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Iran : Hadis Najafi, symbole de la révolte iranienne tuée de six balles par la police

mercredi 28 septembre 2022, par siawi3

Source : https://www.lefigaro.fr/international/hadis-najafi-symbole-de-la-revolte-iranienne-tuee-de-six-balles-par-la-police-20220926

Hadis Najafi, symbole de la révolte iranienne tuée de six balles par la police

Par Hugues Maillot

Publié 26.09.22 à 13:06, Mis à jour hier à 14:01

Une des dernières photos publiées par Hadis Najafi sur son compte Instagram. @hadisnajafi78

Les images de cette Iranienne de 20 ans, nouant ses cheveux blonds dénués de voile avant de rejoindre le mouvement de protestation, ont fait le tour du monde. La jeune femme a été mortellement touchée à la tête, au cou et dans la poitrine.

Dos à la caméra, une jeune femme noue ses cheveux blonds en chignon et réajuste ses lunettes. Elle a laissé son voile et sa peur derrière elle, pour descendre dans la rue rejoindre le mouvement de contestation qui enflamme l’Iran depuis la mort de Mahsa Amini. Cette vidéo amateur devenue virale sur les réseaux sociaux s’est rapidement imposée comme un symbole de toutes ces femmes qui ôtent leur voile et se coupent les cheveux pour protester contre le code vestimentaire imposé par la République islamique.

Elle illustre surtout les derniers instants de la vie de Hadis Najafi, âgée d’à peine 20 ans, et tuée de six balles dans la tête, le cou et la poitrine par les forces de l’ordre dans la petite ville de Karaj, à l’ouest de Téhéran. « Hadis Najafi n’a pas gardé le silence face à la tyrannie. Elle a été tuée pour avoir protesté contre la mort brutale de Mahsa Amini », a annoncé le 25 septembre sur Twitter la journaliste et militante américaine d’origine iranienne Masih Alinejad, qui s’est entretenue avec la sœur de la victime.

Symbole de l’émancipation des femmes iraniennes

En réalité, l’ONG Amnesty International avait déjà relayé la mort de la jeune femme, sans la nommer, le 23 septembre, dans un compte rendu publié sur son site internet. « D’après les témoins que nous avons interrogés et la photo du corps de la victime, il apparaît que celle-ci a été la cible de tirs de fusils de chasse à billes de plomb, une arme régulièrement utilisée par les forces de l’ordre contre les manifestants et qui peut s’avérer létale lorsqu’elle est utilisée de près contre eux, ce qui semble être le cas ici », détaille au Point Raha Bahreini, une chercheuse spécialiste de l’Iran au sein de l’ONG.

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L’annonce de la mort de la jeune femme a ému au-delà des frontières de l’Iran. Peut-être plus encore que les dizaines d’autres manifestants abattus par les forces iraniennes depuis le début du conflit. Car les images de la jeune femme attachant ses cheveux avant d’aller défier courageusement la police illustrent merveilleusement le combat des Iraniennes pour leurs droits. La brutalité de sa mort rappelle à tout un peuple qu’il peut trouver la mort pour un foulard retiré.

Peut-être aussi parce que Hadis Najafi était un symbole de cette volonté d’émancipation sur les réseaux sociaux, bien avant les manifestations. Sur TikTok, elle n’hésitait pas à se mettre en scène vêtue « à l’occidentale », osant des chorégraphies et pas de danse langoureux à faire hurler la tristement célèbre « police des mœurs ». Le réseau social chinois et Instagram représentent aujourd’hui l’un des rares moyens d’expression dont dispose la jeune génération, à l’heure où Facebook et Twitter sont bannis d’Iran depuis plus de dix ans. Moyen dont ils sont d’ailleurs aujourd’hui privés, puisque le gouvernement iranien a choisi de couper internet à la quasi-totalité de ses 80 millions d’habitants.

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Le décompte macabre des ONG se poursuit

Sur Instagram, la sœur de la victime a laissé éclater son chagrin et sa colère : « Salauds, vous lui avez tiré une balle dans le cœur. Pourquoi lui avez-vous tiré une balle dans le cou, la main et le front ? De combien de balles avez-vous besoin pour tuer une fille qui ne pesait que 40 kg ? Videz plutôt ces balles sur vous », a-t-elle écrit en story. Selon Amnesty International, les forces de sécurité impliquées dans les tirs sur les manifestants sont composées d’agents des gardiens de la révolution, mais aussi de membres de la force paramilitaire Basij - financée à hauteur de 139 millions d’euros par an par les autorités - et d’agents de sécurité en civil.

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Et le décompte réalisé par les ONG est malheureusement loin d’être exhaustif. Si le dernier bilan officiel des autorités iraniennes, incluant manifestants et forces de l’ordre, évoque 41 personnes tuées en neuf jours de protestations, et qu’Amnesty International recensait au moins 30 victimes parmi les protestataires au 23 septembre, l’ONG Iran Human Rights en dénombre au moins 54. Elle indique d’ailleurs au passage que les restitutions de certains corps sont « subordonnées » à des « enterrements secrets ».

Mais sur les réseaux sociaux, les internautes s’attachent à faire vivre la mémoire des disparus, en publiant leur photo. L’ONG Human Right Activists News Agency (HRANA) a ainsi lancé un appel afin de recenser tous les documents disponibles sur les victimes. Partout dans le monde, des personnalités et des anonymes rendent hommage aux femmes tuées pour avoir protesté.

Depuis quelques heures, une autre femme iranienne est hissée, dans l’anonymat, en symbole de liberté, mais aussi d’espoir. La tête nue, elle entonne en persan Bella ciao, le chant des partisans italiens luttant contre le fascisme, devenu hymne universel à la résistance. Video ici

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