Iran-France : Voile et « islamophobie »

Source : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-sophia-aram/le-billet-de-sophia-aram-du-lundi-10-octobre-2022-3397743

Le billet de Sophia Aram

Dans son billet du 10 octobre sur France-Inter, Sophia Aram rappelle que « le combat des femmes iraniennes n’est pas un combat pour le droit des femmes de s’habiller comme elles veulent en général, mais est un combat particulier contre la théocratie et contre les partisans d’un islam rigoriste utilisant l’obligation de porter le hijab pour contrôler le corps des femmes.  »

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Le billet de Sophia Aram

Résumé

Nicolas, Léa je vais vous surprendre mais je suis hyper d’accord avec toutes les féministes 2.0 qui nous expliquent qu’il serait indécent d’instrumentaliser le combat des iraniennes dans le débat franco français sur le voile.
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Déjà parce que le fait de dire ça, et bien ça leur a permis de sortir du silence sur le sujet… Mais surtout parce le combat des iraniennes contre l’esclavage que leur imposent les mollahs depuis 40 ans, n’a strictement rien à voir avec celui des femmes ayant librement choisi de militer pour que des adolescentes puissent exhiber leur “pudeur“ et leurs signes religieux à l’école.

Remarquez, je comprends leur désarroi… “toutes ces images de femmes brûlant leurs foulards c’est hyper violent… Et puis c’est pas parce qu’elles n’en veulent plus qu’il faudrait en dégouter les autres. Surtout que nous on milite juste contre l’hypersexualisation du corps des femmes, imposé par le modèle capitaliste occidentale et le droit de choisir la pudeur, la modestie et ce qu’on appelle la modest-fashion, c’est-à-dire, la tendance de la mode qui répond aux critères des femmes qui souhaitent couvrir leur corps. “ (j’l’ai bien hein ?)

Imagine la claque. Quand tu confonds le voile avec un accessoire de mode et ben t’hallucines quand tu découvres la violence avec laquelle les iraniennes se montrent aussi insensibles à la modest-fashion, qu’à la modestie en générale et aux tutos beautés prônant l’embellissement par le voile.

Exilée aux Etats-Unis, l’iranienne Mahsi Alinedjad est depuis 2014 une des voix de celles qui en Iran, risquent leurs vies en retirant publiquement leur hijab et bien vous le croirez ou pas, depuis 2014, elle est accusée “d’islamophobie“. Principalement par des pseudo-féministes occidentales préférant jouer les idiotes utiles d’un islam rigoriste qu’elles n’auront jamais à subir, que de soutenir le combat de femmes contre ceux qui les fouettent, les battent ou les tuent pour contrôler leurs corps.

Parce qu’on fait mine de le découvrir, mais ça fait des années qu’en Iran, en Afghanistan et dans tous les pays soumis à la charia, des femmes nous expliquent que le hijab n’a rien d’un accessoire de mode, qu’il est le mur de Berlin derrière lequel s’abrite le pouvoir des religieux ou comme l’explique Golshifteh Farahani : le hijab est “le pilier central qui tient le chapiteau de la théocratie“.

Et ça fait des années que ce combat contre la théocratie a été rendu inaudible par celles et ceux qui le qualifient “d’islamophobe“.

Voilà pourquoi, au moment où leur voix porte un peu, je trouve insupportable d’entendre ceux qui réduisent le combat des iraniennes à “un combat pour le droit de s’habiller comme elles le souhaitent“ en les comparant à celles qui luttent pour exhiber leur pudeur en burkini à la piscine municipale. Parce que le combat des iraniennes n’est pas un combat pour le droit des femmes de s’habiller comme elles veulent en général, mais un combat particulier contre la théocratie et contre les partisans d’un islam rigoriste utilisant l’obligation de porter le hijab pour contrôler le corps des femmes.

Alors voilà, à ceux qui s’abritent encore derrière l’égale « liberté des femmes à porter ou à ne pas porter le hijab » pour nous faire oublier qu’ils ont toujours sacrifié le combat des femmes contre l’islam politique en le qualifiant d’“islamophobe“, j’aimerais pour une fois qu’ils écoutent celles qui comme Masih Alinedjad n’ont cessé d’hurler : “LetUsTalk“, laissez-nous parler !