Subscribe to Secularism is a Womens Issue

Secularism is a Women’s Issue

Accueil > impact on women / resistance > France : Petition pour la panthéonisation d’Olympe de Gouges

France : Petition pour la panthéonisation d’Olympe de Gouges

vendredi 16 décembre 2022, par siawi3

Source : via email, le 15.12.22

PETITION pour la panthéonisation d’Olympe de Gouges

Monsieur le Président de la République,

L’œuvre et les combats d’Olympe de Gouges gardent une actualité saisissante.

Tandis que les femmes étaient exclues des institutions politiques, elle s’est emparée avec une audace et un courage exemplaires de la scène littéraire et théâtrale puis de la parole politique pour concourir au débat public. Elle est la seule femme de la Révolution à avoir été guillotinée pour avoir publié des écrits politiques.

Elle a montré aux femmes la voie de l’engagement dans une république moderne. Sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, adressée à la reine en septembre 1791, réclame l’accès des femmes à la pleine citoyenneté, elle les encourage à prendre leur destin en mains et à contribuer résolument à l’histoire en marche. Elle est aujourd’hui considérée dans le
monde entier comme l’un des textes fondateurs du féminisme.

Animée par l’esprit des Lumières, mais elle-même autodidacte, Olympe de Gouges souligna la nécessité d’instruire autant les filles que les garçons et prôna l’ouverture aux femmes de tous les métiers, toutes les fonctions et toutes les responsabilités. S’opposant aux vœux comme aux mariages forcés, elle défendit le respect du choix des jeunes filles, trop souvent enfermées de
force dans des couvents ou contraintes de se marier selon les intérêts de leur famille. Elle proposa de remplacer le mariage par un pacte civil entre époux égaux, révocable si nécessaire.

Indignée par l’indifférence aux souffrances et à la mortalité des femmes en couches, elle recommanda la création de maternités.

Avant même la Révolution, en bataillant pour que soit jouée sa pièce de théâtre qui dénonce l’esclavage des Noirs, elle s’est exposée à la vindicte de la partie de l’aristocratie enrichie par la traite. Cette pièce, dans laquelle un esclave est gracié après avoir tué un intendant coupable de viol et de sadisme, fut jugée « incendiaire » par le parti des colons. En dépit de menaces de mort, elle l’a affronté crânement, le qualifiant de « parti injuste, oppressif et inhumain ».
Jacques-Pierre Brissot, fondateur de la Société des amis des Noirs, et l’abbé Grégoire, membre de la première heure de cette association abolitionniste, ont rendu justice à son courage.

Soucieuse de la « chose publique » que la guerre, la contre-révolution et les émeutes menaçaient, Olympe de Gouges a usé de tous les moyens dont elle disposait pour faire connaître ses propositions philanthropiques, ses projets de réforme et ses « réflexions utiles », les adressant tour à tour aux députés, au roi, à la reine, au duc d’Orléans, au prince de Condé, aux généraux de l’armée, aux clubs politiques, aux ministres, aux sections de Paris et aux citoyens.

Les deux dernières années de sa vie, elle en appela à l’opinion publique à travers une campagne d’affiche sans précédent. Dépensant sans compter pour diffuser ses idées, elle est morte pauvre.

Sensible aux « horreurs de la misère dans le grand hiver », au malheur causé par les accidents du travail, elle a proposé l’ouverture d’ « établissements de bienfaisance » pour les ouvriers au chômage ou leurs veuves, pour les « vieillards sans force et les enfants sans appui ». Elle se soucia du sort des mères sans soutien et plaida pour la libre déclaration de paternité ainsi que
pour la reconnaissance des enfants nés hors mariage et leur droit à l’héritage.

Elle a défendu le droit au travail, et préconisé d’ouvrir des ateliers publics pour employer les manœuvres sans emploi. Afin de rembourser la dette de l’État, elle conseilla des impôts volontaires ou proportionnels au train de vie.

Dès novembre 1788, c’est au peuple qu’elle demande de juger si elle « pense en bonne citoyenne » (Lettre au peuple ou le projet d’une caisse patriotique).

Au même moment, elle exhorte la noblesse à « laisser de côté le rang, les titres et ce vain préjugé de ses dignités idéales » pour collaborer au salut du pays (Remarques patriotiques, novembre 1788). Elle approuve publiquement la réunion des États généraux et le serment du 17 juin 1789, qui engage
les députés à ne pas se séparer avant d’avoir donné une constitution aux Français. Elle n’estime le pouvoir du roi légitime que si, le tenant de la nation, il le voue à assurer son bonheur. Elle lui demande instamment de prendre la mesure de la misère du peuple et d’y parer. Elle le prie de consacrer « l’égalité de tous les citoyens » et d’ « ôter [aux émigrés absolutistes] tous moyens, toute espérance de rétablir les droits tyranniques de la féodalité et de conspirer contre leur patrie » (L’esprit français, mars 1792).

Craignant tout autant le despotisme que l’anarchie et le « droit d’égorger les citoyens impunément », elle pensait, comme beaucoup à l’époque, que la République et la monarchie constitutionnelle se conciliaient. « Je suis née avec un caractère républicain, et je mourrai avec ce caractère. Si dans mes écrits patriotiques, j’ai paru défendre la monarchie constitutionnelle, c’est que j’ai redouté tous les malheurs qu’entraînerait la chute de la monarchie », précisa-t-
elle en 1793 (Œuvres de la citoyenne de Gouges dédiées à Philippe).

En novembre 1792, déçue par la trahison de Louis XVI, elle avait d’ailleurs déclaré que « les rois sont des vers rongeurs qui dévorent la substance du peuple jusqu’aux os ». Elle ne s’est offerte à défendre l’homme lors de son procès que par humanité et par refus de la violence. Dès 1789, elle avait alerté : « Ne souillez jamais vos mains dans le sang de vos semblables ». (Le
bonheur primitif de l’homme).

Après la chute de la monarchie, le 10 août 1792, elle presse les députés de la Convention de mettre fin à leurs dissensions, profitables aux contre-révolutionnaires et nuisibles à la France.

Au moment des massacres de septembre, elle s’oppose à ceux qui prétendent que le sang doit couler pour que révolutions il y ait et prévient que « le sang même des coupables, versé avec profusion et cruauté, souille éternellement ces révolutions » (La fierté de l’innocence ou le silence du véritable patriotisme, septembre 1792). En dénonçant les prémisses de la Terreur, elle risque sa vie. « L’héroïsme et la générosité sont aussi le partage des femmes, et la
révolution en offre plus d’un exemple », observe-t-elle (Olympe de Gouges, Défenseur officieux de Louis Capet, 16 décembre 1792).

En 1791, elle avait déclaré : « La femme a le droit de monter à l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la tribune. » Elle osa s’emparer de la tribune, ce qui lui valut l’échafaud. Elle protesta contre l’arrestation des députés girondins par des sans-culottes parisiens. Elle transgressa l’interdiction d’évoquer un régime autre que celui de la république une et indivisible en proposant que « chacun prononce librement sur le gouvernement qu’il prétend adopter » puis que la majorité l’emporte (Les trois urnes, 19 juillet 1793). Sa mort fut brandie comme le châtiment que mérite toute femme qui délaisse l’espace domestique et ose se mêler de politique : « Elle voulut être homme d’État » et fut punie « d’avoir oublié les vertus qui conviennent à son sexe », se félicita La Feuille du salut public. Tandis que pour réduire au
silence une députation de citoyennes, Pierre-Gaspard Chaumette, procureur de la Commune insurrectionnelle de Paris, évoqua le sort de « cette virago, cette femme-homme, l’impudente Olympe de Gouges ».

Écrivaine engagée, Olympe de Gouges s’impose aujourd’hui comme symbole exemplaire du féminisme et de l’humanisme. En septembre 2013, la consultation organisée par le Centre des monuments nationaux l’a nommée en premier parmi les personnalités les plus dignes d’être panthéonisées. De nombreux établissements scolaires, médicaux ou culturels s’honorent de
porter son nom. Des rues, des places, des parcs rappellent son souvenir. Et aussi des bâtiments emblématiques, tel le nouveau Palais de Justice de Paris. Elle inspire encore aujourd’hui des défenseurs des droits humains.

Sa panthéonisation aurait d’autant plus de résonance que l’Assemblée nationale est pour la première fois présidée par une femme, Mme Yaël Braun-Pivet, et qu’en nommant Mme Élisabeth Borne à la tête du gouvernement, vous avez donné à l’histoire de France sa deuxième Première ministre.
Olympe de Gouges aspirait à une république inclusive, où la diversité ait toute sa place et où le sens du bien commun l’emporte sur les intérêts particuliers. Il est grand temps qu’elle rejoigne Condorcet et l’abbé Grégoire au Panthéon. Où elle symboliserait excellement l’égalité femmes-hommes, par vos soins deux fois promue au rang de grande cause nationale.

POUR SIGNER cette pétition, envoyez vos nom et qualification/titre à : sylvia.duverger orange.fr

Rédaction
Catherine Marand-Fouquet, historienne
Sylvia Duverger, journaliste, chercheuse indépendante
Geneviève Fraisse, philosophe
Béatrice Daël, éditrice des œuvres complètes d’Olympe de Gouges (éditions Cocagne)
Olivier Blanc, historien, auteur de la première biographie d’Olympe de gouges
Christine Fauré, directrice de recherche émérite au CNRS
Michel Faucheux, universitaire, écrivain, biographe d’Olympe de Gouges
Claudine Monteil, historienne, écrivaine, présidente de Femmes Monde, membre du Conseil national des femmes françaises
Juliette de Causans, présidente d’Égalité Ensemble !

Signataires
Véronique Riotton, députée de Haute Savoie, présidente de la délégation aux droits des femmes à l’Assemblée nationale
Marie-Pierre Rixain, députée de l’Essonne, membre de la commission des affaires culturelles et de l’éducation, ancienne présidente de la délégation aux droits des femmes à l’Assemblée nationale
Éliane Viennot, historienne
Françoise Thébaud, historienne des femmes et du genre, professeure émérite des Universités
Michelle Perrot, historienne
Françoise Durand, cofondatrice de l’Assemblée des femmes et de l’association Olympe de Gouges Aujourd’hui, ancienne élue au Conseil de Paris
Dominique Gauthiez-Rieucau, historienne et écrivaine
Cécile Calvez, députée des Yvelines, membre de la commission des affaires culturelles et de l’éducation à l’Assemblée nationale
Sylvain Maillard, député de Paris, membre de la commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale
Éric Peyrard, éditeur (éditions Ampelos)
Guillaume Gouffier Valente, député du Val-de-Marne, membre de la commission des lois à l’Assemblée nationale
Fanta Berete, députée de Paris, membre de la commission des affaires sociales à l’Assemblée nationale
Gilles Legendre, député de Paris, membre de la commission des lois à l’Assemblée nationale
Florence Montreynaud, historienne, féministe
Cécile Rilhac, députée du Val-d’Oise, Membre de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation
Irène Tolleret, eurodéputée, membre suppléante de la Commission des droits des femmes et de l’égalité des genres
Aurore Évain, autrice, metteuse en scène et historienne du théâtre
Sophie Mousset, écrivaine
Oristelle Bonis, éditrice (éditions iXe)
Marie Silin, ancienne députée de Paris
Bouchra Sirsalane, conseillère municipale (Puteaux), présidente de l’association Femmes Démocrates
Bibia Pavard, historienne
Gaël Le Bohec, ancien député d’Ille-et-Vilaine, ancien vice-président de la délégation aux droits des femmes à l’Assemblée nationale
Naoual Batiti Guéry, conseillère régionale Normandie, vice-présidente de l’association Femmes Démocrates
Danielle Michel-Chich, journaliste, écrivaine, co-administratrice de Femmes pour le dire, femmes pour agir, (FDFA) présidente de Femmes à la Une
Audrey Lebeau-Livé, cofondatrice d’Égalité Ensemble !
Claire Gillio, vice-présidente de Femmes Monde
Lucie Astic, conseillère municipale à Sucy-en-Brie, vice-présidente de l’association Femmes Démocrates
Henriette Diadio-Dasylva, présidente des Femmes radicales
Dei Muteba, présidente des Olympes du Nord
Anne-France Brunet, ancienne députée de Loire-Atlantique
Séverine Laurent, consultante des médias
Sawsen Clément, enseignante Neoma Business School
Marie Lacquit, conseillère municipale d’Yzeure
Victor Fournier, conseiller municipal de Fécamp
Michelle Zancarini-Fournel, historienne
Christine Bard, historienne
Anne Verjus, historienne, directrice du laboratoire Triangle UMR 5206, CNRS
Azadeh Thiriez-Arjangi, philosophe
Martine Sas-Barondeau, sociologue
Fatimata Niang, trésorière d’Égalité Ensemble !
Nicole Pellegrin, historienne
Francoise Mendy-Lascot, conseillère municipale de Franconville
Julie Marangé, présidente de Feminists in the City
Catherine Pessey-Magnifique, professeure d’économie-gestion
Mathilde Dubesset, historienne
Annie Richard, universitaire, autrice, fondatrice et présidente d’honneur de Femmes Monde.
Armèle Portelli, cofondatrice du collectif 1791
Sylvie Ros-Rouart, Conseillère de Montpellier Méditerranée Métropole, adjointe au maire de Castelnau-Le-Lez, chargée de la culture et de l’égalité Femmes/Hommes
Geneviève Dermenjian, historienne des femmes
Éliane Richard, historienne, Académie des Sciences, Lettres et Arts de Marseille
Annick Leca, Psychiatre
Anne-Marie Clausse, simple citoyenne
Élodie Pinel, autrice, chercheuse en littérature et vice-présidente de #MeTooMedia
Suzanne Dracius, universitaire romancière, poète, membre du Parlement des écrivaines francophones
Martine Storti, ex-prof de philo, ex-journaliste, ex-inspectrice générale, autrice
Cécile Oumhani, romancière, poète, membre du Parlement des écrivaines francophones
Annie Sugier, présidente de la Ligue du droit international des femmes
Sophie Degano, artiste plasticienne, autrice de Grâce à elles
Laurence Dionigi-Lunati, journaliste à 50/50, le magazine de l’Égalité Femme-Homme
Carmen Boustani, professeure des universités, écrivaine, membre du Parlement des écrivaines francophones
Magda Carneci, écrivaine, ancienne directrice de l’institut culturel roumain de Paris, ancienne présidente du PEN Club roumain, chevalière de la Légion d’honneur
Anne Cova, historienne, chercheuse à l’Institut en sciences sociales de l’université de Lisbonne
Ananda Devi, romancière, poète, membre du Parlement des écrivaines francophones
Marie-Rose Abomo-Maurin, poétesse, romancière, membre du Parlement des écrivaines francophones
Alicia Dujovne-Ortiz, journaliste, romancière, poète, critique littéraire, membre du Parlement des écrivaines francophones
Mariem Garaali Hadoussa, peintre, poète, présidente de l’association Voix de femmes,membre du Parlement des écrivaines francophones
Marianne Silberfeld Brouard, professeure de lettres
Madeleine Monette, romancière, poète, essayiste, membre du Parlement des écrivaines francophones et de l’Académie des lettres du Québec
Viktor Lazlo, chanteuse, actrice, romancière
Laurence Gavron, journaliste, documentariste, réalisatrice, photographe, romancière, membre du Parlement des écrivaines francophones
Gaël Octavia, écrivaine, dramaturge, réalisatrice, artiste peintre martiniquaise
Hyam Yared, écrivaine, présidente de Centre PEN Liban
Annie Vergne, dramaturge, metteuse en scène, comédienne
Fawzia Zouari, écrivaine, journaliste, présidente du Parlement des écrivaines francophones
Marie-Françoise Châteauneuf-Maltèse, citoyenne engagée
Danielle Chaine, gynécologue, membre du Zonta Martigues
Franck Pupunat, fondateur et co-animateur du Mouvement UTOPIA
Lise Gauvin, écrivaine, critique littéraire, membre du Parlement des écrivaines francophones
Armelle Pineau, journaliste
Suzanne Delboy, citoyenne engagée
Dora Latiri, Senior Lecturer au College of Arts and Humanities (université de Brighton,
Royaume-Uni), écrivaine, photographe, membre du Parlement des écrivaines francophones
Emna Belhaj Yahia, enseignante, philosophe, écrivaine, membre du Parlement des écrivaines francophones
Élisabeth Conti, infirmière
Claudine Bertrand, écrivaine, chevalière de la Pléiade, Ordre de la francophonie et du dialogue des cultures
Chochana Boukhobza, romancière, réalisatrice de films documentaires
Laure Tourres, bénévole de l’association ALMA13
Suzanne Lorenzo, membre du Zonta international, présidente du Zonta club de Beaune
Pauline Chanu, productrice à France culture
Christine Mouton-Michal, magistrate honoraire
Graciela Barrault, cinéaste
Elisabeth Canet, psychiatre
Olivier Manceron, médecin retraité, écrivain, membre de Zéromacho, de Femmes pour le dire, femmes pour agir et du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes
Laurence Bennaceur, citoyenne engagée
Martine Equilbec, citoyenne concernée
Amina Achour, professeure de Lettres, critique littéraire
Fouzia Hubert, responsable des ressources humaines
Rachida Kaaout, présidente du Haut-Commissariat des diasporas africaines de France
Jaafar Greinche, entrepreneur
Élodie Jauneau, historienne, responsable développement dans une association de malades reconnue d’utilité publique
Ewelina Cals, traductrice
Catherine Marceline, avocate, autrice

POUR SIGNER cette pétition, envoyez vos nom et qualification/titre à : sylvia.duverger orange.fr