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France : Toulouse : Une Iranienne ayant fui son pays sous le coup d’une obligation de quitter le territoire
samedi 21 janvier 2023, par
Toulouse : Une Iranienne ayant fui son pays sous le coup d’une obligation de quitter le territoire
Expulsion Placée en centre de rétention depuis deux jours à Cornebarrieu, au nord de Toulouse, la juge des libertés et de la détention du tribunal judiciaire de la Ville rose a décidé de la relâcher après une audience ce mercredi
Béatrice Colin
Publié le 18/01/23 à 18h46
Une Iranienne de 38 ans ayant fui son pays a été interpellée à Chambéry il y a trois jours et placée en centre de rétention près de Toulouse.
Ce mercredi, lors d’une audience au tribunal judiciaire, la juge des libertés et de la détention a libéré la jeune femme qui a participé aux manifestations en Iran avant de s’enfuir.
Si elle a recouvré la liberté, elle se retrouve toujours sous le coup d’une obligation de quitter le territoire.
Elle porte un sweat blanc à capuche, un jean et ses cheveux sont tressés en une longue natte noire. A 38 ans, Farideh ressemble à nombre de ces Iraniennes qui marchent depuis plusieurs semaines dans les rues de Téhéran pour demander plus de liberté, après quatre décennies de privations. Il y a encore deux mois, elle était à leurs côtés pour dénoncer les méthodes de la République islamique, tout comme son frère aujourd’hui en détention, ou sa sœur, qui y a fait un court séjour.
Un pays qu’elle a décidé de fuir il y a deux mois. Après un passage par l’Italie, avant de rallier Londres où son fiancé l’attend, elle a atterri à Chambery. Là, à sa descente d’avion elle a été interpellée.
« Plutôt mourir ici que d’y retourner »
Trois jours plus tard, et après quarante-huit heures passées au centre de rétention de Cornebarrieu, c’est à la barre du tribunal judiciaire de Toulouse qu’elle s’est exprimée face à la juge des libertés et de la détention. « Je préfère mourir ici que de repartir en Iran », a-t-elle indiqué dans sa langue maternelle. « Elle a peur », a aussi dit la traductrice venue l’assister.
« Elle était mariée et avait deux enfants avec son conjoint. Celui-ci la battait, un jour il lui a fracassé le nez, elle a alors décidé de s’enfuir et de porter plainte. Sauf que, en Iran, ce n’est pas comme chez nous, la plainte a été étouffée par son mari, elle a perdu la garde de ses enfants qu’elle n’a pas revus depuis cinq ans. Elle a été invitée à retourner vivre chez son père », raconte son avocat, Alexandre Mazeas, qui critique les méthodes de la préfecture de Savoie « qui a mis moins de quarante-huit heures à saisir le consulat d’Iran à Paris pour obtenir un laissez-passer pour la mettre dans un avion et la renvoyer ».
Devant la juge des libertés, il a appuyé ses propos en soulevant des points de droit, notamment sept irrégularités dans la procédure entre le moment où la jeune femme a été interpellée et le moment où elle est arrivée au centre de rétention de Toulouse. Des points que le représentant de la préfecture de la Haute-Garonne n’a pas contredits, indiquant que les services de l’Etat, pourtant à l’origine de son placement en rétention, s’en remettaient « à l’appréciation du juge ».
Sous le coup d’une obligation de quitter le territoire
Les arguments de la défense ont en tout cas porté puisque Farideh a recouvré la liberté mercredi en fin d’après-midi à la suite de la décision favorable de la juge. « Le gouvernement est hypocrite. D’un côté on a Macron qui reçoit les femmes iraniennes à l’Elysée en leur apportant leur soutien et derrière on a des incarcérations. A Toulouse c’est la deuxième femme iranienne placée en centre de rétention ces dernières semaines. La première a été libérée, car si le gouvernement n’a pas d’humanité on a des juges qui en ont un peu plus et comprennent la gravité de la situation à renvoyer ces femmes en Iran », a réagi Alexandre Mazeas.
Un avis partagé par le Cercle des voisins du centre de rétention de Cornebarrieu. « Ces deux femmes fuyaient pour la même raison, elles allaient toutes les deux aux manifestations pour plus de liberté. Elles vivent la situation des femmes iraniennes et, à peine arrivées, elles se retrouvent dans une prison française, parce que le centre de rétention c’est un lieu de privation de libertés. On n’est pas foutu d’écouter l’actualité. Quand on a une femme iranienne, on doit la protéger, on ne doit pas la remettre dans un avion qui repart pour Téhéran. On a un peu honte quand on voit ce genre d’histoire », plaide Alain Cwiklinski, un des bénévoles de l’association qui prendra en charge ce soir Farideh, pour son premier jour en France en liberté.
Mais avec une épée de Damoclès aussi au-dessus de la tête puisqu’elle fait toujours l’objet d’une obligation de quitter le territoire. Une mesure administrative contre laquelle ses avocats ont déposé un recours devant le tribunal administratif qui devrait être audiencé d’ici 15 jours. « Et le tribunal peut prendre en compte les risques en cas de retour, il est compétent et l’a déjà fait pour un précédent cas », indique Me Mathilde Bachelet, une des avocates de Farideh, qui a « bon espoir ».