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Manifestations contre les mesures sanitaires au Canada : le maire d’Ottawa demande l’aide des autorités fédérales

Des convois qui s’organisent dans tout l’Hexagone. Une « convergence européenne » prévue à Bruxelles

mercredi 9 février 2022, par siawi3

Source : https://www.lemonde.fr/international/article/2022/02/08/manifestations-contre-les-mesures-sanitaires-au-canada-le-maire-d-ottawa-demande-l-aide-des-autorites-federales_6112731_3210.html


Manifestations contre les mesures sanitaires au Canada : le maire d’Ottawa demande l’aide des autorités fédérales

Sortant de son silence, le premier ministre, Justin Trudeau, a appelé les Canadiens à « écouter la science » alors que le « convoi de la liberté » des camionneurs canadien fait subir « un siège » à la capitale canadienne, selon son maire.

Le Monde avec AFP

Publié aujourd’hui 8.02.22 à 04h56, mis à jour à 09h07

Photo : Près de 500 camions campaient toujours dans la capitale canadienne, le 7 février 2022, pour protester contre les mesures sanitaires. PATRICK DOYLE / REUTERS

Débordé par des centaines de camions qui font le « siège » de la capitale canadienne, le maire d’Ottawa a appelé les autorités fédérales à l’aide pour mettre un terme à la démonstration de force des routiers contre les mesures sanitaires, objet d’un débat en urgence au Parlement, lundi 7 février au soir.
Lire nos explications : Comment le « convoi de la liberté » des camionneurs canadiens tente de s’exporter en France

« Il faut que ça cesse », a martelé le premier ministre, Justin Trudeau, de retour en personne à la Chambre des communes, après une semaine d’isolement pour cause de Covid-19. « Cette pandémie a été nulle pour tous les Canadiens ! », a-t-il lancé, visiblement irrité par les protestations. « Mais les Canadiens savent que la seule façon d’en sortir, c’est de continuer à écouter la science », a-t-il ajouté, avant d’essuyer les reproches des partis d’opposition sur son absence au cours des derniers jours. Pour les conservateurs, il est responsable d’une « division jamais vue dans le pays ».

Malgré une situation de plus en plus tendue, le premier ministre, logé actuellement dans un lieu tenu secret, n’était pas intervenu après les manifestations du week-end, laissant ses ministres monter au créneau. « Le gouvernement fédéral répondra présent », a-t-il promis dans la soirée, sans annoncer toutefois de nouvelles mesures, réclamées par les autorités de la ville d’Ottawa.

Interdiction de klaxonner

Son maire, Jim Watson, a ainsi demandé lundi des renforts à l’Etat fédéral pour mettre fin au « siège » auquel fait face Ottawa et plaidé pour l’envoi de 1 800 policiers supplémentaires. Arrivés en nombre le 29 janvier devant le Parlement et sous les fenêtres de M. Trudeau, près de 500 camions bloquaient toujours le centre-ville lundi.
Lire aussi : Au Canada, la démonstration de force des camionneurs antivax

« Nous devons mettre fin à cette manifestation, mais nous ne pouvons pas le faire seuls », a reconnu lundi le chef de la police, Peter Sloly, appelant lui aussi « à l’aide ». Certaines rues du centre-ville, encombrées de poids lourds, sont toujours bloquées à la circulation, les commerces fermés et des abris de fortune ont été installés par les manifestants qui passent jour et nuit à klaxonner, au grand dam des habitants, pris dans le bruit et les vapeurs de diesel.

Ces derniers ont toutefois gagné, lundi, une première bataille : la cour supérieure de l’Ontario a ordonné aux protestataires de cesser de klaxonner. Certains résidents avaient en effet lancé un recours collectif contre les organisateurs de la manifestation, réclamant quelque 10 millions de dollars canadiens (7 millions d’euros).

Les protestations, qui se sont étendues ce week-end à d’autres villes canadiennes (Toronto, Winnipeg, Québec…), rappellent sur la forme celles des « gilets jaunes », qui avaient paralysé le centre de nombreuses villes françaises tous les week-ends pendant plusieurs mois à partir de l’hiver 2018.

A court de carburant

« Nous ne pouvons pas permettre à une foule en colère » de dicter sa loi, a déclaré Marco Mendicino, ministre de la sécurité publique. « Cela pourrait créer un précédent sur la façon d’élaborer des politiques au Canada », a-t-il dit.

Insensibles aux déclarations politiques, les manifestants continuent de réclamer « la levée des obligations vaccinales, des restrictions, et le rétablissement des droits et des libertés des Canadiens », a déclaré lundi Tamara Lich, l’une des organisatrices du mouvement, lors d’un live sur YouTube. « Nous essayons, en ce moment, de tendre la main à tous les partis fédéraux afin que nous puissions commencer des pourparlers et voir comment nous pouvons avancer », a-t-elle ajouté.

Elle a par ailleurs dénoncé les tentatives d’étouffer le mouvement. La police d’Ottawa, critiquée pour n’avoir pas su prévenir la paralysie du centre de la capitale, empêche en effet depuis dimanche le ravitaillement des protestataires, en carburant notamment.

Même si la mobilisation des camionneurs n’est soutenue que par une minorité des Canadiens, 32 % d’après un récent sondage, cela représente tout de même une frange plus large de la population que les 10 % d’adultes canadiens non vaccinés.

Le Monde avec AFP

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Source : https://www.liberation.fr/international/amerique/au-canada-la-capitale-assiegee-par-le-mouvement-anti-mesures-sanitaires-20220208_LPVKZUV3QZBL5A3EGNRWX42NVY/

Protestation
Au Canada, la capitale « assiégée » par le mouvement anti-mesures sanitaires

Plus de dix jours après les premières manifestations de camionneurs furieux de se voir réclamer une preuve de vaccination, le mouvement, noyauté par l’extrême droite, a paralysé le centre d’Ottawa et a essemé dans d’autres villes du pays.

Photo : A Ottawa, le mouvement du « convoi de la liberté » paralyse la ville, le 5 février. (Dave Chan/AFP)

par Lucie Laumonier,
Correspondance à Montréal

publié le 8 février 2022 à 8h19

Une ville en état de « siège », selon le chef de la police municipale. Une situation « hors de contrôle », selon le maire. Les autorités locales d’Ottawa, capitale du Canada, peinent à contenir le nébuleux mouvement de protestation contre les mesures sanitaires prises par le gouvernement du Premier ministre, Justin Trudeau, dont les manifestants réclament la destitution. Les membres du « convoi de la liberté » occupent depuis une dizaine de jours les quartiers centraux de la ville de près d’un million d’habitants et ont fait des émules ailleurs, avec des manifestations ce week-end à Vancouver et à Québec, théâtres de quelques débordements.

Ouverture d’enquêtes criminelles

La situation est pourtant plus préoccupante à Ottawa, où les protestataires n’avaient toujours pas pu être délogés lundi. La ville est « en train de perdre la bataille », avait dénoncé dimanche le maire, Jim Watson, allié de Trudeau. L’état d’urgence a été décrété dimanche. Ce dispositif légal facilite notamment les arrestations par la police municipale. Lundi, l’édile a également réclamé au gouvernement la nomination d’un médiateur dans la dispute en cours.

De son côté, le gouvernement fédéral a déployé 250 agents de la Gendarmerie royale en soutien. La police provinciale de l’Ontario a aussi été envoyée en renfort. Dimanche soir, la police avait démantelé l’un des campements du convoi de la liberté, situé dans le centre-ville d’Ottawa, interdit le ravitaillement des manifestants et a annoncé avoir ouvert une soixantaine d’enquêtes criminelles en lien avec les manifestations. Au cours d’une conférence de presse lundi, le chef de la police d’Ottawa a déclaré qu’une vingtaine de personnes avaient été arrêtées et que 500 contraventions avaient été délivrées pendant le week-end.

« Détresse inadmissible »

D’après les services de police, un millier de camions bloquait, samedi soir, la circulation dans les rues adjacentes à la colline parlementaire, centre névralgique du gouvernement fédéral, tandis qu’environ 600 personnes s’étaient amassées à proximité. Musique, klaxons, feux d’artifice et fumigènes ont ponctué une soirée très arrosée où les manifestants s’étaient rassemblés pour danser. Les services de police ont dénoncé les désordres subis et la « détresse inadmissible » causée aux résidents de la capitale.

A lire aussi : Canada : ce qu’il faut savoir sur le « Freedom Convoy », le mouvement antivax qui paralyse Ottawa 31 janv. 2022

« Ottawa, d’habitude, c’est tranquille », confie Véronique Olivier, une trentenaire habitant la banlieue de la capitale. « Là, ils klaxonnent tout le temps, comme des fous. Ils mettent des camions à des intersections pour les bloquer, ils les déplacent pour en bloquer une autre, alors tu ne peux pas prévoir par où passer pour les éviter. » Des habitants d’Ottawa ont déposé une action collective – une forme de poursuite judiciaire permettant de réclamer des dommages et intérêts – de près de 10 millions de dollars canadiens contre les organisateurs du mouvement en raison des nuisances. Samedi, ils étaient plusieurs centaines à participer à une contre-manifestation exhortant les camionneurs à quitter la ville.

Attachement au complotisme

Le « convoi pour la liberté » est né en réaction à des mesures du gouvernement fédéral exigeant la vaccination des camionneurs qui traversent la frontière avec les Etats-Unis. Mais les revendications ont rapidement muté vers « une remise en question totale de l’ensemble des mesures sanitaires et des demandes très radicales de renverser le gouvernement canadien, explique Martin Geoffroy, professeur en sociologie au Cégep Edouard-Montpetit et directeur du Centre d’expertise et de formation sur les intégrismes religieux, les idéologies politiques et la radicalisation (Cefir). Et c’est là qu’on s’est aperçu que le mouvement de départ des camionneurs avait été noyauté par des groupes d’extrême droite canadiens et québécois. »

D’après le sociologue, le « convoi pour la liberté » a été initié par des membres du Maverick party, un parti politique ultra-conservateur basé en Alberta. Des groupes d’extrême droite québécois, comme la Meute, se sont greffés au mouvement. Les extrémistes ont été rejoints à Ottawa par des influenceurs new age et anti-vaccination avec lesquels des liens avaient été établis depuis l’instauration des premières restrictions sanitaires, poursuit Martin Geoffroy. « C’est un conspi-fest », le festival du conspirationnisme, dit-il, soulignant que les manifestants ont en commun un refus de la vaccination et un attachement aux théories du complot.

« C’est quand même un mouvement qui reste marginal par rapport à l’ensemble de la population canadienne », relativise pourtant le chercheur. Le mouvement anti-vaccination est en effet minoritaire au Canada, où près de 80% de la population adulte est doublement vaccinée contre le Covid-19. Même l’adhésion aux mesures sanitaires, établies par chaque province, demeure haute. Au Québec, un quart seulement de la population y est récalcitrante ou opposée, d’après l’Institut national de santé publique de la province francophone. « A Ottawa, ça semble aller vers la désescalade », observe Martin Geoffroy, mais « tant que la pandémie continue, ça va persister et il y a une petite frange qui va continuer à se radicaliser ».

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Source : https://www.slate.fr/story/223251/blog-sagalovitsch-gilets-rouges-canada-protestation-klaxon-democratie-trumpisme?utm_source=ownpage&utm_medium=newsletter&utm_campaign=daily_20220208&_ope=eyJndWlkIjoiZWU1YTU1MWQyNmQzMmYxMmE0MzMyZDY4NmJjYmFiMmUifQ%3D%3D

Au Canada, les gilets rouges sont entrés dans les villes

Laurent Sagalovitsch — 7 février 2022 à 10h17

[BLOG You Will Never Hate Alone] Le mouvement de protestation auquel on assiste ces jours-ci est comme un bouton de fièvre d’une maladie qui s’appellerait le trumpisme.

À Ottawa, les camionneurs font le plein de carburant avant de reprendre leur mouvement de protestation, le 5 février 2022. | Minas Panagiotakis / Getty Images North America / Getty Images via AFP

Je commençais à désespérer. Depuis mon installation au Canada, voilà quelques années, j’avais été sevré de ces grands mouvements sociaux et de leurs débordements en tous genres qui agitent si souvent la société française. Vert de rage, j’avais assisté de loin à l’avènement des « gilets jaunes », à l’éclosion des antivax, à toutes ces poussées de colère dont chaque fois j’avais espéré qu’elles se reproduisent dans ma nouvelle patrie.

En vain.

Les jours, les semaines, les années passaient sans que jamais la voix du peuple ne retentisse. J’avais l’impression de vivre au milieu d’une population hébétée, si honteusement disciplinée qu’elle semblait avoir perdu tout goût pour la révolte si jamais elle en eût un jour. En mon for intérieur, je rageais. J’étais en manque de mobilier urbain qu’on brûlait, de devantures de magasins qu’on défigurait, de toute cette allégresse de la foule révoltée qui sème sur son passage chaos et désolation.

Où est donc le peuple me disais-je ? J’en étais presque à songer à un retour vers ma terre natale quand soudain, venu des confins du pays, un bruit sourd ébranla la nation toute entière : les camionneurs, las d’appliquer des lois sanitaires d’une violence inouïe, décidèrent de prendre leur destin entre leurs mains. Des provinces les plus reculées, des rivages des deux océans, ils accoururent et foncèrent sur Ottawa, bien déterminés à se faire entendre.

Ah mes amis, ce que ce spectacle de camions traversant le pays d’ouest en est réchauffa mon cœur. Quelle noble allure ils avaient donc, ces camionneurs au volant de leurs trois tonnes, avec leurs vitres baissées d’où pendouillaient myriades de drapeaux rouges qui exaltaient la fierté d’appartenir à un pays bien décidé à dire non à la dictature sanitaire, à la confiscation des libertés publiques, à la mainmise de l’État sur nos vies individuelles !

Bariolés de slogans qui ne laissaient aucun doute sur leurs motivations (« F**K TRUDEAU »), parfois accompagnés d’innocents drapeaux SS qui disaient tout l’éclat de leur détermination, encouragés par des centaines de millions d’individus venus les encourager au bord des routes, nos camions et nos camionneurs, soutenus par toute la fine fleur du trumpisme, fonçaient sur Ottawa comme naguère les croisés sur Jérusalem la captive.

Arrivés sur place, ils prirent position avec l’aplomb de ceux qui savent la justesse de leur cause, la noblesse de leur combat. À coups de klaxons qui résonnaient comme le long sanglot de l’homme blanc dépossédé de tout, ils entreprirent de dire à la population que l’heure de la libération approchait. Bientôt des têtes tomberaient, le peuple reprendrait la mainmise sur son destin, et il en serait fini de cette société décadente où s’engraissent les élites mondialisées pendant que le bas peuple crève la dalle.

Voilà dix jours qu’ils sont sur place à emmerder leur monde. Comme ils n’osent rien casser ni encore moins brûler quoique ce soit (le Canadien sait se tenir), ils passent leurs journées à klaxonner et à klaxonner encore. Et quand ils ne klaxonnent plus, ils klaxonnent encore. À chacun ses armes. Ce week-end ils ont essaimé dans d’autres villes du Canada. Je les ai vus en bas chez moi. C’était un peu monotone. Des voitures passaient et repassaient en klaxonnant. À un feu rouge, un contre-manifestant se tenait là avec une pancarte qui disait : « Que celui qui a une petite bite klaxonne ». Le soir tombé, les petites bites sont retournées chez elles. Moi aussi du coup.

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500 signatures : la démocratie n’a pas à avoir peur des monstres qu’elle a engendrés

On ignore leurs motivations exactes. Probablement eux-mêmes ne le savent pas non plus. L’abandon du passeport vaccinal, le départ du gouvernement, l’indépendance des provinces de l’Ouest, le droit au port d’armes, le rétablissement de la liberté, enfin de leur liberté, le rêve d’une nouvelle Amérique où le petit blanc retrouverait son prestige d’antan.

À eux seuls, ils incarnent les défis de la démocratie quand elle se retrouve confrontée à des embryons de minorité dont la frustration, la peur et la défiance demeurent le seul moteur. Que faut-il opposer à ces braves gens dont l’horizon intellectuel se limite à écouter les incessantes et rassises diatribes répandues par Fox News et consorts et à s’imaginer des complots qui n’existent que dans leur imaginaire apeuré ?

Que peut faire, que doit faire la démocratie face à l’ivresse de l’incivisme, à cet échappement de la raison, à cette glorification de l’individu qui voit dans l’autorité étatique le frein à ses désirs de vivre selon ses propres lois et non point celles de la République ? La démocratie a la force avec elle. La force de la loi. La force du suffrage universel. La force de la représentation nationale derrière laquelle se range la très grande majorité des citoyens et qui lui permet in fine d’exercer sa force répressive.

Jusqu’à maintenant, elle s’est bien gardée de s’en servir.

Sans qu’on sache vraiment si à force d’exhiber cette apparente faiblesse, elle ne risque pas d’être dépassée par des phénomènes qui, nés de rien, peuvent entraîner derrière eux tout un conglomérat de causes disparates dont le seul ennemi serait précisément l’expression du fait démocratique.

L’Amérique de Trump est loin d’être morte.

Ce qui se passe au Canada ces jours-ci en est la preuve éclatante.

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Source : https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/covid-19-ce-que-l-on-sait-du-convoi-de-la-liberte-contre-les-mesures-sanitaires-qui-s-organise-en-france_4949448.html

Covid-19 : ce que l’on sait du « convoi de la liberté » contre les mesures sanitaires qui s’organise en France

par Raphaël Godet - Brice Le Borgne
France Télévisions

Publié le 08/02/2022 18:12 Mis à jour le 08/02/2022 18:48

Photo : Un poids-lourd stationné dans le centre d’Ottawa, au Canada, le 7 février 2022. (AMRU SALAHUDDIEN / ANADOLU AGENCY / AFP)

Après Ottawa au Canada, Paris ? Des opposants aux mesures sanitaires venus de tout l’Hexagone se donnent rendez-vous dans la capitale, samedi. Les premiers convois doivent partir mercredi matin.

Une idée venue du Canada. Des opposants aux restrictions sanitaires veulent organiser sur les routes de France un « convoi de la liberté » inspiré de la mobilisation récemment observée en Amérique du Nord. La capitale canadienne, Ottawa, est en effet saturée depuis plusieurs jours de poids-lourds bloquant des rues et faisant hurler leurs klaxons. Dans l’Hexagone, les protestataires se donnent rendez-vous à Paris, samedi 12 février. Voici ce que l’on sait de ce mouvement émergent mais déjà très actif sur les réseaux sociaux.

Un mouvement parti des réseaux sociaux

La mobilisation, inspirée du mouvement canadien « Freedom Convoy 2022 » (« Convoi de la liberté 2022 »), rappelle les prémices du mouvement des « gilets jaunes » en France à la fin 2018. Elle prend, elle aussi, ses racines sur les réseaux sociaux. Des citoyens de tous horizons sont appelés à « rouler sur Paris », samedi 12 février, notamment pour protester contre le pass vaccinal.

Contrairement au mouvement en cours à Ottawa (Canada) ou même à Wellington (Nouvelle-Zélande), où des centaines de camions encerclent actuellement des bâtiments officiels, la version française vise la capitale, mais sans lieu précis pour le moment.

De nombreuses pages ou groupes Facebook dédiés à l’organisation de ce convoi sont apparues depuis la fin du mois de janvier. La plus importante, intitulée « Le convoi de la liberté », regroupait plus de 270 000 membres, mardi midi. D’autres pages « dissidentes », parfois régionalisées existent aussi. Chaque trajet organisé depuis Brest, Perpignan, Lille ou Strasbourg et convergeant vers Paris, dispose à présent de sa propre page Facebook. Des groupes de discussion se sont aussi mis en place sur l’application de messagerie sécurisée Telegram. Celui intitulé « Convoy France Officiel » dépassait les 24 000 abonnés, mardi midi.

Capture d’écran du groupe intitulé « Le convoi de la liberté ». (FACEBOOK)

Tout comme les « gilets jaunes », pour diffuser leur appel au rassemblement, les participants multiplient également les prises de parole en direct sur Facebook, YouTube, Twitch... Le 4 février, deux porte-parole du mouvement « Convoy France » étaient invitées sur « Putsch Media », chaîne YouTube dont l’animateur est également chroniqueur sur RT France. L’une d’elles exposait pêle-mêle des revendications : « Récupérer les droits fondamentaux, le respect du référendum, l’accès inconditionnel aux soins, à l’éducation, à la culture et le respect des valeurs essentielles de notre constitution. »


Les routiers « minoritaires »

Faut-il aussi s’attendre à d’interminables files de camions comme au Canada ? A priori, non : contrairement à la mobilisation outre-Atlantique, les poids-lourds devraient jouer un rôle moins important dans l’Hexagone. C’est ce qu’a reconnu Florian, un routier des Rhône-Alpes, interrogé sur le média « gilet jaune » Vécu. Considéré comme l’un des porte-paroles de « Convoy France », ce dernier reconnaît que « les routiers seront minoritaires sur le convoi », que « ce n’est pas un mouvement de camions ».

Les principaux syndicats du secteur du transport routier assurent en outre n’être aucunement associés à ce mouvement. « On nous inclut dans un mouvement qui ne nous concerne donc pas. Ils se servent de l’imaginaire de la puissance d’un convoi pour bloquer je-ne-sais-qui ou je-ne-sais-quoi », explique à Libération Christophe Denizot, secrétaire général de la Fédération SUD-Solidaires des transports routiers.

C’est aussi que les restrictions sanitaires qui s’appliquent aux transports routiers ne sont pas les mêmes en France qu’en Amérique du Nord. En France, les chauffeurs ont le droit de voyager entre les pays et ils sont autorisés à se restaurer dans les relais routiers sans pass vaccinal. Le Canada, lui, impose l’obligation vaccinale depuis la mi-janvier aux routiers étrangers en provenance des Etats-Unis. Et les routiers canadiens doivent aussi être vaccinés pour aller aux Etats-Unis.

Des leaders venus d’horizons variés

Des figures de meneurs se détachent déjà. Rémi Monde publie des vidéos en direct rythmant depuis quelques semaines plusieurs pages Facebook. Mobilisé activement contre le pass sanitaire depuis l’été 2021, il partage sur ses réseaux des visuels mettant en avant Didier Raoult, Louis Fouché ou le documentaire controversé Hold-Up.

Par le passé, sur d’autres profils lui appartenant, Rémi Monde était investi dans des causes proches de Nuit debout en 2016, des « gilets jaunes », et était mobilisé sur les sujets de défense de l’environnement. D’après nos informations, Rémi Monde est le pseudonyme de Rémi B., auparavant entrepreneur dans le sud de la France, spécialisé dans la vente de produits visant à reboiser des forêts victimes d’incendies, ou de formations pour réduire la pollution au sein des entreprises de sa région.

D’autres figures ont émergé. Maria C. se présente comme porte-parole du mouvement Convoy France. Infirmière dans les Hautes-Alpes, elle s’était illustrée sur le plateau de l’antenne locale BFM DICI, en énonçant des contre-vérités sur le Covid-19. Elle intervient souvent avec Marisa, autre porte-parole du mouvement, proche du collectif « Reinfo Covid ». Par ailleurs, en observant la liste des administrateurs des groupes Facebook, les liens avec les pages « gilets jaunes » sont flagrants.

Dans de rares cas, les internautes à l’origine de certaines pages Facebook sont aussi proches de l’extrême droite. Par exemple, un second groupe « Convoi pour la liberté », rassemblant lui plus de 2 200 internautes, est administré par une personne faisant sur son compte personnel la promotion d’Eric Zemmour.

Des convois qui s’organisent dans tout l’Hexagone

Du Nord au Sud, de l’Ouest à l’Est, la liste des villes concernées par ce mouvement s’allonge d’heure en heure. Les premiers convois prennent la route vers Paris dès mercredi matin. Mieux vaut prévoir du temps, en effet, car le principe est le même à chaque fois : « Emprunter le réseau secondaire et rouler entre 50 et 80 km/h. »

Sur les réseaux sociaux, les internautes s’échangent de nombreuses cartes des trajets. Tous les points de départ, avec date, heure et adresse exacte, sont recensés sur le site convois.fr, dont il ne nous a pour l’instant pas été possible de définir l’origine. Il ne contient ni mentions légales, ni signature ou contact. L’arrivée est prévue dès le vendredi soir à 20 heures pour « une soirée de partage et de convivialité avec la solidarité citoyenne ».

Par ailleurs, « ceux qui le souhaitent » peuvent ensuite rejoindre la Belgique, dimanche, pour une « convergence européenne » prévue à Bruxelles le lendemain, lundi.

Les autorités attentives au mouvement

A Ottawa, la situation était tellement « hors de contrôle » que Jim Watson, le maire, a fini par déclarer l’état d’urgence dans sa ville. En France, la mobilisation qui se prépare est surveillée de près. « Aujourd’hui, nous n’avons pas de renseignements qui nous démontrent que cela s’organise dans des proportions qui seraient importantes », a affirmé le ministre de l’Intérieur, mardi matin. Toutefois, « les moyens sont importants » pour prévenir de tels blocages, a ajouté Gérald Darmanin sur BFMTV.

A franceinfo, la police assure mardi que « la préfecture de police sera destinataire des informations sur les mouvements qui remonteront des services de renseignements territoriaux pour avoir une estimation du phénomène ». Et confirme qu’il est « un peu tôt pour savoir si cela sera suivi ». « Ce mouvement n’étant porté par aucune organisation syndicale, il est possible qu’il soit peu suivi », poursuit la même source. Le cas échéant, « un dispositif de détection de blocages des accès à l’Ile-de-France et à la capitale et un dispositif de verbalisations seront bien sûr mis en place ».

Lundi matin, un premier convoi d’une trentaine de manifestants qui tentait de rejoindre la capitale à bord de leurs véhicules a été intercepté entre l’Essonne et la Seine-et-Marne « dans le calme », par les forces de l’ordre, a appris l’AFP.