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Aux Etats-Unis, la mise à l’écart d’une universitaire ayant montré des images de Mahomet fait polémique

samedi 14 janvier 2023, par siawi3

Source : https://www.lexpress.fr/societe/religion/aux-etats-unis-la-mise-a-lecart-dune-universitaire-ayant-montre-des-images-de-mahomet-fait-polemique-AOWYP7ZDHRFJ3MCNKT3W2EJ5PA/

Religion et laïcité

Aux Etats-Unis, la mise à l’écart d’une universitaire ayant montré des images de Mahomet fait polémique

Une professeure d’histoire de l’art dans le Minnesota a montré à ses étudiants une peinture médiévale représentant le prophète. Son contrat n’a pas été renouvelé.

Les cas de censure se sont multipliés aux Etats-Unis ces derniers mois, un phénomène résumé par le terme « cancel culture ».

Par Alexis Da Silva

Publié le 10/01/2023 à 15:43

Peut-on encore montrer Mahomet dans les universités américaines ? C’est la question qui agite les Etats-Unis, après qu’Erika López Prater, une universitaire spécialiste de l’histoire de l’art à l’université d’Hamline (Minnesota), a été mise à l’écart pour avoir présenté à ses étudiants une peinture médiévale représentant le prophète. La controverse remonte en octobre : la professeure, dans le cadre d’un cours en ligne, diffuse l’une des premières histoires islamiques illustrées du monde, « A Compendium of Chronicles », écrite au 14e siècle par Rashid-al-Din. L’un des tableaux illustre alors l’ange Gabriel, ordonnant au prophète Mahomet de réciter les paroles de Dieu. Consciente que certains étudiants puissent être gênés par cette représentation, Erika Lopez Prater les a avertis quelques minutes auparavant, autorisant ceux qui le souhaitent à quitter la classe. Le programme de son cours précisait déjà que des personnages saints, comme le prophète ou Bouddha, seraient montrés.

Mais ces précautions n’ont apparemment pas suffi. Une de ses étudiantes a estimé que l’image était irrespectueuse, et s’est plaint à l’administration. D’autres étudiants, qui n’étaient pas présents dans ce cours, ont soutenu la démarche, estimant que c’était une attaque contre leur religion. Un mois plus tard, en novembre, l’université condamne le choix de l’enseignante dans un mail destiné aux élèves. Le doyen de Hamline définit comme « indéniablement inconsidérée, irrespectueuse et islamophobe » la décision d’étudier cette image. La présidente de l’établissement, elle, cosigne un mail selon lequel « le respect des étudiants musulmans aurait dû primer sur la liberté académique ». Erika Lopez Prater est écartée dans la foulée.

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Une éviction polémique

Cette décision a depuis lors fait polémique. Dans la presse américaine, plusieurs spécialistes de l’art islamique ont contesté l’idée que l’intention d’Erika López Prater était de manquer de respect au prophète, contrairement aux caricatures de Charlie Hebdo par exemple. De son côté, l’association Academic Freedom Alliance exige dans un courrier adressé à l’université en janvier la réintégration immédiate de l’enseignante. « Si un professeur d’histoire de l’art ne peut pas montrer à des étudiants d’université une œuvre d’art essentielle de peur que des étudiants ou un groupe offensé puissent le faire renvoyer, alors il n’y a aucune garantie de liberté académique dans cette institution et aucun engagement envers l’enseignement supérieur », peut-on y lire.

Le président du département de religion de l’université Hamline a tenté de faire passer un message d’apaisement dans le journal étudiant de l’établissement. Dans sa lettre ouverte, il explique notamment que l’objectif de cette œuvre était de glorifier Mahomet et non de le dénigrer ou de l’humilier. Peu convaincus, des étudiants rédacteurs ont choisi de faire retirer ce texte, estimant qu’il « aggravait le préjudice causé » aux membres de leur communauté.

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La principale concernée, elle, a estimé qu’elle avait l’impression d’avoir reçu « un seau d’eau glacé sur la tête », rapporte le New York Times. Une pétition sur le site Change.org en soutien à l’universitaire et réclamant une enquête a recueilli plus de 7 600 signatures depuis le 24 décembre.