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France : Affaire Tariq Ramadan : le parquet demande son renvoi aux assises pour quatre viols
mercredi 13 juillet 2022, par
Affaire Tariq Ramadan : le parquet demande son renvoi aux assises pour quatre viols
Photo : Une manifestation de soutien à Tariq Ramadan, le 24 mars 2018 à Paris. Michel Euler/AP/SIPA
Justice
Par Magazine Marianne
Publié le 12/07/2022 à 14:23
L’islamologue proche des Frères musulmans doit être jugé pour des faits de viols commis sur quatre femmes. Il clame son innocence, s’estimant victime de la vengeance de ses anciennes conquêtes.
Le parquet de Paris a requis mardi un procès aux assises pour l’islamologue suisse Tariq Ramadan, soupçonné de viols commis entre 2009 et 2016 sur quatre femmes, a appris l’AFP de source proche du dossier. Dans ce dossier emblématique de l’ère #MeToo, Tariq Ramadan, 59 ans, a d’abord nié avoir eu des relations sexuelles extraconjugales avant de reconnaître des « relations de domination », rudes mais « consenties ».
L’affaire, qui a provoqué la chute de cette figure charismatique et contestée de l’islam européen, avait été déclenchée fin octobre 2017 par les plaintes d’Henda Ayari, une ex-salafiste devenue militante laïque, et « Christelle », qui dénonçaient respectivement un viol en 2012 à Paris et en 2009 à Lyon. Entre février 2018 et octobre 2020, Tariq Ramadan avait été successivement mis en examen pour viols sur ces deux premières plaignantes et trois autres victimes potentielles.
Un « viol moral »
Il avait été incarcéré dix mois. Deux des victimes avaient été identifiées par la police sur des photos et des messages retrouvés dans son ordinateur, tandis que la troisième, l’ex-escort girl Mounia Rabbouj, l’avait accusé de neuf viols sur la période 2013-2014. « Malgré les dénégations répétées du mis en examen, l’information judiciaire a permis de réunir de nombreux éléments à charge contre Tariq Ramadan », souligne le parquet dans ses réquisitions.
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Il demande donc un procès aux assises pour des viols sur Henda Ayari, « Christelle », Mounia Rabbouj et l’une des deux femmes identifiées sur photos. Celle-ci avait évoqué lors d’une audition en 2019 une relation physique « consentie » mais un « viol moral ». Elle avait toutefois écrit fin juin 2021 au parquet de Paris pour retirer sa plainte.
Pas de complot pour le parquet
Le parquet a confirmé à l’AFP « avoir requis par réquisitoire définitif daté de ce jour, la mise en accusation de l’intéressé devant la cour d’assises du chef de viol à l’égard de trois plaignantes et du chef de viol sur personne vulnérable à l’égard d’une plaignante », « Christelle ». « L’information judiciaire n’a pas permis d’établir la réalité d’un complot tel que dénoncé par Tariq Ramadan mais plutôt une prise de conscience commune ayant permis à certaines d’avoir le courage de dénoncer les faits dont elles ont été victimes », note le parquet dans ses réquisitions.
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C’est « une évidente satisfaction, une grande et essentielle avancée et surtout un soulagement d’être crues par la justice », a réagi Me Eric Morain, avocat de « Christelle » et de Mounia Rabbouj, sollicité par l’AFP. « C’est un coup de poker maladroit du parquet. Mais personne n’est dupe. Jamais le dossier n’a été aussi fragile », ont réagi Mes Philippe Ohayon, Ouadie Elhamamouchi et Nabila Asmane, trois des avocats de l’islamologue.
La décision finale d’un procès revient aux deux juges d’instruction chargées de cette affaire.
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Tariq Ramadan a versé 27 000 euros pour obtenir le silence d’une femme
Mediapart et Le Vif révèlent que Tariq Ramadan a payé l’une de ses anciennes conquêtes qui l’accusait publiquement d’une « relation » qu’elle qualifiait de « destructrice ».
Photo : Selon un jugement de la justice belge datant de 2015, l’islamologue Tariq Ramadan a payé une femme qui l’accusait. AFP
Par Z.L.
Le 4 avril 2018 à 19h34
Ces nouvelles révélations pourraient accabler un peu plus Tariq Ramadan, déjà mis en examen pour viols. D’après les informations de Mediapart et de l’hebdomadaire belge Le Vif, l’islamologue suisse aurait passé un accord financier en 2015 avec Majda Bernoussi, une Belge qui disait dans des publications diffusées en ligne s’être « sentie violée mentalement », par un « manipulateur destructeur ». En tout, dans un accord encadré par la justice belge, Tariq Ramadan lui a versé 27 000 euros en échange de son silence.
Selon Mediapart, Majda Bernoussi a entretenu une relation avec Ramadan pendant cinq ans. En 2014, elle a assuré dans des publications Facebook et des vidéos, avoir vécu une relation « chaotique » avec Ramadan qui l’aurait « mordue » une fois. Majda Bernoussi expliquait également avoir fait l’objet d’un « chantage » avec des photos ou des vidéos « compromettantes ». La Bruxelloise menaçait par ailleurs de raconter son histoire avec l’islamologue dans un livre.
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Début 2015, Tariq Ramadan a introduit une action en référé contre les publications sur internet de Bernoussi auprès du président du tribunal de première instance de Bruxelles. Le jugement public est prononcé le 6 mai 2015. « Cet accord prévoit que Majda Bernoussi retire ses publications sur le web et cesse d’en publier de nouvelles, moyennant une somme d’argent donnée par Tariq Ramadan », explique à Mediapart le président du tribunal, Luc Hennart. Majda Bernoussi ne devait « plus mentionner publiquement, directement ou indirectement » l’islamologue, ses proches et ses collaborateurs. Et devait supprimer les publications le mentionnant. En échange, elle recevait une somme totale de 27 000 euros, affirme Mediapart, qui pu consulter cet accord, qui prévoit « une stricte confidentialité ».
Début février dernier, Tariq Ramadan a été mis en examen pour viols et placé en détention provisoire. Il est visé par trois plaintes pour « viol » en France, et une plainte pour agression sexuelle aux États-Unis. Trois femmes ont par ailleurs témoigné sous X auprès des enquêteurs, à Paris et en Suisse.