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Afrique : Seidik Abba : sur Wagner, « le Burkina Faso va être très prudent »

lundi 20 février 2023, par siawi3

Source : https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230130-mali-iyad-ag-ghaly-rencontre-les-groupes-signataires-de-l-accord-de-paix-pr%C3%A8s-de-kidal

Afrique
Seidik Abba : sur Wagner, « le Burkina Faso va être très prudent »

Publié le : 25/01/2023 - 06:26

Après le départ des militaires français, le Burkina va-t-il accueillir les mercenaires russes du groupe Wagner ? C’est la question que tout le monde se pose au lendemain de la décision du capitaine Traoré, le président de la transition burkinabè, de fermer la base militaire où étaient stationnées les forces spéciales françaises de la force Sabre.

Entretien avec l’essayiste Seidik Abba qui publie Mali - Sahel, notre Afghanistan à nous ? (Impact Éditions).

Ecoutez ici 5:42

Des soldats burkinabè lors d’un entraînement près de Ouagadougou (photo d’illustration). © AFP/Issouf Sanogo

RFI : Est-ce que le refus des Français de soutenir militairement et financièrement les milices villageoises VDP (Volontaires pour la défense de la patrie) a pu peser dans la décision de Ouagadougou ?

Seidik Abba : Non, pas vraiment. Je pense que l’élément déterminant a été l’évaluation qui a été faite par les autorités burkinabè du fait que la présence des forces spéciales françaises au camp de Kamboinsin de Ouagadougou n’a pas apporté de vraie valeur ajoutée à la stratégie nationale de lutte contre le terrorisme. Et les autorités burkinabè ont fait une évaluation. Pour elles, que les forces spéciales soient là où qu’elles ne soient pas là, ça ne change pas la donne.

Est-ce que le Mali du colonel Assimi Goïta sort renforcé de la décision du Burkina Faso ?

Oui. De toute évidence, cette décision du Burkina Faso rompt un peu l’isolement diplomatique des militaires du Mali.
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Mais, est-ce que le Mali a encouragé le Burkina Faso à prendre cette décision ?

C’est difficile à dire, mais il y a des indices quand même qui amènent à penser que le Mali, s’il n’a pas pesé dans la décision, a pu l’inspirer au moins, puisque l’on sait que le Premier ministre de transition burkinabè [Kyélem Apollinaire de Tambèla] s’est rendu au Mali avant son voyage à Moscou. On sait que les présidents Ibrahim Traoré et Assimi Goïta se parlent régulièrement.

À lire aussi : Le Burkina Faso s’inspire-t-il du Mali dans ses relations avec la France ?

Comment voyez-vous l’avenir ? Pensez-vous que le Burkina comme le Mali va aller jusqu’au bout de la rupture avec la France et va accueillir le groupe de miliciens russes de Wagner ou pensez-vous qu’au contraire, le Burkina va rester dans une démarche plus prudente ?

Moi, je pense que le Burkina, compte tenu des relations qu’il a avec ses voisins, et compte tenu de la très bonne coopération militaire qu’il a avec à la fois le Mali et le Niger, et compte tenu aussi de la relation qu’il a avec les autres pays, parce que le Burkina a la particularité d’être le pays sahélien qui a des frontières avec quatre pays du golfe de Guinée : le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo, qui sont sur l’agenda des jihadistes… Compte tenu de tout cela, je ne pense pas que le Burkina va s’aliéner ses bons rapports avec ses voisins au profit de la contractualisation des services de Wagner. Et pour l’instant, ce que le Burkina a expliqué, c’était simplement la demande de départ des forces spéciales. Le reste de la coopération militaire avec la France reste maintenu. Donc, ils ne sont pas dans une démarche de rupture totale comme on a pu le voir avec Bamako. Et je pense que c’est cela l’option pour le Burkina, parce que, en contractant les services de Wagner, il pourrait s’aliéner le partenariat militaire qui est très efficace avec un pays comme le Niger.

Oui, mais il y a un mois [le 13 décembre], au sommet de Washington, le président ghanéen Nana Akufo-Addo a poussé un cri d’alarme : attention, il y a des miliciens russes de Wagner à la frontière Burkina-Ghana…

Oui. On sait que le pouvoir burkinabè a réagi en disant que, pour l’instant, cette présence militaire n’est pas vérifiée, que, pour l’instant, eux, ils n’ont pas contracté les services de Wagner, et peut-être même qu’ils n’ont pas l’intention de le faire. C’est clair que Wagner, au-delà du Ghana, suscite une certaine inquiétude dans la sous-région. D’autres pays aussi de la sous-région sont inquiets de la présence de Wagner. Et c’est pour ça que, à mon avis, le Burkina va être très prudent dans cette étape avant de contracter les services de Wagner parce que, en le faisant, il pourrait s’aliéner le soutien des autres pays de la sous-région. Et à mon avis, au regard de la performance de Wagner au Mali, il n’est pas évident, si l’on met sur la balance la présence de Wagner et la coopération avec les pays de la sous-région, que cette balance penche au profit de Wagner. Les autorités burkinabè, à mon avis, feront le choix de valoriser la construction de la réponse transnationale avec les autres pays de la sous-région plutôt que de faire venir Wagner, dont la performance, aujourd’hui, 18 mois après le début de leur présence au Mali, ne paraît pas très évidente.

Donc, à vous écouter, les quatre pays de la frontière sud du Burkina que sont la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo et le Bénin, n’ont pas de raisons de s’inquiéter plus que cela ?

Non, je pense que les pays n’ont pas à ce stade de raisons de s’inquiéter. À la différence du Mali, le Burkina a une tradition de défense de souveraineté qui, de mon point de vue, limite les risques d’une arrivée sur son territoire de Wagner.

Est-ce qu’après la décision de ce lundi, la France a définitivement perdu la main au Burkina Faso ?

En tout cas, la France est dans une position délicate. Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est trouver très vite les moyens de reprendre la main, puisque le Burkina n’a pas fermé la porte à toute coopération militaire avec la France. Il y a des possibilités, par exemple le partenariat de combat que la France est en train de développer avec le Niger, c’est-à-dire avoir des unités mixtes française et nigérienne, envisager des unités mixtes française et burkinabè. Si on entre dans une nouvelle stratégie, dans un nouveau partenariat militaire, qui peut être plus efficace au point de vue des résultats, avec le Burkina aussi, rien n’est encore perdu. Il faut maintenant trouver l’intelligence de continuer autrement la coopération, parce que toute la crispation, c’est parce qu’on ne voit pas la valeur ajoutée de la présence militaire. Si jamais la France réarticule sa présence militaire au Sahel, ça peut être l’occasion de répondre aux besoins nationaux du Burkina, d’avoir un autre type de partenariat. Tout n’est pas encore perdu. Il y a des possibilités, à condition de changer de paradigmes et de stratégies.

°°°

Source :https://www.youtube.com/watch?v=W-UAqapN7og

Burkina Faso : plutôt Wagner que les français !

LCI

23 janv. 2023

Après le Mali, c’est au tour du Burkina Faso de demander le départ des troupes françaises du territoire. Selon des sources locales, le pouvoir aurait donné un mois à nos militaires pour quitter le territoire.
Une décision aussi liée à l’influence grandissante de la Russie sur place.

Video ici 6:38