été accusés de nombreuses exactions : meurtres de civils, décapitations, enlèvements d’adolescentes pour les marier de force, notamment.

VIDEO ici : Le Retour des Taliban
Le Monde avec AP