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Europe : Au secours ! La commission de Bruxelles veut faire la police verbale
mercredi 8 décembre 2021, par
Au secours ! La commission de Bruxelles veut faire la police verbale
L’Europe du bien
Par Jack Dion
Publié le 01/12/2021 à 12:37
Helena Dalli, commissaire à l’égalité de l’Union européenne, a publié un « Manuel de la communication inclusive » qui est un modèle de bien-pensance à l’anglo-saxonne.
Dès lors que la Commission européenne se prend pour une avant-garde ayant pour mission d’évangéliser les peuples soumis à sa tutelle, il était inévitable qu’elle en vînt à édicter un guide du bien parler. La mission a été confiée à la commissaire à l’égalité Helena Dalli – qui s’est récemment illustrée en recevant l’association Femyso, ces jeunes Européens proches de la galaxie des Frères musulmans à l’origine de la récente campagne émancipatrice « la Liberté est dans le hijab ».
Cette fois, elle a demandé à ses services de préparer un « Manuel de la communication inclusive ». Celui-ci est destiné aux fonctionnaires de Bruxelles, à charge pour eux de montrer l’exemple aux Européens afin de marcher du même pas conceptuel vers cet univers de bienveillance que nous concoctent les grands prêtres de la commission.
La nouvelle bien-pensance des élites
Le résultat est tel qu’Helena Dalli a expliqué, un poil embarrassée, que le projet, révélé par le journal italien Il Giornale était inabouti, et qu’il allait être retravaillé. En attendant, il est toujours en ligne, rédigé en anglais, of course, vu que l’idiome de Boris Johnson, nonobstant le Brexit, est toujours la langue officielle d’une Union européenne tellement séduite par l’atlantisme qu’elle en adopte les clichés, les dogmes, les codes et les dérives inhérentes à cette nouvelle religion qu’on appelle le « wokisme » et qui n’est autre que la nouvelle bien-pensance des élites.
En voici quelques exemples, parmi les plus explosifs.
D’abord, il s’agit de ne plus être offensant, afin de ne blesser personne par des formules trop directes. On évitera donc de dire « Mesdames et Messieurs ». En effet, certains peuvent ne pas se reconnaître dans cette formulation restrictive ramenée à la fausse dualité homme-femme, qui n’est plus de saison.
On optera donc pour « chers collègues », ou « chers participants ». Ainsi pourront s’y retrouver, sans risque de discrimination, les hommes hétérosexuels (déconstruits ou pas), les femmes, les gays, les lesbiennes, les cisgenres, les cissexuelles, les trans, les binaires, les non binaires, les gender fluid, les pansexuels… (liste non limitative).
Des mots à bannir
Pour la même raison, on évitera comme la peste un mot comme « workman » (ouvrier), ou « policeman » car la charge machiste du « man » (homme) franchit la barre du supportable. Dès lors qu’il convient de ne pas présumer d’une identité de genre, les mots sont des grenades dégoupillées. Autant s’en protéger.
Plus question de dire : « Le feu est la plus grande invention de l’homme », formule imbibée de domination viriliste hétéro-patriarcale néocoloniale blanche, mais plutôt : « Le feu est la plus grande invention de l’humanité ». Pour l’éteindre (le feu), le guide n’interdit pas de faire appel aux pompiers, malgré la connotation masculiniste de la profession. C’est rassurant.
Il faut également se méfier des références pouvant laisser percer une connotation méprisante pour certaines religions. La chose est écrite noir sur blanc : « Évitez de considérer que tout le monde est chrétien. » En vertu de ce constat, on évitera toute référence à des fêtes ou des calendriers trop marqués.
On bannira donc la référence aux « vacances de Noël », à remplacer par « la période des vacances », expression moins traumatisante pour ceux qui ne croient pas au petit Jésus et à la crèche. Pour la même raison, on évitera les prénoms comme « Marie » et « Jean », dont l’origine peut être vécue douloureusement par nos frères croyant en d’autres Dieux.
Ne plus dire « coloniser Mars »
Dans cette dégoulinante de l’empathie générale, il ne faut pas oublier l’héritage colonial, ce passé qui ne passe pas et qui devrait nous conduire à demander pardon chaque matin avant le petit-déjeuner. Au nom de la lutte contre le « racisme structurel et culturel », on pèsera chaque mot au trébuchet du politiquement correct. Interdit de prétendre « coloniser Mars », formule rappelant les heures les plus noires des Empires. En lieu et place, on dira « envoyer des humains sur Mars », ce qui est moins compromettant.
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Toujours dans un souci d’inclusivité, le guide du parfait européen propose d’en finir avec « le mot citoyens pour désigner les gens en général ». S’il s’agissait de reconnaître qu’il n’y a pas de citoyen européen vu que l’Europe n’est pas une nation, ce serait recevable. Mais pour les sbires d’Helena Dalli, l’enjeu est ailleurs : « Attention aux apatrides et aux immigrés : tout le monde dans l’UE n’est pas un citoyen ». Il ne faut pas choquer ceux qui rêvent de quitter Calais (et l’Europe) pour les côtes anglaises. Eux aussi doivent pouvoir se retrouver dans la « diversité » chère aux commissaires en charge de faire la police verbale.
Nul ne sait ce qu’il restera de ce brûlot une fois qu’il aura été revu et corrigé. Qu’il soit amendé à la marge ou pas, il reste le reflet du vent de folie soufflant dans les sphères dirigeantes d’une Europe qui marche sur la tête. Dans ses formes les plus caricaturales, il peut prêter à sourire, mais ce n’est pas drôle, car il constitue d’abord et surtout une machine à fabriquer des europhobes à la pelle.