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France
Ramadan l’avait rêvé, les juges l’ont fait
par Bénédicte Charles (dans marianne)
vendredi 6 juin 2008
SOURCE : Les Editos de marianne
La décision du tribunal de Lille, dont Rachida Dati a finalement demandé au Parquet de faire appel, est plus qu’une régression : c’est une défaite de la République.
La preuve qu’on dit beaucoup de conneries au nom de la liberté
Le 1er avril dernier, le tribunal de Lille décidait l’annulation d’un mariage au motif que la jeune épousée n’était pas vierge. Les puristes diront que ça ne s’est pas tout à fait passé comme ça, qu’il était question de « qualités essentielles » des époux, etc. Mais en réalité, on est bel et bien face à une décision de justice qui tient compte du fait que pour les jeunes mariés, tous deux musulmans, la virginité était cruciale. Nadine Morano a beau jouer les candides en affirmant qu’il en aurait été de même si un couple de catholiques avait formulé cette demande, on ne trouve curieusement, dans notre époque, pas trace de mariage annulé à la demande de cathos intégristes sous prétexte que la mariée n’était pas vierge - et ce n’est certainement pas dû au fait que les jeunes filles catholiques sont moins portées sur la chose que leur copines musulmanes !
La femme musulmane n’est pucelle qu’on croit
Les belles âmes kantiennes, pour leur part, trouvent que ce jugement n’est pas condamnable car il a permis à la jeune femme d’échapper à un mariage apparemment arrangé, pour ne pas dire forcé. C’est ce qu’a expliqué Rachida Dati dans un premier temps, avant de demander (au bout de deux mois !) au Parquet de faire appel du jugement. Ainsi, la fin - sauver une pauvre femme - justifierait-elle les moyens - rendre une décision qui constitue une régression totale. On connaît ce discours. C’est le même que celui des idiot(e)s utiles du fascisme vert qui, en 2004, manifestaient contre la loi sur le voile à l’école, en affirmant que le foulard était une forme d’émancipation de la femme, parce qu’il lui permettait précisément d’aller à l’école. Tandis que la tête nue lui valait de rester cloîtrée à la maison. Que la scolarité soit, voilée ou pas, obligatoire jusqu’à 16 ans n’avait à l’évidence pas eu l’air d’effleurer les consciences féministes de ces jeunes militantes décidément bien obéissantes. Bref, la fin - scolariser les jeunes musulmanes voilées - justifiait les moyens - autoriser dans les écoles de la République le port du voile, en contradiction avec les principes républicains. Aujourd’hui, on nous sert exactement la même chose. Sauf que les prétendues féministes islamistes n’ont même pas eu à monter au créneau : c’est nous, nous les compassionnels idiots, qui sommes tombés dans le panneau tout seuls. Parce qu’aux yeux des journalistes émotionnés il n’y a rien de pire que le calvaire d’une jeune femme qui subit un mariage contre son gré.
Il y a pire, pourtant : les lois de la République qui subissent leur mariage forcé avec celles de l’islam radical. Nous assistons à la victoire des thèses de Tariq Ramadan. Lequel prédit, à mots couverts, depuis des années que dans le combat de l’islam contre la République, ces deux entités aux principes si contradictoires, c’est la République qui finira par plier car elle a pour vocation d’intégrer, tandis que l’islam cherche seulement à convertir.
Mais la décision du tribunal de Lille n’est pas un simple épisode de ce combat. C’est une victoire. Et en cela, c’est une honte.
Lundi 02 Juin 2008 - 23:33
Bénédicte Charles