Accueil > impact on women / resistance > Injustice. “Viole qui tu veux” : le non des Irakiennes à une vieille loi (...)
Injustice. “Viole qui tu veux” : le non des Irakiennes à une vieille loi inique
samedi 13 août 2022, par
Injustice. “Viole qui tu veux” : le non des Irakiennes à une vieille loi inique
En Irak, la loi permet un important allégement de peine pour les hommes reconnus coupables de viol s’ils viennent à épouser leurs victimes. Une disposition légale contre laquelle des militantes féministes se battent depuis des années, et qui se décline sous différentes formes dans d’autres pays arabes, raconte “Vice Arabia”.
Courrier international
Publié hier 12 août 22 à 13h50
Des Irakiennes portant des masques barrés d’une croix lors d’une manifestation à Bassorah, dans le sud de l’Irak, le 8 mars 2021, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. PHOTO HUSSEIN FALEH / AFP
L’article 398 du Code pénal irakien prévoit que l’auteur d’un viol bénéficie de circonstances atténuantes s’il vient à épouser sa victime. Alors qu’il risque une condamnation pouvant aller jusqu’à la réclusion à perpétuité, il peut ainsi voir sa peine très largement réduite, jusqu’à échapper à la prison. “Viole qui tu veux et la loi te la fera épouser”, résume Vice Arabia.
Cette phrase, que le média panarabe a choisie comme titre pour un article consacré à cette loi inique, est inspirée d’une vidéo qui a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux, où l’on voit une voiture sur laquelle est apposé un autocollant disant : “Viole celle que tu aimes et la loi te fera l’épouser conformément à l’article 395”. En se trompant d’article, donc.
Lire aussi Le chiffre du jour. En Égypte, un taux affolant de femmes mariées victimes de violences conjugales
Cette vidéo a relancé le débat relatif à cette question sur les réseaux sociaux, où a fleuri le mot-clé “Abrogation de l’article 398”. Comme l’explique Vice Arabia, “ce n’est pas la première fois” que le sujet revient sur le devant de la scène. “Depuis des années, des appels à l’abrogation de cette loi ont été lancés, mais sans succès.”
Une alternative au crime d’honneur
Parmi les opposants à cet article, les militantes pour le droit des femmes ; et, en première ligne, l’une des plus suivies d’entre elles sur les réseaux sociaux, Massa Ramadi.
“Lorsqu’on lit cet article de loi, on ressent comme une humiliation et de la honte. Qu’en est-il des victimes [de viol] ? Cette loi est en rapport avec la façon dont la société objective la femme et lie son corps au concept d’honneur.”
Lire aussi Récidive. Libéré au Liban, arrêté à l’étranger : un délinquant sexuel montre “l’échec de la justice”
Mais, note Vice Arabia, “ce qui diffère cette fois, c’est la tentative de certains de trouver de nouveaux arguments justifiant le maintien de cette loi”. En effet, “des juristes estiment que cet article est le seul outil pour protéger la victime des coutumes et des traditions, ainsi que des féminicides que l’on appelle les crimes d’honneur”.
Interrogé à la télévision irakienne sur cette question, le très controversé responsable de la section des droits humains au sein de l’ordre des avocats irakiens, Safa Al-Lami, a dit ceci :
“[Après avoir subi un viol,] une victime peut-elle se marier avec quelqu’un d’autre [que son violeur] ? Peut-elle s’intégrer à une société attachée aux us et coutumes ?”
L’Irak n’est malheureusement pas le seul pays de la région à avoir une loi similaire dans sa législation. Elle existe aussi en Algérie et en Libye, en Afrique du Nord, mais aussi au Bahreïn, au Koweït ou en Syrie, au Moyen-Orient.