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Canada: Un colloque international sur le port du voile
Wednesday 5 October 2011, by
par Mélanie Colleu, Agence QMI, Canoe.ca, 19 novembre 2010
Source : sisyphe
Pour ou contre l’interdiction du voile intégral; et si la question ne se résumait pas à une simple position binaire? Daniel Salée, professeur à l’Université Concordia, a invité plusieurs intervenants à débattre, de jeudi à samedi, lors d’un colloque sur «la démocratie dévoilée».
«La perspective du pour ou contre est trop simpliste, a déclaré l’organisateur Daniel Salée. Il faut se demander si on se pose les bonnes questions et peut-être en amener d’autres», poursuit-il.
Le professeur relève notamment une contradiction dans le discours pluraliste des politiques qui «prônent Montréal, ville cosmopolite et multiculturelle, tout en posant des interdits». En faisant référence aux libertés fondamentales de chacun, il considère qu’exclure certaines personnes de la société en voulant l’interdiction du voile intégral risque d’amener des dérives.
Ce colloque intervient alors que la burqa se retrouve en plein débat de société au Québec. En effet, un projet de loi a été présenté à l’Assemblée Nationale en mars dernier.
Il prévoit l’interdiction du voile intégral pour les employés de la fonction publique et pour les personnes souhaitant bénéficier d’un service public.
Vendredi, lors de la conférence «interdire le voile : perspectives comparée», des professeurs d’universités belges et françaises sont venus partager, au vu de la situation dans leur pays, leur opinion par rapport au projet de loi québécois.
En France, une loi interdisant le port du voile intégral dans tous les lieux publics a été votée par les députés. Maître de conférences à l’Université Paris-nord, Nacira Guénif-Souilamas a porté beaucoup d’intérêt à l’amplitude du projet de loi 94.
«Son domaine d’application est limité par rapport à celui de la loi française. J’ai l’impression qu’il s’inspire davantage des accommodements raisonnables», a-t-elle expliqué.
D’après la Française, le problème majeur est qu’on ne tient pas compte de la volonté des gens concernés.
«Il faut parler aux personnes considérées, laisser les femmes s’exprimer sur leurs choix, a-t-elle avancé. On a toujours cette manière de parler à leur place».
De son côté, le Collectif citoyen pour l’égalité et la laïcité opte pour une loi d’interdiction générale de la burqa.
«Non seulement dans les institutions publiques, mais dans l’espace public, comme c’est le cas en France ou en Belgique», explique Djemila BenHabid, porte-parole de l’organisation.
Selon la jeune femme, le projet de loi 94 «ne cerne pas les véritables problèmes et laisse la place à un islamiste radical qui instrumentalise les femmes».
Rappelons qu’après le dépôt du projet de loi 94 en mars dernier, un sondage d’Angus Reid, commandé par «The Gazette», révélait que 95 % des Québécois et 86 % des Canadiens se sont dits favorables à l’interdiction du voile intégral.