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Nigeria : des soldats racontent comment ils ont commis « des assassinats ciblés d’enfants »
Nigeria : un programme d’avortement massif pratiqué de force sur des ex-otages de Boko Haram
samedi 17 décembre 2022, par
Nigeria : un programme d’avortement massif pratiqué de force sur des ex-otages de Boko Haram
Par Le Figaro
Publié le 14.12.22 à 12:06, Mis à jour hier à 15:39
Image : Falta, femme nigériane, a raconté à Reuters avoir vu des soldats de l’armée à côté d’une pile de corps de nourrissons. PAUL CARSTEN / REUTERS
Depuis 2013, l’armée nigériane a voulu mettre fin à la grossesse de près de 10.000 femmes abusées par les rebelles islamistes, selon une enquête de l’agence Reuters publiée le 7 décembre.
L’ampleur des révélations est glaçante. Depuis au moins 2013, l’armée nigériane a mené un programme d’avortement massif, et ce de manière totalement clandestine, dans le nord-est du pays. Selon une longue enquête de Reuters, au moins 10.000 femmes et adolescentes, pour la plupart ancienne otages de Boko Haram - milice islamiste affiliée à al-Qaida, ont subi des avortements forcés, révèle l’agence de presse américaine.
Injections, pilules mystérieuses, pseudo-médicaments contre le paludisme... Tous les moyens ont été utilisés pour camoufler la portée de l’acte aux yeux des femmes et adolescentes, enceintes de quelques semaines à huit mois. Certaines n’avaient pas plus de 12 ans, révèlent les enquêteurs, s’appuyant sur des dizaines de témoins et des milliers d’archives et de documents médicaux.
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Les opérations se sont déroulées la plupart du temps dans des conditions rudimentaires, au sein des bases militaires ou sur le terrain. Certaines ont été battues, menacées à l’aide d’une arme ou droguées pour s’exécuter. D’autres encore ont été attachées pour se voir avaler de force des médicaments abortifs, ont témoigné plusieurs agents de sécurité. Quatre soldats ont assuré avoir vu certaines femmes mourir sur le coup, ou avoir vu leurs cadavres suite à l’injection.
Sur les 33 femmes et filles ayant accepté de témoigner, une seule a affirmé avoir donné son consentement. « Si vous partagez cela avec quelqu’un, vous serez sérieusement battu », les menaçaient ensuite les forces nigérianes.
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Nigeria : des soldats racontent comment ils ont commis « des assassinats ciblés d’enfants »
Vidéo L’agence de presse Reuters s’est entretenue avec quarante sources, personnels de l’armée et familles de victimes.
Publié le 13 décembre 2022 à 16h40
Après avoir révélé la semaine dernière l’existence d’un programme visant à mettre fin aux grossesses d’anciennes captives des membres de Boko Haram, l’agence Reuters raconte comment, dans les zones de combat du nord-est du pays, les militaires ont massacré « des milliers » d’enfants et d’adolescents soupçonnés de complicité avec l’ennemi ou nés des viols commis par les hommes de Boko Haram.
« Oui, parfois, quand nous entrons dans un endroit et que nous trouvons des enfants et des adultes, nous les tuons tous, nous les fusillons tous. Nous ne différencions pas et disons que c’est un enfant et c’est un adulte, parce qu’ils sont tous ensemble », a déclaré un soldat qui a décrit avoir participé au meurtre d’enfants aux abords du village de Kukawa, dans l’Etat de Borno, en juillet 2020. Selon plusieurs témoins, les petites victimes ont ensuite été enterrées dans une fosse commune, aux côtés d’autres civils – hommes et femmes – fusillés à leurs côtés.