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A gauche (France) - LFI et les violences sexistes : peut (beaucoup) mieux faire !
L’affaire Baupin : un cas d’école concernant les violences sexistes
lundi 11 juillet 2022, par
A gauche (France) - LFI et les violences sexistes : peut (beaucoup) mieux faire !
Mercredi 6 juillet 2022 à 19h00
par NPA
Mais qui est encore surprisE que les hommes, en particulier en position de pouvoir, dans les organisations de gauche, aient des comportements sexistes parfois très graves ? On peut citer les cas de Benjamin Amar à la CGT et au PCF, de Taha Bouhafs à la LFI, de Denis Baupin à EÉLV, etc. Au NPA aussi, nous avons été confrontés à des cas graves de violences sexistes et sexuelles. Nous ne nous pensons pas irréprochables sur notre gestion de ceux-ci, mais nous avons essayé d’apprendre et continuons nos efforts dans cet engagement.
Dans « l’affaire Éric Coquerel », ce qui nous amène à réagir ici ne sont pas les faits rapportés (qui ne sont pas l’objet de cet article), mais la façon dont LFI, et en particulier des militantEs actuellement très en vue, réagissent aux accusations dont fait l’objet l’un de leurs députés.
Même à gauche, il est difficile de parler
D’abord il est toujours bon de rappeler certaines choses qui devraient être des évidences. Les fausses accusations sont extrêmement rares (on estime ces cas à environ 2/1000). Tout simplement parce qu’il est très difficile de dénoncer de tels agissements : remise en doute de la parole des femmes, minimisation des faits, culpabilisation des victimes… Et quand c’est dans notre propre camp politique, les femmes peuvent être accusées de fragiliser leur organisation, voire d’utiliser des fausses dénonciations à des fins politiques. À l’échelle de la société, cela se transcrit par le faible nombre de plaintes qui sont déposées par les victimes, et par l’omerta qui règne encore globalement malgré le mouvement #metoo. Même dans les cas les plus graves comme les viols, on estime que moins de 1 % des violeurs sont réellement condamnés. Dans de telles conditions, il faut être vraiment motivée pour dénoncer les violences dont on a été victime.
Photo. Photothèque Rouge / Martin Noda / Hans Lucas
Dans ce contexte, faire valoir la présomption d’innocence de l’accusé, cela signifie mécaniquement dire à la victime que ses accusations sont a priori fausses. Or, ce que demandent les femmes victimes de violences c’est justement qu’on les croit a priori. Et c’est ce que ne font pas LFI, Jean-Luc Mélenchon, Leïla Chaïbi, etc. Pourtant, quand bien même l’accusé serait finalement innocent, il aura été au pire suspendu quelques semaines le temps d’une enquête interne à l’organisation puis réhabilité par une communication. Convenons que ceci est bien moins grave que de faire subir à une victime la présence de son agresseur.
Une bataille de chaque instant
La prise en charge des violences sexistes et sexuelles a beaucoup progressé depuis le mouvement #metoo. Dans les organisations de gauche, un réel travail est fait pour améliorer la prise en charge des victimes. L’affaire en cours, de la même manière que celle de Denis Baupin, met en lumière les difficultés auxquelles nous sommes confrontéEs pour avancer, mais on voit aussi, dans les différences entre les deux affaires, les évolutions positives dans la prise en compte de la parole des militantes.
La question du pouvoir reste un obstacle majeur : plus la position occupée par l’agresseur est « élevée », plus il est difficile de faire émerger la parole des femmes et de prendre en charge les faits. Or cette question du pouvoir est incontournable dans les organisations quelles qu’elles soient. La position exprimée entre autres par Caroline De Haas, qui par ailleurs ne cache pas son soutien à la Nupes, résume bien ce qu’aurait pu être un traitement correct par LFI : assumer la prise en charge, encourager la parole des victimes, agir et sanctionner si nécessaire en proportion des actes, communiquer sur les actions prises.
En finir avec les violences sexistes et sexuelles et avec le sexisme ordinaire au sein de nos organisations ne peut se faire de manière décorrélée du reste de la société. Cette bataille est une bataille de chaque instant, de chaque lieu : à la maison, au travail, dans la rue, dans nos syndicats, nos partis. Elle est nécessaire et subversive car elle remet en cause des fonctionnements profondément ancrés. Mais elle œuvre à l’émancipation de touTEs et à l’épanouissement de chacunE.
Solidarité avec les femmes qui dénoncent les violences, victimes on vous croit ! Organisons-nous à tous les niveaux pour en finir avec cette société capitaliste et patriarcale.
NPA
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#Metoo (France) - L’affaire Baupin : un cas d’école concernant les violences sexistes
Publié le Mardi 12 février 2019 à 10h40
par NPA (commission intervention féministe)
« L’affaire Baupin » est exemplaire à de nombreux égards. Tout d’abord, elle met en lumière toutes les caractéristiques des affaires de violences constamment dénoncées par les féministes. Ensuite elle soulève des questions sur les évolutions législatives et sociales.
Cette affaire est malheureusement très classique pour qui s’intéresse à la question des violences. Mais pour une fois, tout apparaît en pleine lumière.
Enfin sur le devant de la scène médiatique !
On trouve la difficulté à rompre l’omerta : tout le monde savait mais personne n’a rien dit, les victimes sont isolées et sans soutien, alors que le comportement de Baupin est largement connu. Celles qui parlent sont renvoyées à leur faiblesse de n’avoir pas su faire face, au fait qu’elles n’auraient pas compris la « drague », que ce n’est « pas si grave ».
On veut faire porter aux victimes la responsabilité des conséquences sociales sur l’agresseur sans évoquer un seul instant les conséquences des agressions sur les femmes. Par exemple, D. Voynet ose dire : « Peut-être qu’il a commis ces gestes, mais est-ce que ça valait ce déchaînement et cette mort sociale ? »
On retrouve la solidarité de groupe pour défendre la structure, que ce soit un parti ou une entreprise : celle qui accuse la met en danger via-à-vis de l’extérieur, en salit l’image.
Il y a aussi la peur de perdre son emploi, réelle pour les attachées parlementaires comme pour n’importe quelle salariée, et la peur d’être attaquée politiquement pour les militantes.
L’impunité des agresseurs apparaît inattaquable puisque, bien que tout le monde soit au courant, leurs positions ne sont pas remises en cause. Et même dans les cas où les femmes ont dénoncé les violences, ce sont généralement les victimes qui changent de poste, perdent leur emploi, quittent leur organisation politique, les responsables restant à leur place, souvent blanchis par l’institution judiciaire.
Photo. Photothèque Rouge /JMB
Il y a la honte des victimes parce que l’agression remet en cause l’intégrité morale et/ou physique. Cet aspect est renforcé dans les organisations qui se revendiquent du féminisme, où les femmes sont supposées être aussi « fortes » que les hommes à tous points de vue, ce qui est vécu comme contradictoire avec le fait d’être victimes de violences sexistes. À la honte de ne pas avoir su repousser l’agression s’ajoute celle de ne pas oser parler.
Pour couronner le tout, Baupin n’hésite pas à attaquer pour diffamation les femmes qui l’ont dénoncé et les journalistes qui ont mené l’enquête. Cette contre-attaque est également un classique de la défense des agresseurs.
Des évolutions urgentes
Cette affaire pose la question du délai de prescription. On sait que les victimes ont besoin de temps, parfois de nombreuses années pour arriver à dénoncer les violences. Les délais ont récemment été doublés mais cela reste insuffisant dans certains cas. Quoiqu’il en soit, l’ardoise des violences faites aux femmes ne peut être effacée simplement par le temps d’autant plus que le sentiment d’impunité s’en trouve largement renforcé.
Elle pose la question de la libération de la parole. Dans la foulée de l’affaire Weinstein, le mouvement #Metoo a contribué à donner une légitimité aux accusations portées par les femmes et à la dénonciation des violences sexistes de manière générale. Espérons que l’affaire Baupin contribue dans le même sens, malgré le classement pour prescription. De ce point de vue le jugement qui doit être rendu en avril sera très important.
Dans la vague de cette libération de la parole, la construction d’un rapport de forces qui permettra réellement d’en finir avec les violences sexiste est à l’ordre du jour.
Commission nationale d’intervention féministe