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France : Laïcité : « Pas d’alerte particulière » dans l’enseignement supérieur selon le ministère
jeudi 17 novembre 2022, par
Laïcité : « Pas d’alerte particulière » dans l’enseignement supérieur selon le ministère
Universités
Par Hadrien Brachet
Publié le 16/11/2022 à 18:00
Selon les informations de « Marianne », le ministère de l’Enseignement supérieur a demandé des remontées sur d’éventuelles atteintes à la laïcité depuis la rentrée. Résultat : il n’y a, selon l’entourage de Sylvie Retailleau, « pas d’alerte particulière » dans les universités, alors que les collèges et lycées sont, eux, confrontés à une hausse des cas. Toutefois, des données précises et complètes manquent.
Alors que l’Éducation nationale fait face à une hausse des atteintes à la laïcité depuis la rentrée, qu’en est-il dans l’enseignement supérieur ? Selon nos informations, le cabinet de la ministre Sylvie Retailleau a demandé des remontées aux « acteurs de terrain ». « Il n’y a pas de pic particulier », assure son entourage.
« Nous avons fait un travail de contact auprès des acteurs de terrain pour leur demander de faire remonter d’éventuels signalements en matière de laïcité, détaille-t-on au ministère de l’Enseignement supérieur. Il apparaît qu’il n’y a pas de pic particulier ».
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« Nous n’avons pas relevé jusqu’à présent une hausse dans ce type d’affaires », abonde Guillaume Gellé, président de l’université de Reims et vice-président de France Universités qui rassemble les dirigeants d’établissements d’enseignement supérieur. « S’il y a bien sûr des référents laïcité en éveil dans les universités, le bilan ne montre pas d’alerte particulière », résume-t-on dans l’entourage de Sylvie Retailleau. À noter tout de même qu’il s’agit plus, de l’aveu même du ministère, d’une « prise de température » que d’un « dossier en bonne et due forme avec des chiffres ».
« Manœuvres d’intimidation »
Si les universités ne sont pas soumises à la loi de 2004 qui interdit aux élèves le port de signes religieux ostensibles dans les écoles, le Code de l’Éducation précise que « le service public de l’enseignement supérieur est laïque et indépendant de toute emprise politique, économique, religieuse ou idéologique ». Les enseignants du supérieur ne doivent pas « arborer des tenues vestimentaires qui s’assimileraient à des actes de prosélytisme ou à la manifestation ostensible d’une appartenance religieuse, ni tenir des propos constituant justement des marques de prosélytisme », rappelle un guide de la Conférence des présidents d’université (CPU) – l’ancien nom de France Universités – publié en septembre 2015.
« Les cas d’atteinte à la laïcité restent d’ordre infinitésimal par rapport à l’ensemble des effectifs des universités », estime Olivier Chovaux, professeur d’histoire contemporaine à l’université d’Artois, audité récemment sur les questions de laïcité par l’Institut des hautes études de l’éducation et de la formation (IH2EF). « Le problème se pose en des termes différents que dans l’Éducation nationale, convient la philosophe Isabelle de Mecquenem, membre du Conseil des Sages de la laïcité. Mais il peut y avoir des expressions plus insidieuses d’atteinte à la laïcité. »
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Dans son guide de 2015, la CPU s’inquiétait « des comportements d’obstruction, d’agression verbale » et « des manœuvres d’intimidation de quelques étudiants » s’opposant aux contenus de certains cours « au nom de convictions religieuses ». Preuve que les tensions sur la laïcité et son application n’épargnent pas totalement l’enseignement supérieur.