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Sur la pédocriminalité, le silence règne encore dans l’Église espagnole

vendredi 13 janvier 2023, par siawi3

Source : https://www.courrierinternational.com/article/opacite-sur-la-pedocriminalite-le-silence-regne-encore-dans-l-eglise-espagnole

Sur la pédocriminalité, le silence règne encore dans l’Église espagnole

Alors que des enquêtes visent à faire la lumière sur les cas de violences sexuelles au sein des institutions religieuses catholiques outre-Pyrénées, le quotidien “El País” reproche à l’Église espagnole de ne pas “révéler ce qu’elle sait”.

Courrier international

Publié le 26 décembre 2022 à 16h33 Lecture 1 min.

Image : Des fidèles se recueillent dans une église de Malaga, dans le sud de l’Espagne, le 1er avril 2021. photo Jon Nazca/REUTERS

“Le silence est accablant”, au grand dam des victimes et de leurs proches, se lamente El País. En décembre 2021, le quotidien généraliste signalait 251 pédophiles présumés au sein des institutions religieuses catholiques du pays. Les informations avaient été transmises au Vatican, qui avait ouvert des enquêtes internes. Cernée par les critiques, la Conférence épiscopale espagnole avait notamment annoncé en février le lancement d’un audit externe confié à un cabinet d’avocats pour recueillir les témoignages de victimes présumées.

Mais selon le journal de centre gauche, l’Église espagnole “refuse toujours de révéler ce qu’elle sait”. En cette fin d’année 2022, El País s’est rapproché de 141 ordres et diocèses à travers le pays pour obtenir des informations sur le nombre de cas dont ils ont connaissance, le nombre de procédures canoniques qu’ils ont ouvertes et le montant des indemnités versées aux victimes. Cependant, “plus d’un mois plus tard, presque aucun d’entre eux n’a fourni d’information”.

Image : La une du quotidien espagnol El País, lundi 26 décembre 2022.

D’après les journalistes Julio Núñez et Íñigo Domínguez, l’Église espagnole a toujours été “à la traîne” vis-à-vis de ces scandales. Faute de données officielles, El País avait ouvert une base de données en 2018 qui comptabilise, à la date du 26 décembre 2022, 906 cas d’abus sexuels et 1 713 victimes au sein des institutions religieuses catholiques espagnoles.

Manque d’attention

Après des débats sur la méthode à adopter, les députés espagnols ont approuvé la création d’une commission d’enquête indépendante présidée par le Défenseur du peuple (l’équivalent du Défenseur des droits en France) pour enquêter sur ces cas de pédocriminalité dans ce pays où la tradition catholique est encore très prégnante.

L’Espagne emboîtait le pas de pays comme la France (dont le rapport Sauvé, rendu public en octobre 2021, était applaudi à l’époque par la presse espagnole).

Lire aussi Pédocriminalité. Le rapport Sauvé, “un exemple à suivre pour l’Église polonaise”

En plus de son “silence”, El País reproche à l’Église espagnole – qui a ouvert des bureaux d’aide aux victimes dans les diocèses, en 2020, sous la pression du Vatican – son manque d’attention envers les victimes présumées : “Parfois, une enquête n’est même pas ouverte s’il n’y a pas une plainte directe de la victime (alors que ce n’est plus la condition sine qua non) ; la victime n’est pas informée de la possibilité d’une indemnisation ; lorsque c’est le cas, des clauses de silence sont imposées ; et même s’il y a une condamnation de l’abuseur, la victime n’est pas informée de l’affaire, pas même du nom de l’accusé lorsqu’elle ne s’en souvient pas, quand bien même l’Église l’a identifié.”

Courrier international