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UK : Akshata Murty, l’épouse multimilliardaire de Rishi Sunak, nouvelle « First Lady » du Royaume-Uni

mardi 25 octobre 2022, par siawi3

Source : https://madame.lefigaro.fr/societe/actu/akshata-murty-l-epouse-multimilliardaire-de-rishi-sunak-nouvelle-first-lady-du-royaume-uni-20221024

Akshata Murty, l’épouse multimilliardaire de Rishi Sunak, nouvelle « First Lady » du Royaume-Uni

PORTRAIT - Malgré les controverses, cette héritière de milliardaires indiens apparaît comme le soutien indéfectible de Rishi Sunak, le nouveau locataire du 10 Downing Street.

9 juillet 2022 : c’est elle qui s’avance face à la horde de reporters postés à quelques mètres de sa résidence de Kensington. Akshata Murty vient leur offrir des tasses de thé chaud. Son mari, le ministre Rishi Sunak, vient de se lancer dans la course au 10 Downing Street, face à une dénommée… Liz Truss, dont on apprend ce lundi qu’il prendra la succession, après avoir été désigné par le Parti conservateur.

Royaume-Uni : Rishi Sunak, l’homme qui fait entrer un peu d’Inde à Downing Street  : http://www.lefigaro.fr/international/rishi-sunak-l-homme-qui-fait-entrer-un-peu-d-inde-a-downing-street-20221024

À peu de chose près, la scène rappelle l’apparition fantasque, en 2018, de Boris Johnson en short de bain et plateau entre les mains, devant sa maison de campagne de l’Oxfordshire. Cheveux en bataille, l’ancien maire de Londres avait surpris les journalistes en leur amenant quelques cups of tea bien méritées. Une petite attention censée redorer son blason après avoir créé la polémique en comparant les femmes musulmanes portant la burka à des boîtes aux lettres. La séquence avait fait le buzz sur les réseaux sociaux, et le capital sympathie du député tory était remonté en flèche. Cet été, celui d’Akshata Murty avait lui aussi besoin d’un remontant.

Quelques mois plus tôt, cette dernière a fait les choux gras des tabloïds britanniques, embarrassant non seulement son mari mais aussi « BoJo ». Ce qu’on lui reproche alors ? Les millions de livres-sterling qu’elle aurait économisés grâce à un statut fiscal privilégié, qui permet aux personnes déclarées comme « non domiciliées » en Grande-Bretagne de ne pas payer d’impôts sur les dividendes perçus en dehors du pays. Or, Akshata Murty habite Londres depuis neuf ans.

Ambitieuse comme Thatcher, sapée comme jamais : Liz Truss, l’éphémère première ministre : http://madame.lefigaro.fr/societe/tenace-comme-may-liberale-comme-thatcher-liz-truss-troisieme-femme-locataire-du-10-downing-street-20220906

Le Guardian estime en effet que la richissime Indienne a touché 54,5 millions de livres de dividendes d’Infosys (le groupe de technologies cofondé par son père) depuis 2015. Et son statut - bien que légal - lui aurait permis d’éviter de payer 20 millions de livres (24 millions d’euros) au fisc britannique. « Ma femme est née en Inde, elle y a été élevée » et « il ne serait pas raisonnable ni juste de lui demander de couper les liens avec son pays simplement parce qu’elle est mariée avec moi », plaide en avril Rishi Sunak. Sans convaincre personne. En parallèle, The Independent enfonce le clou en révélant que le ministre est listé parmi les bénéficiaires de trusts dans les Iles Vierges britanniques et aux Îles Caïmans, deux paradis fiscaux.

Face à ces multiples révélations, Akshata Murty fait volte-face. Le 8 avril, en pleine débâcle médiatique, elle indique dans un communiqué ne plus « réclamer de remise fiscale », assurant qu’elle paierait désormais des impôts au Royaume-Uni sur la base de tous « ses revenus mondiaux ». « Je le fais parce que je le souhaite, non pas parce que la règlementation m’y oblige », souligne-t-elle. Il n’empêche, cette affaire entache l’image de son cher et tendre.

Billions Dollars Baby

À l’heure où son mari prend la relève de Liz Truss, Akshata Murty crispe. Outre-Manche, elle apparaît surtout comme éloignée des réalités. Il faut bien dire que le train de vie des Sunak passe mal, eux qui possèdent une maison de cinq chambres estimée à sept millions de livres dans le quartier de Kensington, à Londres, un manoir géorgien dans le Yorkshire (au nord de l’Angleterre), un appartement sur Old Brompton Road dans l’ouest de Londres, ainsi qu’un penthouse sur la plage de Santa Monica, en Californie, d’une valeur de 5,5 millions de livres sterling.

Ce patrimoine, Akshata Murty le doit surtout à son père, le milliardaire N.R. Narayana Murthy, sixième homme le plus riche d’Inde. À 42 ans, l’héritière détient des parts valant près d’un milliard de dollars (plus d’un milliard d’euros) dans Infosys (dont la valeur est aujourd’hui estimée à 100 milliards de dollars). Cela représente une fortune plus importante que celle du roi Charles III, qui se chiffre à quelque 350 millions de livres (420 millions d’euros), selon le journal britannique The Sunday Times.

Une enfance (presque) comme les autres

Pourtant, Akshata Murty n’a pas connu la jeunesse dorée typique des filles de milliardaires. Quelques mois seulement après sa naissance en avril 1980, elle est envoyée chez ses grands-parents paternels. Ses parents, eux, viennent de déménager à Mumbai avec l’idée de booster leur carrière. « Deux mois après ta naissance à Hubli [une ville près de Goa], nous t’avons amenée à Mumbai, mais avons découvert assez rapidement qu’il était difficile d’élever un enfant et de gérer des carrières côte à côte. Nous avons donc décidé que tu passerais les premières années de ta vie avec tes grands-parents », écrit N.R. Narayana Murthy dans une missive à sa fille, publiée dans Legacy ; Letters from eminent parents to their daughter (un ouvrage de 2013 dans lequel des personnalités indiennes ont accepté de partager des correspondances intimes).

Son père, à l’époque jeune programmeur informatique, s’apprête à lancer Infosys, la société qui le rendra milliardaire. Sa mère Sudha Murty (aujourd’hui célèbre pour ses actions philanthropes), elle, devient la première femme nommée ingénieure au sein du groupe automobile Tata Motors. Mais la distance avec leur fille leur pèse. « Chaque week-end, je prenais l’avion pour Belgaum [un aéroport voisin], puis je louais une voiture pour Hubli. C’était très cher, mais je ne pouvais pas me passer de te voir », avouera après coup N.R. Narayana Murthy.

La jeune Akshata finit par rejoindre ses parents à Mumbai, avec son frère Rohan. Là-bas, elle grandit sous l’éducation stricte de sa mère qui leur interdit de regarder la télévision et les force à se rendre à l’école en rickshaw (véhicule tricycle utilisé pour le transport de personnes ou de marchandises en Asie du sud-est), comme tous leurs camarades de classe. Pas question d’avoir un chauffeur privé. À la maison, on lit, s’instruit et parle histoire, physique ou mathématiques.

Au moment d’aller à l’université, la jeune Indienne s’envole loin (très loin) de ses terres. Elle part au Claremont McKenna College, en Californie, étudier l’économie et le français, avant de rejoindre le Fashion Institute of Design and Merchandising de Los Angeles puis Stanford. C’est là, dans la prestigieuse université, qu’elle fait la rencontre d’un certain Rishi Sunak, un Britannique d’origine indienne et lauréat d’une bourse. Une idylle est née.

Un mariage en grande pompe

Détachés des valeurs de la société indienne, où l’organisation en castes est encore la norme, les parents d’Akshata acceptent qu’elle se marie avec un homme issu d’une classe inférieure, fils d’un médecin originaire de la ville britannique de Southampton, dans le sud de l’Angleterre. Eux les premiers partent de loin. Dans une lettre où il donne son assentiment à sa fille, N.R. Narayana Murthy affirme être « un peu triste et jaloux » mais reconnaît que Rishi Sunak correspond à « tout ce que tu avais décrit : brillant, beau et surtout honnête ». Le mariage est célébré à Bengaluru, dans le sud de l’Inde, en 2009. Quelque 1.000 invités, dont des hommes politiques, des chefs d’entreprise et des joueurs de cricket, assistent à la cérémonie.

En parallèle, Akshata Murty rejoint en 2007 un fonds néerlandais spécialisé dans les technologies propres à San Francisco, en tant que directrice marketing. Un poste qu’elle quitte rapidement pour créer sa propre marque de mode, Akshata Designs. « Depuis que je suis toute petite, j’ai toujours aimé les vêtements. Ma mère a toujours été déconcertée par le fait que je puisse passer autant de temps à composer des tenues devant ma garde-robe », confie la créatrice à Vogue India en 2011. Mais après trois ans d’existence, l’entreprise coule.

Un power couple à Downing Street

« Rishi », lui, gravit les échelons. Malgré ses origines relativement modestes et un job de serveur, exercé dans sa jeunesse, qu’il aime rappeler, il s’intègre à l’élite politico-médiatique britannique et entame d’abord une carrière de banquier d’affaires chez Goldman Sachs. Elu député en 2015, puis propulsé ministre des Finances juste au début de la pandémie de Covid-19, il n’hésite pas à ouvrir les vannes de l’argent public pour maintenir l’économie à flot. Ce « quoiqu’il en coûte » lui vaut une popularité considérable. Un temps donné possible successeur de Boris Johnson, il voit son étoile ternir avec la crise du pouvoir d’achat. Mais Akshata est là, et croit en lui. Elle fait campagne à ses côtés après la capitulation de « BoJo » au début du mois de juillet. Et n’hésite pas à s’afficher avec leurs deux filles Krishna et Anoushka (dont on ignore les âges), qu’elle tient d’habitude à l’écart des médias. Un pari gagnant. Alors que son nom circulait depuis plusieurs jours, Rishi Sunak a officiellement été désigné lundi 24 octobre par les conservateurs pour prendre la tête du gouvernement. Il devient le premier non-blanc à diriger le Royaume-Uni. Nul doute que son épouse saura prendre sa place au 10 Downing Street. Une question demeure : Akshata Murty sera-t-elle aussi influente que Carrie Symonds, la redoutable épouse de Boris Johnson, ou préfèrera-t-elle rester discrète comme l’a été Samantha Cameron ?