Subscribe to Secularism is a Womens Issue

Secularism is a Women’s Issue

Accueil > impact on women / resistance > PAROLES DE SPORTIVES IRANIENNES

PAROLES DE SPORTIVES IRANIENNES

mardi 18 octobre 2022, par siawi3

Source : Note de la Ligue du Droit International des Femmes, au 17 octobre 2022

PAROLES DE SPORTIVES IRANIENNES

AVANT PROPOS : SOLIDARITE AVEC MAHSA AMINI

La mort de Mahsa Amini après avoir été interpellée par la police des mœurs pour avoir « mal porté » le voile, marque un tournant dans la prise de conscience internationale du caractère inique d’un régime fondé sur l’apartheid sexuel dont le voile est le marqueur symbolique. Il est temps que le monde du sport réagisse avec la vigueur qui fut la sienne lorsqu’il s’opposait à l’apartheid racial. Les JOP Paris 2024 doivent être à la hauteur de cette ambition.

Elnaz Rekabi défie l’Iran sans hijab lors d’une compétition officielle d’escalade ( Séoul, 16 octobre 2022)
La championne d’escalade iranienne Elnaz Rekabi a participé aux finales du championnats asiatiques de la discipline sans hidjab pourtant rendu obligatoire par la fédération iranienne.
Elle devient la première sportive à agir de la sorte sous les couleurs de l’#Iran en compétition officielle
Vidéo @Muzyar. https://t.co/Tkvs0Ym5VP
(https://twitter.com/arminarefi/status/1581703090646192128?t=1lpv-
BN545kr24kEEIZ3EQ&s=03Vidéo @Muzyar

°
Mahssa Sadegui, championne de Taekwando déclare quitter l’équipe nationale « Pour le respect des droits des femmes de mon pays »
Sara Bahaman Yar, championne de karaté nous appelle à l’aide : « Que vous soyez iraniens ou pas, au nom de l’humanité soyez nos voix »
Raha Akhavan professeure d’université et championne de natation donne l’exemple : « je nage 18 km Gibraltar entre Espagne et Maroc dédiée aux luttes des femmes iraniennes. J’espère avoir une petite participation par cette natation à cette lutte ».
Akram Khodabandeh capitaine de l’équipe nationale féminine de taekwondo, qui a remporté de nombreux championnats internationaux, écrit sur Instagram « pour chaque balle que vous tirez sur un oiseau, ils sont des milliers à s’échapper ! ».
Negar Kinai, championne nationale iranienne de volleyball féminin a publié sur Instagram un texte de solidarité avec le hashtag #Mehsa_Amini.

Des sportifs aussi

Mahyar Monshipour, ancien champion du monde de boxe soutient la mobilisation et s’exprime dans Le Parisien du 29 septembre :« pour les mollahs, le corps de la femme est un enjeu de pouvoir, ils ne transigeront pas dessus ».
Sardar Azmoun footballeur iranien de l’équipe nationale : « A cause des matchs et règlements nationaux, je ne disais rien. Mais là, je déclare ma solidarité et mon soutien à la lutte des femmes et hommes iraniens. Pour cela on va m’éliminer de l’équipe nationale.
Qu’importe le championnat national devant un seul cheveu des femmes iraniennes. Ils tuent les humains facilement. Honte à eux ! Vive les femmes iraniennes ! ».
Ali Karimi, le Zidane iranien, ancien champion de football écrit à son peuple : « Si le régime vous tire dessus il faut qu’il me tue aussi ! Je demande à la FIFA et à tous les champions du monde de soutenir le combat du peuple d’Iran contre l’occupation islamique’.
La sélection iranienne (masculine). de foot, à deux mois de la Coupe du monde au Qatar, à laquelle elle participe, alors qu’elle allait affronter le Sénégal le 27 septembre, les joueurs sont rentrés sur la pelouse avec une parka noire, sans logo, sans blason, pour cacher le maillot de l’équipe nationale, en hommage à Mahsa Amini. Lors d’autres matchs les joueurs sont apparus avec un ruban noir affichant leur deuil. D’autres footballeurs et équipes d’autres nationalités ont aussi manifesté leur solidarité ( ruban noir, photo de Mahsa,...)
Massoud Abdelmaleki , champion internationl déclare « pour me solidariser avec la révolution de mon peuple je démissionne de l’équipe nationales ».

DES SPORTIVES IRANIENNES S’EXPRIMENT SUR LEUR PRIVATION DE DROITS

Avant même la mort de Mahsa Amini et les émeutes qui ont suivi, des sportives iraniennes de haut niveau avaient déjà courageusement dénoncé l’humiliation et les violences dont elles sont l’objet simplement parce que femmes.
BOXE  : Sadaf Khadem , 2019
Première Iranienne à avoir boxé en combat officiel (Royan, avril 2019), Sadaf Khadem n’a pu retourner dans son pays, ayant été informée qu’elle risquait la prison non seulement pour avoir boxé, mais pour s’être exhibée sans être couverte de la tête aux pieds et avoir été entraînée par un homme, l’ancien champion du monde Mahyar Monshipour Kermani, CTN auprès du Ministère des Sports :
« Pour le premier combat, à Royan, je l’ai disputé avec les règles et les lois françaises que j’ai respectées. Mais en Iran, chez nous, je ne peux pas faire de sport en t-shirt et en short donc, selon les médias, je n’avais pas respecté les règles iraniennes. Mais ce n’était pas un combat politique, c’était juste de la boxe.« (...) J’ai trouvé que je pouvais faire ce que je voulais ici (en France), je peux faire mon sport, mon travail. J’étais plus libre que dans mon pays. La seule raison, c’est la boxe parce qu’en Iran, pour les femmes, c’est interdit. »
Sadaf Khadem, aujourd’hui réfugiée en France, pratique son sport en vue des JOP 2024.

ECHECS : Dorsa Derakshani,
2017, et Mitra Hejazipour, 2020
Dorsa Derakhshani, Championne internationale féminine, a été exclue de l’équipe nationale en février 2017 par la Fédération Iranienne et s’est vue interdire toute participation à des tournois en Iran, pour des raisons d’intérêt national, en réalité pour avoir disputé des compétitions sans porter de voile, notamment au Tradewise Gibraltar Chess Festival (février 2017).
Elle s’explique dans une vidéo postée sur Instagram : « Ils m’ont fait porter un hijab contre mon gré et j’ai pensé que c’était assez stupide parce que je n’ai pas 6 ans, pourquoi devrais-je porter un foulard ? » (...) « Cela viole tout ce que signifie le sport, le sport doit être exempt de toute discrimination de sexe, de religion, d’orientation sexuelle ».
Cette même année des concurrentes de nationalités diverses ont boycotté les championnats qui se tenaient en Iran, en raison même de l’obligation du port du hijab. Dorsa Derakhshani joue désormais aux Etats-Unis, elle est affiliée à la fédération américaine depuis septembre 2017

Mitra Hejazipour, également championne d’échecs a été exclue de l’équipe nationale en janvier 2020 pour avoir enlevé son hidjab lors des Championnat du monde de blitz à Moscou en décembre 2019, voulant ainsi protester contre la condition féminine en Iran. Elle a obtenu l’autorisation de concourir pour la France en 2021.
Dans un post sur Instagram elle déclare que « le hijab est le symbole d’une idéologie infériorisant les femmes considérées comme « le deuxième sexe ». « Il crée de nombreuses limitations pour les femmes et les prive de leurs droits fondamentaux. S’agit-il d’une protection ? Je dis définitivement non, c’est seulement et uniquement une limitation ».

FOOTBALL : Shiva Amini, 2017
Star du football iranien, Shiva Amini a été radiée à vie de l’équipe nationale et s’est vu interdire toute fonction de coach en novembre 2017 pour avoir disputé une partie amicale, sans voile et en short avec des garçons, lors d’un voyage privé en Italie et en Suisse. Shiva Amini est également membre de la campagne « Unity for Navid » qui fait pression sur le Comité International Olympique et les fédérations mondiales pour voir suspendre les sports iraniens en raison de l’ingérence politique du gouvernement.
Dans une interview avec IranWire, Amini décrit son état d’esprit actuellement et ce qu’elle a vécu en Iran : « Personne ici n’est aussi enthousiaste que moi. Parce que je suis devenue footballeuse en Iran, où le football était interdit aux filles quand je suis née. Quand ça a été autorisé, elles étaient soumises au hijab, et s’entraînaient et jouaient en secret. Nous n’avions pas d’installations, pas de respect, nous n’avions rien. Quand je vois les possibilités ici, je deviens plus désireuse d’apprendre et d’enseigner. Je viens d’une pauvreté absolue ».
Les Jeux asiatiques de 2017 au Vietnam ont marqué un tournant dans la prise de conscience d’Amini : « après l’un des matches, nos dirigeants nous ont rassemblées et nous ont dit qu’un religieux venu d’Iran voulait nous faire un discours. Celui-ci nous a déclaré de façon sarcastique : « La raison pour laquelle l’islam et le clergé s’opposent aux sports féminins est que, lorsque vous courez, vos bosses tremblent et les hommes sont excités. C’est pourquoi je n’ai pas regardé votre match ». J’ai tout abandonné. L’image que l’ecclésiastique a peinte de nous pendant le match et de nos efforts était dégoûtante ».