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#MeToo a 5 ans : longue vie à #MeToo !

vendredi 18 novembre 2022, par siawi3

Source : https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/metoo-a-5-ans-longue-vie-a-metoo-20221008_OQWIKPG5KRHQBGCJA6FDDEND44/

#MeToo a 5 ans : longue vie à #MeToo !

Suzy Rojtman
militante féministe, cofondatrice du Collectif féministe contre le viol en 1985 et porte-parole du Collectif national pour les droits des femmes

publié le 9 octobre 2022 à 10h42

« C’est la justice qui doit s’occuper de ces affaires et non pas un déballage de dénonciations sur les réseaux sociaux » , nous disent-ils encore aujourd’hui.

Comprenez tout d’abord une chose : ç a ne fait jamais plaisir à une victime d’étaler publiquement ce qu’elle a subi, c’est très douloureux mais elle n’a pas le choix quand elle n’est absolument pas entendue.
Ok, faire appel à la justice donc. C’est bien ce qu’avait décidé le MLF dans les années 70 . La décision n’avait pas été facile à prendre, beaucoup de discussions avaient eu lieu et le MLF a été critiqué par une partie de l’extrême gauche, mais cahin caha, il s’est tenu à cette décision.

L’inceste, c’est quoi ça ? :

Première surprise : à part une loi sur le viol, totalement obsolète, pas de loi réprimant l’ensemble des violences. Les violences conjugales, connaît pas, surtout les violences psychologiques dans le couple ; le harcèlement sexuel au travail ou dans la rue, inconnu au bataillon ; les mutilations sexuelles, pas vu passer ; l’inceste, c’est quoi ça ? Et cela, dans les années 70 dans une nation « civilisée ».

Le mouvement féministe a dû se battre pied à pied pour arracher des lois réprimant ces violences. Une grande cohérence donc de la part des féministes : non seulement nous voulions faire appel à la justice mais nous faisions aussi son travail en formulant ce que la loi devait réprimer. Avec quelles difficultés ! Avec quels pinaillages pour ne pas trop accabler les agresseurs ! Et l’arsenal législatif n’est toujours pas complet. C’est vraiment la politique des tout petits pas !

A lire aussi : Après #MeToo, l’impact pour celles qui ont témoigné à visage découvert : « J’ai perdu énormément de proches » Droits des femmes 6 oct. 2022

Après, autre paire de manches : faire appliquer ces lois. Tâche dont nous ne sortons toujours pas. Les faits sont désormais connus : beaucoup de non-lieux et de classements sans suite, très peu de condamnations, lenteur extrême de la justice, victimes se sentant malmenées.

Comment peut-on s’étonner encore aujourd’hui de la difficulté qu’elles ont à déposer plainte ?
Elles se débattent avec ce qui les ronge à petit feu. L’impunité des agresseurs les détruit et elles se heurtent au mur de la justice. Et donc, mondialement, utiliser massivement les réseaux sociaux a représenté une solution, difficile certes, mais une solution. Et la multiplicité des « je » est devenue « nous ». Et un véritable mouvement s’est créé qui a réussi à faire régresser la tolérance sociale vis-à-vis des violences, partout, tout le temps. Il n’était que temps !

Chape de plomb :

Nous nous méfions cependant. Nous nous méfions car nous connaissons l’histoire. A la fin des années 80, la violence de l’inceste a été largement dénoncée, déjà grâce aux féministes. La loi concernant les délais de prescription a été modifiée pour la première fois en 1989. Et puis... plus rien. La chape de plomb s’est solidement refermée jusqu’à ce que le scandale éclate de nouveau ces dernières années. Nous restons aux aguets.

Alors oui, #MeToo devra vivre tant que la justice ne fera pas son travail de savoir entendre la parole des victimes, de marquer l’interdit des violences en condamnant les agresseurs.
Nous avons fait le choix de faire appel à la justice, ne nous faites pas regretter ce choix plus longtemps !