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USA : L’assaillant de Salman Rushdie plaide non coupable
L’attaque au couteau contre Salman Rushdie était « préméditée », selon le procureur
dimanche 14 août 2022, par
L’assaillant de Salman Rushdie plaide non coupable
Hadi Matar, l’homme suspecté d’avoir poignardé l’écrivain, a plaidé non coupable lorsqu’il a été présenté samedi 13 août devant un tribunal.
Image : L’écrivain Salman Rushdie a pu être débranché de son appareil d’assistance respiratoire. © Tayfun Coskun / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP
Source AFP
Publié le 14/08/2022 à 06h45 - Modifié le 14/08/2022 à 07h03
L’homme accusé de l’attaque au couteau perpétré tout juste avant le début d’une conférence dans l’État de New York a plaidé non coupable de tentative de meurtre et d’agression dans ce qu’un procureur a qualifié de crime « planifié ». L’assaillant de Salman Rushdie, un jeune Américain d’origine libanaise, a été présenté à un juge de l’Etat de New York pour « tentative de meurtre » de l’écrivain, toujours hospitalisé dans un état grave mais qui a pu dire quelques mots samedi soir.
Menacé de mort depuis une « fatwa » de l’Iran de 1989, un an après la publication des « Versets sataniques », Salman Rushdie a été poignardé une dizaine de fois vendredi, une attaque qui indigne en Occident mais qui est saluée par des extrémistes en Iran et au Pakistan. Lors d’une audience de procédure au tribunal de Chautauqua, Hadi Matar, 24 ans, poursuivi pour « tentative de meurtre et agression », a comparu en tenue rayée noire et blanche de détenu, menotté et masqué, et n’a pas dit un mot, d’après le New York Times (NYT) et des photos de la presse locale.
Attaque préméditée
Les procureurs ont estimé que l’attaque de vendredi dans un centre culturel de Chautauqua, où Salman Rushdie allait donner une conférence, était préméditée. A 75 ans, l’intellectuel a été poignardé au moins à dix reprises au cou et à l’abdomen. Le suspect, qui vit dans le New Jersey, a plaidé « non coupable » par la voix de son avocat et comparaîtra une nouvelle fois le 19 août. Samedi, les autorités et les proches de Salman Rushdie ont gardé le silence sur l’état de santé du Britannique naturalisé Américain. Il a été hospitalisé vendredi sous assistance respiratoire à Erié, en Pennsylvanie, au bord du lac qui sépare les Etats-Unis du Canada.
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Toutefois, son agent Andrew Wylie, alarmiste vendredi soir auprès du New York Times — « Salman va probablement perdre un oeil, les nerfs de son bras ont été sectionnés et il a été poignardé au foi » — a simplement confié au NYT que son client a recommencé à parler samedi soir, sans dire s’il restait ou pas sous assistance respiratoire. L’attentat provoque une onde de choc, surtout dans les pays occidentaux : le président américain Joe Biden a condamné « une attaque brutale » et rendu hommage à Salman Rushdie pour son « refus d’être intimidé et réduit au silence ».
Vie normale à New York
Vivant à New York depuis 20 ans, Salman Rushdie avait repris une vie à peu près normale tout en continuant de défendre, dans ses livres, la satire et l’irrévérence. Coïncidence, le magazine allemand Stern l’a interviewé il y a quelques jours, avant l’attaque : « Depuis que je vis aux Etats Unis, je n’ai plus de problème (...) Ma vie est de nouveau normale », assure l’écrivain, dans cet entretien à paraître in extenso le 18 août, en se disant « optimiste » malgré « les menaces de mort quotidiennes ». La « fatwa » de l’Iran n’a de fait jamais été levée et beaucoup de ses traducteurs ont été blessés par des attaques, voire tués, comme le Japonais Hitoshi Igarashi, poignardé à mort en 1991.
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Aux Etats-Unis, le géant Amazon a fait état d’une hausse des commandes pour les « Versets sataniques » et la librairie new-yorkaise Strand Bookstore a indiqué à l’AFP que « des gens venaient voir ce qu’il a écrit et savoir ce qu’on avait » en stock. « Son combat est le nôtre, universel », avait lancé vendredi le président Emmanuel Macron, tandis que le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’était déclaré « horrifié ». Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a dénoncé samedi une « attaque lâche », et un « affront à la liberté d’expressio ». « Rien ne justifie une fatwa, une condamnation à mort », s’est indigné Charlie Hebdo, journal satirique français décimé par un attentat islamiste en janvier 2015.
L’attaque saluée en Iran et au Pakistan
Dans le sud du Liban, Ali Qassem Tahfa, le chef du village de Yaroun, a indiqué à l’AFP que Hadi Matar était « d’origine libanaise ». Le jeune homme « est né et a grandi aux Etats-Unis. Sa mère et son père sont de Yaroun », a-t-il assuré sans commenter l’attaque. Mais en Iran, le quotidien ultraconservateur Kayhan a félicité l’assaillant : « Bravo à cet homme courageux et conscient de son devoir qui a attaqué l’apostat et le vicieux Salman Rushdie », écrit le journal. « Baisons la main de celui qui a déchiré le cou de l’ennemi de Dieu avec un couteau ». Et au marché aux livres de Téhéran, Mehrab Bigdeli, un religieux chiite, s’est dit « très heureux d’apprendre la nouvelle. Quel que soit l’auteur, je lui baise la main (...) Que Dieu maudisse Salman Rushdie ».
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Au Pakistan voisin, le parti Tehreek-e-Labbaik Pakistan — réputé pour sa violence contre ce qu’il appelle du blasphème antimusulman — a jugé aussi que Rushdie « méritait d’être tué ». Salman Rushdie, né en 1947 en Inde dans une famille d’intellectuels musulmans non pratiquants, avait embrasé une partie du monde islamique avec la publication des « Versets sataniques », conduisant l’ayatollah iranien Rouhollah Khomeiny à émettre la « fatwa » réclamant son assassinat. L’auteur d’une quinzaine de romans, récits pour la jeunesse, nouvelles et essais écrits en anglais avait été contraint de vivre dans la clandestinité et sous protection policière, allant de cachette en cachette.
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L’attaque au couteau contre Salman Rushdie était « préméditée », selon le procureur
Le procureur de Chautauqua, où a eu lieu l’agression vendredi, a expliqué que le suspect avait préparé son assaut en obtenant notamment par avance un laissez-passer sous un faux nom pour l’événement où devait intervenir l’écrivain.
Le Monde avec AP
Publié aujourd’hui 14 août 22 à 04h47, mis à jour à 06h07
Image : Salman Rushdie est secouru après avoir été poignardé sur scène lors d’une conférence à Chautauqua (New York), le 12 août 2022. CHARLES SAVENOR / LOCAL NEWS X / TMX / VIA REUTERS
L’attaque au couteau dont a été victime l’écrivain Salman Rushdie, vendredi, lors d’une conférence dans l’Etat de New York, était « préméditée », a déclaré au juge, samedi 13 août, Jason Schmidt, procureur du comté de Chautauqua, où a lieu l’agression.
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Inculpé pour agression et tentative de meurtre, le suspect – identifié sous le nom d’Hadi Matar – a plaidé non coupable lors de l’audience de mise en accusation. Il comparaîtra une nouvelle fois le 19 août. Le juge a ordonné sa détention sans caution après que M. Schmidt a expliqué que l’homme de 24 ans avait préparé son assaut contre Salman Rushdie, en obtenant notamment par avance un laissez-passer pour l’événement public où le romancier devait intervenir, et en arrivant un jour plus tôt, sous une fausse identité.
« Il s’agissait d’une attaque ciblée, non provoquée et préméditée contre M. Rushdie », a déclaré Jason Schmidt.
Le suspect n’a pas dit un mot
Le procureur a fait allusion à la fatwa de l’Iran, dont l’auteur des Versets sataniques fait l’objet depuis trente-trois ans, pour s’opposer à la libération sous caution du suspect. « Même si ce tribunal devait fixer une caution d’un million de dollars, nous courons le risque que la somme puisse être récoltée », a-t-il déclaré.
« Ses propres revenus ne comptent pas pour moi. Nous voyons que le plan qui a été exécuté hier est quelque chose qui a été justifié par des groupes et des organisations dont l’importance dépasse largement les frontières juridictionnelles du comté de Chautauqua », a ajouté le procureur.
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Le suspect a comparu devant le tribunal vêtu d’une combinaison noire et blanche et d’un masque blanc sur le bas du visage, les mains menottées devant lui. Il n’a pas dit un mot, d’après le New York Times. L’avocat commis d’office, Nathaniel Barone, s’est plaint du délai que les autorités ont mis à présenter son client devant le juge, tout en le laissant « accroché à un banc des locaux de la police d’Etat ». « Il a le droit constitutionnel à la présomption d’innocence », a-t-il déclaré.
M. Barone a expliqué après l’audience qu’Hadi Matar échangeait avec lui et qu’il allait chercher à en savoir plus sur son client, notamment sur d’éventuels problèmes psychologiques ou de dépendance à des substances.
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Un tweet rassurant sur sa santé
Lors de l’attaque, Salman Rushdie, 75 ans, a été poignardé au moins à dix reprises au cou et à l’abdomen, alors qu’il s’apprêtait à prendre la parole. Il a été soigné en urgence et placé sous assistance respiratoire dans un hôpital d’Erié, en Pennsylvanie, au bord du lac qui sépare les Etats-Unis du Canada.
Peu de choses ont filtré, samedi, sur son état de santé, mais l’auteur britannique Aatish Taseer a tweeté dans la soirée : « Je viens d’avoir la nouvelle la plus excitante : Salman n’est plus sous respirateur artificiel et il parle (et plaisante). » L’agent de Salman Rushdie, Andrew Wylie, a confirmé l’information sans donner plus de détails. Le tweet de M. Taseer a ensuite été effacé.
Andrew Wylie avait expliqué vendredi que M. Rushdie était sous assistance respiratoire après avoir subi des blessures au foie et avoir eu des nerfs sectionnés dans un bras, et qu’il risquait de perdre un œil.
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