Accueil > fundamentalism / shrinking secular space > Afghanistan : les talibans accusés de cibler les journalistes
Afghanistan : les talibans accusés de cibler les journalistes
2 videos
dimanche 22 août 2021, par
Photo : La journaliste Sakina Amiri a interrogé des talibans dans les rues de Kaboul, le 17 août. EyePress via AFP
Afghanistan : les talibans accusés de cibler les journalistes
Liberté de la presse
Par Magazine Marianne
Publié le 20/08/2021 à 12:49
Alors qu’ils étaient à la recherche d’un journaliste travaillant pour « Deutsche Welle » (DW), les talibans ont tué par balle un membre de sa famille et en ont blessé grièvement un autre, a confirmé ce vendredi 20 août la radio allemande publique sur son site internet. D’autres journalistes racontent des accrochages et certains seraient portés disparu.
Le discours à vocation rassurante des talibans n’aura pas fait illusion. Ce vendredi 20 août au matin, la radio publique allemande Deutsche Welle (DW) a révélé qu’un proche de l’un de ses journalistes avait été tué par balle et un second gravement blessé la veille par les mollahs.
L’identité du journaliste visé n’a pas été précisée mais c’était bien lui qui était recherché par les talibans. L’homme se trouve désormais en sécurité en Allemagne. D’autres membres de sa famille présents en Afghanistan ont réussi à prendre la fuite in extremis tandis que les talibans faisaient du porte-à-porte pour le capturer.
« L’assassinat d’un proche de l’un de nos journalistes par les talibans hier (jeudi) est incroyablement tragique et illustre le vif danger dans lequel tous nos employés et leurs familles en Afghanistan se trouvent », a déclaré Peter Limbourg, le directeur général de DW, dans un communiqué. Pour ce dernier, « il est évident que les talibans effectuent d’ores et déjà des opérations organisées à la recherche de journalistes, à la fois à Kaboul et dans les provinces. » « Le temps nous est compté », conclut-il.
Au moins trois journalistes de DW seraient pourchassés par les talibans. Peter Limbourg soutient par ailleurs que Nematullah Hemat, de la chaîne privée de télévision afghane Ghargasht TV, aurait été kidnappé. D’après des sources gouvernementales dont il a eu connaissance, il affirme aussi que le patron de la station de radio Paktia Ghag a été abattu.
Promesses non tenues
Ces traques viennent s’ajouter au témoignage de la journaliste Shabnam Dawran, qui travaillait pour la télévision publique afghane RTA. Jeudi 19 août, la jeune femme a expliqué que les talibans l’avaient empêchée de pénétrer dans les locaux du média, contrairement à ses collègues masculins. La journaliste a montré sa carte professionnelle, en vain. « On m’a dit que je ne pouvais plus continuer mon travail parce que le système avait été modifié. Ceux qui m’écoutent, si le monde m’entend : aidez-nous, car nos vies sont menacées », a-t-elle lancé.
La journaliste Clarissa Ward et son équipe de la chaîne américaine CNN ont également été victimes de cesintimidations. Alors qu’ils faisaient un reportage sur les Afghans qui peinent à rejoindre l’aéroport de Kaboul, ils ont été pris à partie par des militants talibans armés qui ont manqué de les agresser.
Après leur prise de pouvoir, les talibans avaient pourtant assuré qu’ils respecteraient la liberté de la presse. En 2020, Reporters sans frontières (RSF) avait déjà dénombré au moins six journalistes tués dans le pays, qui arrive 122e sur 180 pays dans le classement mondial sur la liberté de la presse. Mi-juillet, le journaliste Danish Siddiqui, reporter-photographe primé qui travaillait pour l’agence Reuters, a perdu la vie pendant qu’il couvrait les affrontements entre les talibans et l’armée afghane.
De même, les talibans ont intensifié leurs recherches de personnes ayant travaillé avec les forces américaines et de l’Otan, indique un document confidentiel des Nations unies cité par l’AFP, et ce malgré leur promesse de ne pas chercher à se venger de leurs opposants. D’après le rapport en question, les talibans ont dressé des listes prioritaires d’individus qu’ils comptent interpeller.