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France : Après la polémique à Sciences-Po Grenoble, des anciens élèves s’insurgent et appellent à la réforme
lundi 27 décembre 2021, par
Après la polémique à Sciences-Po Grenoble, des anciens élèves s’insurgent et appellent à la réforme
22h00 , le 25 décembre 2021, modifié à 18h19 , le 26 décembre 2021
ParRedaction JDD
Dans une tribune, des anciens élèves de Sciences-Po Grenoble dénoncent une « dérive dangereuse ». « Si l’organisation collective permet de telles dérives, c’est qu’elle doit être réformée », écrivent-ils.
Sciences-Po Grenoble est au cœur d’une polémique après la suspension d’un professeur. (AFP)
Depuis mi-décembre, l’Institut d’études politiques (IEP) de Grenoble est secoué par une polémique après la suspension d’un professeur, dénoncée par certains comme le fruit d’une dérive « wokiste ». Dans une tribune, des anciens élèves de l’établissement demandent une réforme. Voici leur texte : "Depuis quelques mois, l’Institut d’Etudes Politiques (IEP) de Grenoble fait l’objet d’une dérive dangereuse, il est devenu l’instrument d’un combat idéologique interne qui n’a rien à faire à l’université, alimenté par certains enseignants-chercheurs et étudiants.
Nous, étudiants et anciens étudiants de l’IEP, issus de tous horizons sociaux, politiques et professionnels ; tous républicains, nous condamnons avec la plus grande fermeté cette situation et ses conséquences sur l’école au sein de laquelle nous avons été diplômés.
Il ne peut être toléré que des enseignants y soient menacés et maintenant suspendus pour avoir eu la volonté de débattre de certains sujets
Sans chercher à alimenter la polémique qui a fragilisé le nom et l’image de l’IEP, nous souhaitons réaffirmer l’indispensable respect des principes républicains, universalistes, fruits de notre histoire, inscrits dans notre constitution et garants du vivre-ensemble. L’IEP doit rester un lieu où tous les potentiels se rencontrent. Il ne peut être toléré que des enseignants y soient menacés et maintenant suspendus pour avoir eu la volonté de débattre de certains sujets.
Il est inacceptable que des desseins idéologiques, repris et alimentés par des étudiants militants puissent avoir libre cours dans un établissement d’enseignement supérieur, financé par l’argent public.
Il est également inacceptable que ces desseins aient abouti à la mise en danger des individus, voués aux gémonies, en place publique et gravement menacés à cause de cette exposition subie. Comment tolérer cela, quelques mois après le drame de Conflans-Sainte-Honorine qui a coûté la vie à Samuel Paty ?
Si l’organisation collective permet de telles dérives, c’est qu’elle doit être réformée en profondeur.
Enfin, il est inacceptable que certains étudiants, élus dans les instances représentatives, utilisent leur mandat pour mener ouvertement leur combat idéologique quand ils sont censés parler au nom de tous leurs camarades.
Si l’organisation collective permet de telles dérives, c’est qu’elle doit être réformée en profondeur.
Liberté d’expression, nécessité de débattre, importance d’un équilibre entre les sensibilités, ces principes devraient impérativement être respectés et recherchés dans une institution telle que Sciences Po qui, par l’objet même de son enseignement, est au cœur de la question politique dans son sens large.
C’est à cette seule condition que demain, des jeunes gens de tous horizons, de toutes origines, pourront, comme nous avant eux, s’inscrire dans un parcours universitaire où ils trouveront leur place. S’y inscrire quelles que soient leurs opinions ; s’y inscrire pour pouvoir y débattre dans le respect et la tolérance ; s’y inscrire pour y être enrichis de leurs différences, au moment où ils forgent leur esprit et leur capacité d’agir.
C’est à la seule condition de rechercher énergiquement le respect de ces principes communs, que les étudiants pourront se retrouver dans un espace commun.
Aussi, nous demandons officiellement à la ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, ainsi qu’à la direction et aux instances de décision de l’établissement, de prendre toutes les mesures pour garantir cet indispensable équilibre.
Faute d’une action résolue, c’est l’avenir de l’école qui est en question, fragilisé par le risque de fuite de potentiels futurs élèves, devant ce spectacle indigne des valeurs d’excellence et d’exercice de la pensée critique que l’institution promeut.
Les 40 premiers signataires, par ordre alphabétique des prénoms
Adèle Capievic, dirigeante d’entreprise
Alexis Capaccio, cadre d’entreprise
Amaury Baradon, enseignant de français au Japon
Antoine Landrodie, salarié du privé
Barthélemy Piche, administrateur à la commission européenne
Céline Pina, journaliste-éditorialiste
Christophe Gaudin, maître de conférences
Claire Filiatre, avocate
Corentin Le Blohic de Boisneuf, indirect buyer
Cyril Pernet, inspecteur des finances publiques
Didier Varlet, conseiller financier
Emmanuel Ducros, journaliste
Eneko Hiriart, directeur de société
François Dib, cadre administratif
Gabriel Charbonnier, consul-adjoint
Homayoun Falakshahi, analyste financier
Igal Schnur, gestionnaire de risques
Jean Du Chaffaut, assistant parlementaire
Jérôme Baron, fonctionnaire territorial
Jules Emonard, analyste financier
Julien Combet, senior treasurer financing specialist
Julien Tahmissian, conseiller en communication
Louise-Marie Bès de Berc, conseillère politique
Lucas Moulin, contractuel de la fonction publique
Mathieu Vigier, cadre d’un organisme de sécurité sociale
Maxime Primat, directeur de cabinet dans une intercommunalité
Nicolas Bammez, entrepreneur
Nicolas Ferrière, directeur de cabinet dans une intercommunalité
Olivier Azpitarte, journaliste-réalisateur
Olivier Courade, cadre financier
Olivier Massin, professeur de philosophie
Pierre Pavy, retraité
Pierre Poullain, chef d’entreprise
Raphael Chabaud, responsable commercial
Raphaël Mechelany, designer
Rémi Falzon, cadre dans le privé
Romain Giglio, directeur de clientèle
Romain Millet, cadre administratif territorial
Sébastien Brilli, directeur commercial
Sylvestre Neveu, ingénieur d’affaires