Subscribe to Secularism is a Womens Issue

Secularism is a Women’s Issue

Accueil > fundamentalism / shrinking secular space > France : Riss, directeur de Charlie Hebdo, visé par une fatwa : « Il est (...)

France : Riss, directeur de Charlie Hebdo, visé par une fatwa : « Il est impossible de revivre comme tout le monde »

dimanche 14 août 2022, par siawi3

Source : https://www.lejdd.fr/Societe/riss-directeur-de-charlie-hebdo-vise-par-une-fatwa-il-est-impossible-de-revivre-comme-tout-le-monde-4128133

Riss, directeur de Charlie Hebdo, visé par une fatwa : « Il est impossible de revivre comme tout le monde »

18h45 , le 13 août 2022

Par Propos recueillis par Marie-Laure Delorme

Riss, le directeur de Charlie Hebdo, rescapé de l’attaque de l’hebdomadaire satirique du 7 janvier 2015, est toujours visé par une fatwa.

Photo : Riss, en 2019, à Paris. (STEVEN WASSENAAR/Hans Lucas via AFP)

Lui, si épris de liberté, ne peut plus se déplacer sans ses officiers de sécurité depuis qu’il a été visé par une fatwa, émise au Pakistan. Le directeur de Charlie Hebdo continue néanmoins son combat pour la liberté d’expression. Dans un À voix nue sur France Culture, diffusé à la rentrée, il rappelle qu’il a suivi le procès du 13 novembre 2015, y trouvant les mêmes éléments que dans le procès des attentats contre Charlie Hebdo. « Des gens pas très intéressants et pas très intelligents qui s’imaginent servir une grande cause. Comme pour Charlie, c’est l’intelligence qui a été tuée par la bêtise. » Riss ne baisse pas les bras devant l’intégrisme religieux : « Il faut sans arrêt se battre et défendre ce à quoi l’on croit. »

​Que représente pour vous l’écrivain Salman Rushdie ?

Salman Rushdie est devenu le symbole de l’intolérance ­religieuse. Mais pas de n’importe quel type d’intolérance religieuse. Bien qu’originaire d’Inde, il est devenu une figure du monde ­occidental, imprégné de la culture occidentale et, à travers lui, on voit bien que c’est une ­conception européenne moderniste des ­rapports entre la religion et la société, qui est attaquée. Quand sa fatwa a été lancée en 1989, elle signifiait le retour d’une guerre contre ­l’Occident et ses valeurs.

Lire aussi - Cinq livres pour comprendre l’œuvre de Salman Rushdie

La fatwa a été lancée en 1989 par l’ayatollah iranien Rouhollah Khomeyni. Êtes-vous étonné de l’agression de Salman Rushdie, trente-trois ans après ?

J’ai espéré qu’en cessant de vivre caché comme il l’avait décidé en 2002, Salman Rushdie retrouverait une vie normale. ­Malheureusement il est quasi impossible de revivre comme tout le monde quand on est sous le coup d’une fatwa. Son ­agression heurte autant mon optimisme qu’il renforce mon pessimisme.

Vous êtes vous-même visé par une fatwa. Comment vit-on dans de telles conditions ?

Il faut toujours avoir à l’idée qu’une attaque ou une agression est possible, et toujours raisonner en se disant que cela peut recommencer. Les fanatiques se croient des soldats de Dieu et leurs ­obsessions sont éternelles car d’origine divine. Pour ce genre d’individus, les années ne comptent pas. Ils nous contraignent à tenir compte de leur folie religieuse, à la comprendre pour mieux la devancer. C’est en cela qu’une fatwa est éprouvante : elle nous oblige à entrer dans leur cervelle abrutie par la religion.

Il faut toujours avoir à l’idée qu’une attaque ou une agression est possible

Les hommes politiques français ont-ils pris conscience de la situation ?

Les hommes politiques voient les problèmes de la société avec le calendrier des échéances électorales, c’est-à-dire dans cinq ans, voire dix ans au mieux. Au-delà, ils sont souvent incapables d’avoir les bonnes intuitions qui leur donneront une vision politique sur le long terme. Comment prendre des décisions pendant son mandat électoral, qui façonneront notre démocratie pour les siècles à venir ? Or, la question religieuse se pose en siècles, pas en ­quinquennats.