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Le Canada n’a que partiellement adopté un modèle de légalisation de la prostitution, une activité intrinsèquement violente envers les femmes.

mardi 25 janvier 2022, par siawi3

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Source : https://tradfem.wordpress.com/2022/01/16/le-canada-na-que-partiellement-adopte-un-modele-de-legalisation-de-la-prostitution-une-activite-intrinsequement-violente-envers-les-femmes-lobjectif-devrait-etre-de-mettre-fin-a-la-prostitution/

Le Canada n’a que partiellement adopté un modèle de légalisation de la prostitution, une activité intrinsèquement violente envers les femmes.

L’objectif devrait être de mettre fin à la prostitution.

Traduction TRADFEM 16.01.22

par Trisha Baptie et Cherry Smiley,

le 12 février 2020.

Repris par Options Politiques

La prostitution peut-elle être rendue sûre ? La question est revenue dans notre conversation nationale après le meurtre d’une femme, Marylène Lévesque, à Québec en février 2020. La réponse courte est non. Celleux qui soutiennent la décriminalisation complète de la prostitution comme moyen de rendre l’industrie plus sûre ne reconnaissent pas la violence inhérente à la prostitution et ferment les yeux sur le contexte dans lequel la prostitution se produit. La seule façon de mettre fin à la violence de la prostitution est de mettre fin à la prostitution. L’un des moyens d’y parvenir est de renforcer la Loi canadienne sur la protection des communautés et des personnes exploitées (PCEPA).

En février 2029, Eustachio Gallese a assassiné Marylène Lévesque dans une chambre d’hôtel de la ville de Québec. Gallese était en semi-liberté alors qu’il purgeait une peine d’emprisonnement à vie pour le meurtre brutal de Chantal Deschênes, une femme avec laquelle il avait été marié, en 2004. L’agent de libération conditionnelle de Gallese lui avait permis d’engager des femmes pour satisfaire ses « pulsions sexuelles », même si la commission des libérations conditionnelles avait estimé que Gallese demeurait une menace pour les femmes.

Eustachio Gallese : un meurtrier conjugal

L’achat de services sexuels constitue une infraction criminelle au Canada, mais la vente de ces services ne l’est pas. Il est illégal pour une tierce partie, comme les salons de massage et les agences d’escorte, de tirer profit de la vente de services sexuels. Néanmoins, la violence des rapports sexuels non désirés demeure une constante, que la prostitution soit réglementée ou non. La notion de « travail du sexe » est la conceptualisation par défaut de la prostitution. Cela signifie que l’échange d’actes sexuels contre une rémunération est considéré comme un travail. Le « travail du sexe » signifie que des femmes sont obligées de se livrer régulièrement à des actes sexuels non désirés avec des hommes qu’elles ne désirent pas sexuellement dans le cadre de leur travail. C’est la violence fondamentale de la prostitution et elle ne peut être ni réduite ni éliminée.

Toutes les femmes ont le droit de vivre à l’abri de la violence masculine et de la menace de violence masculine. Cela inclut la liberté de dire oui ou non à des partenaires sexuels et à des actes sexuels sans culpabilité, peur ou conséquence. La prostitution ne donne pas aux femmes la liberté de choisir leurs partenaires et leurs actes sexuels – c’est ainsi que fonctionne le « paiement d’un service ». Lorsque le « travail du sexe » est toléré ou encouragé, il en va de même pour le message selon lequel il est tout à fait acceptable que les hommes exigent des femmes des actes sexuels particuliers.

Les partisans de la décriminalisation totale affirment souvent que la décriminalisation rendrait la prostitution « plus sûre » en donnant aux femmes plus de temps pour « filtrer » leurs « clients ». L’idée que les femmes sont capables de déterminer quel homme sera violent et à quel moment est un mythe qui ne sert qu’à blâmer les victimes. Lorsque nous acceptons le mensonge selon lequel une femme peut dire quel homme lui fera du mal, c’est à elle qu’il incombe de se protéger. Si elle est attaquée, c’est sa faute parce qu’elle n’a pas fait le bon choix. Mais la réalité est qu’aucune femme n’est capable de déterminer à l’avance si elle sera agressée par un homme, qu’aucune femme n’est jamais responsable des violences commises à son encontre, et que même les membres de la Commission des libérations conditionnelles qui ont eu tout le temps d’effectuer un tel « filtrage » n’ont pas pu déterminer que Gallese ne ferait pas de mal à une autre femme.

En 2014, le Canada a adopté une version partielle du modèle de loi sur la prostitution fondé sur l’égalité des femmes (ou modèle scandinave). Ce modèle a d’abord été mis en œuvre en Suède et est également utilisé dans d’autres pays. Il comporte trois composantes principales : 1) La criminalisation du proxénétisme et de l’achat de sexe, et la décriminalisation de la vente de sexe. 2) Elle fournit des services sociaux préventifs solides qui aident également les femmes à quitter la prostitution. 3) Il sensibilise le public au fait que la prostitution est une forme de violence masculine à l’égard des femmes qui a des répercussions sur la condition féminine.

Le Canada n’a ni réussi à adopter l’ensemble du modèle ni à mettre en œuvre de manière cohérente la loi telle qu’elle existe actuellement. Oui, le Canada a reconnu que la prostitution est un système intrinsèquement exploiteur – l’achat de services sexuels a été criminalisé et la vente de services sexuels décriminalisée. Mais le pays n’a pas encore adopté ou mis en œuvre des services sociaux et une éducation publique solides, les autres composantes du modèle d’égalité des femmes.

Il est malhonnête de suggérer que les lois canadiennes sur la prostitution sont à blâmer pour les décès de femmes prostituées, y compris celui de Marylène Lévesque. Ceux qui méritent le blâme sont les hommes qui assassinent les femmes. Les lois canadiennes sur la prostitution sont un début – elles diffusent le message que l’achat de services sexuels n’est pas un comportement acceptable. Cependant, la législation n’est qu’une partie de la solution à l’abandon mondial au « travail du sexe » de la plupart des femmes pauvres, indigènes et de couleur. Nous devons prendre position contre le droit que s’arrogent les hommes sur le corps des femmes, améliorer les conditions matérielles de la vie des femmes et nous éduquer sur les liens entre la prostitution et l’oppression des femmes. La prostitution, comme toutes les formes de violence masculine, nuit aux femmes et doit être abolie.

Cet article fait partie du dossier spécial Améliorer la réponse du Canada à la violence sexualisée.

Version originale : https://policyoptions.irpp.org/magazines/february-2020/quebec-city-murder-underscores-need-to-abolish-prostitution/

https://policyoptions.irpp.org/authors/trisha-baptie/