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Iran : bientôt un crime de posséder un animal de compagnie ?
vendredi 29 juillet 2022, par
Iran : bientôt un crime de posséder un animal de compagnie ?
Par Amandine Dargenton
Publié le 28 juillet 22, il y a 9 heures, Mis à jour il y a 5 heures
Le gouvernement de Téhéran juge trop « occidental » la possession d’animaux de compagnie et les Iraniens, inquiets, expriment leur détresse sur les réseaux sociaux.
#pasdecruautéenverslesanimaux, #nonauxmeurtresdechien... Sur les réseaux sociaux, les hashtags appelant à la protection des animaux en Iran se multiplient. Depuis une décennie, le régime islamique de Téhéran tente d’introduire de nouvelles législations afin d’interdire la possession d’animaux de compagnie. Prochainement, le Parlement prévoit d’approuver une proposition de loi qui restreindrait considérablement les droits du public et des propriétaires. Une ambition portée par le désir de « désoccidentaliser » le pays.
Le projet de loi repose sur deux axes majeurs : la possession d’un permis délivré par un comité spécial pour pouvoir accueillir un animal de compagnie et la distribution d’amendes, d’au moins 790 euros, pour « l’importation, l’achat et la vente, le transport et la garde » de certains animaux (parmi eux les chats, les tortues ou encore les lapins).
De sévères interdictions déjà en place
Ce n’est pas la première fois que les autorités s’en prennent à la possession d’animaux. Elles ont déjà interdit aux citoyens de promener leur chien dans des parcs, considérant désormais ce geste comme un crime, arguant de questions « de sécurité publique », pointant du doigt le danger que représentent les canidés. Aux yeux des responsables extrémistes et de certains membres du Parlement, se balader, son chien en laisse à ses côtés, n’est pas un geste « islamique », décode Elsayed Mohammed, directeur régional au Moyen-Orient et en Afrique du Nord de l’IFAW, une ONG de protection animale.
Un raccourci qu’il estime erroné et sans précédent : « Il n’est jamais arrivé dans l’histoire de l’Islam que la possession de chiens soit interdite ». À travers les siècles, ils ont toujours été présents, utilisés pour la garde et la chasse au Moyen-Orient, raconte-t-il. La décision est donc bien plus « politique que culturelle ou religieuse ».
Iran : l’opposition en exil salue le « boycottage » de la présidentielle : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/iran-l-opposition-en-exil-salue-le-boycottage-de-la-presidentielle-20210619
Ces dernières années, le gouvernement iranien est allé encore plus loin dans son action « anti-chien ». Plusieurs médias, tels que la BBC ou encore l’Independent Persian, ont dénoncé l’exécution de centaines d’animaux à travers le pays. L’une des plus marquantes est celle survenue lundi 25 juillet, dans un refuge à Damavand (Nord). BBC persian a rapporté sur Twitter que près de 1600 chiens sans propriétaire ont été tués par des fonctionnaires municipaux. Le chef du département de l’environnement a démenti, déclarant que seulement « 50 chiens malades appartenant au centre d’enfouissement des déchets » ont été abattus. Des images de cadavres des animaux ont fuité sur les réseaux sociaux et, en signe de protestation, des défenseurs de la cause animale se sont réunis devant la maison du gouverneur du comté de Damavand.
Un bon outil pour « pénaliser » les Iraniens
Des Iraniens s’inquiètent désormais de l’avenir de leurs animaux. Ils sont nombreux à avoir posté des photos de leurs compagnons sur les réseaux, voulant dénoncer le ridicule de les trouver « dangereux ». Un autre utilisateur a tweeté une photo de deux chats, accompagné de la légende « Les animaux dans la rue sont très solitaires, beaucoup plus menacés que dans la nature, où ils se battent simplement pour survivre avec d’autres animaux. Mais en ville, ils ont affaire au parasite le plus dangereux et le plus sauvage du monde », désignant le régime islamique.
L’Iran fustigé après la mort d’un opposant : https://www.lefigaro.fr/international/l-iran-fustige-apres-la-mort-d-un-opposant-20201213
« La situation est préoccupante, beaucoup de personnes et d’animaux vont souffrir, regrette Elsayed Mohammed. Ce sera un bon outil pour embêter les gens en cas de besoin ». Et pour Jean-Pierre Digard, directeur de recherche émérite au CNRS, c’est là l’un des objectifs derrière ces mesures pour le moins extrêmes. « Depuis l’élection du nouveau président, on observe un durcissement du régime », analyse-t-il. Les autorités veulent « marginaliser, pénaliser, les membres de la société qui sont tournés vers l’Occident et qui font preuve de plus de résistance envers elles ».