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Algérie : Analyses croisées des tentatives d’organiser une négociation avec le pouvoir
dimanche 7 juillet 2019, par
Rahabi sur les ondes de la radio nationale / Le dialogue, le compromis et l’élection présidentielle comme feuille de route
Par
Massinissa Mansour
7 juillet 20197
Le coordinateur du Forum du dialogue national, M. Abdelaziz Rahabi est intervenu ce dimanche matin sur les ondes de la radio nationale pour assurer le service après-vente de la conférence nationale qui a tenu sa première réunion hier à l’école supérieure d’hôtellerie d’Aïn Beniane. Tout au long de son intervention, il a essayé de convainque du bien-fondé de l’initiative et de son attachement aux revendications des Algériens. Yatnahaw_Ga3 ne semble pas faire partie des impératifs de son initiative.
Tout au long de son intervention, M. Rahabi a souligné que l’initiative qu’il coordonne n’est qu’une ébauche de dialogue, qui donnera peut-être lieu à une conférence élargie entre les forces de l’opposition.
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Interrogé sur l’absence des partis de l’ex-alliance présidentielle ainsi que les autres partis satellites du régime, l’ancien ministre a expliqué que ce n’est pas une priorité, car le forum se concentre sur les différentes forces de l’opposition et de la société civile, afin de se mettre d’accord sur les mécanismes à mettre en place pour aboutir à des élections présidentielles crédibles.
Sans l’assumer, cette conférence se donne pour objectif de concilier entre la feuille de route de l’état-major et des propositions secrétées par son dialogue élargit. C’est l’essence même d’une solution basée sur le compromis.
Il faut cependant mettre en relief les vives réactions suscitées par la réunion d’hier. Au-delà des ambigüités qui entourent cette initiative, ces visées et la nature des participants, ainsi que la crédibilité de plusieurs d’entre eux aux yeux des gens du Hirak, les Algériens ont exprimé leur indignation sur les réseaux sociaux de voir certaines personnes très controversées à l’image d’un Noureddine Khettal, promoteur de discours racistes, mais aussi, d’un Abdelmounim Chitour, arrêté en 2016 pour des posts Facebook faisant l’apologie de DAECH ! Participer aux débats !
Dans son intervention, M. Rahabi s’est beaucoup attardé sur la situation politique, en soulignant que « l’impasse actuelle (…) peut avoir des conséquences imprévisibles ». Selon lui, l’organisation d’une élection présidentielle crédible est la seule issue qui peut préserver le pays des conséquences de cette impasse tant redoutée. Interrogé sur la date de ce scrutin, il a répondu que « personne n’est aujourd’hui en mesure de fixer une date pour une élection présidentielle. Ni la présidence de la République, ni aucune force politique ni nous même ». « L’élection sera organisée quand les mesures de confiance seront mises en place et quand les Algériens seront convaincus de la sincérité du pouvoir », a-t-il avancé.
Le marketing de la solution négociée et du compromis
À la question de savoir quels sont les préalables à un accord sérieux avec le régime, Abdelaziz Rahabi répond qu’ « il n’y a pas de préalable insurmontable ». « On entre souvent dans une négociation avec des préalables pour arriver à des solutions de compromis solides (…) sans céder sur le fonds ». Selon lui, ce compromis se basera sur les garanties que le pouvoir doit donner pour organiser les élections.
Le coordinateur du forum du dialogue national a, ensuite, mis en exergue une évolution dans le discours du chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah. Selon lui, le dernier discours de Bensalah apporte des solutions techniques pour l’organisation d’un scrutin présidentiel. M. Rahabi souligne, cependant, la persistance de certaines pratiques du régime, notamment en ce qui concerne les atteintes à la liberté d’exercice des activités politiques, la liberté de réunion, les intimidations et interpellations durant les marches et la fermeture de l’audiovisuel public.
L’intervenant a également défendu l’idée selon laquelle l’initiative qu’il coordonne a pour vocation d’aboutir une solution pérenne qui ne soit pas négociée à n’importe quel prix.
À ce titre, il a exprimé la nécessité de défendre les positions de principes qui sont celles du Hirak. La tournure peut sembler attrayante, mais le contenu donne l’impression que des concessions ont déjà été faites : selon Rahabi, les aspirations des manifestants sont celles de combattre la corruption, la hogra (oppression, persécution) et garantir aux Algériens leurs libertés collectives et individuelles.
À aucun moment, le coordinateur du Forum de dialogue national n’a évoqué le principe de rupture définitive incarnée par les revendications de démantèlement du système, le départ de ceux qui ont maintenu ce même système en vie durant 57 ans et l’avènement d’une nouvelle république. Ce sont pourtant les revendications du Hirak.
À la question de savoir si ce dialogue à vocation à négocier avec la présidence de la République ou avec l’institution militaire, Rahabi répond que « si il faut discuter, nous discuterons avec l’État algérien et l’État algérien a un président ». Ainsi, la question du rôle de l’armée dans le champ politique a totalement été éludée, malgré la nécessité de traiter la question une fois pour toutes !
VIDEO ici
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La présidentielle comme moyen de sortie de crise : Les partisans du dialogue posent leurs conditions
La présidentielle comme moyen de sortie de crise : Les partisans du dialogue posent leurs conditions la présidentielle comme moyen de sortie de crise Les partisans du dialogue posent leurs conditions Photo : Lyès Hebbache)
Madjid Makedhi
07 juillet 2019 à 10 h 35 min
Les participants au Forum pour le dialogue national ne rejettent pas la dernière offre du chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah. Mais ils conditionnent ce processus par la satisfaction d’un certain nombre de préalables, tels que la libération des détenus d’opinion, dont le moudjahid Lakhdar Bouregaâ, et la levée de toutes les pressions sur le mouvement populaire et sur les médias publics notamment.
Les intervenants, dont certains ont relevé des « points positifs » dans le dernier discours du chef de l’Etat, insistent, en effet, sur la nécessité de voir le pouvoir donner des gages de sa bonne volonté, en plus de son engagement à ne pas chapeauter le dialogue prôné. « La sortie de cette impasse politique passe par la mise en place de mesures devant réinstaurer la confiance et préparer le climat nécessaire au dialogue.
Ces mesures doivent porter sur la reconnaissance des revendications légitimes du mouvement populaire, la mise à l’écart des symboles de l’ancien régime, l’ouverture du champ politique et médiatique avec la levée de toutes les contraintes », lit-on dans le document préparé par les initiateurs. Le texte énumère aussi d’autres mesures importantes, dont la sécurisation des marches populaires et la cessation du harcèlement des manifestants, le respect des libertés individuelles et collectives, l’arrêt des interpellations et le respect du principe de la justice libre et indépendante. Les participants au Forum insistent aussi sur la nécessité de mettre en place un gouvernement de compétences nationales et la mise à l’écart du personnel politique impliqué dans des affaires de corruption ou qui a soutenu le 5e mandat du président déchu, Abdelaziz Bouteflika.
Beaucoup d’absences
Première étape d’un long processus qui vise, selon les organisateurs, à rapprocher les points de vue de tous les acteurs, ce Forum s’est tenu sans la présence de nombreux acteurs et de personnalités nationales. Outre les forces de l’alternative démocratique, qui ont décliné l’invitation, aucune des personnalités annoncées n’a pris part au rendez-vous. Seul Ahmed Taleb Ibrahimi a, selon Abdelaziz Rahabi, coordinateur de l’instance de préparation de ce Forum, envoyé un message pour s’excuser. Les dynamiques de la société civile qui ont adopté, le 15 juin dernier, leur plateforme de sortie de crise, ont été représentées par Sadek Dziri, secrétaire général de l’Unpef. Mais sa présence à la conférence n’avait pas pour but de faire partie de la feuille de route proposée hier.
Car la société civile veut aller vers une « conférence nationale unitaire et consensuelle regroupant toutes les sensibilités politiques, notamment, de toutes les mouvances des partis politiques et de la société civile ». Présent à la conférence en tant qu’invité, le président du parti Jil Jadid, Soufiane Djilali, a présenté la proposition de sa formation pour « un changement profond politique et institutionnel ». « En tant que société politique, nous sommes interpellés pour respecter la volonté populaire et la traduire en propositions concrètes devant offrir au pays paix, sécurité et développement. Le fondement d’une telle solution est la légitimité populaire dont devra se revêtir tout responsable politique et dont l’action devra être encadrée par des institutions démocratiques, dont les pouvoirs sont limités et équilibrés », explique-t-il.
Les réformes après la présidentielle
« Après l’élection présidentielle, un processus constituant devra être mis en route de manière inclusive pour enfin aboutir à une Constitution de la nouvelle Algérie », souligne Djilali Soufiane. C’est ce que pense d’ailleurs la majorité des participants pour qui « la priorité est le dialogue et l’entente sur la date de la tenue d’une présidentielle libre et transparente ». « Notre premier devoir est de contribuer à hâter le règlement de la crise actuelle en aidant à l’identification de la voie la moins longue, la moins risquée et la moins coûteuse pour le pays politiquement, sécuritairement, économiquement et socialement », affirme, pour sa part, Ali Benflis, président du parti Talaie El Hourriyet. Selon lui, le plus important pour l’instant est de « remplacer les points de divergence par des points de convergence ». « (…) Toutes les lignes de clivage ou de fracture et tous les points de divergence à propos de la transition, du changement de régime, de la présidentielle ou de la Constituante me semblent relever plus d’une hiérarchisation des priorités que de problématiques de fond », indique-t-il, précisant que « les grandes nations se sont construites par de grands compromis historiques ».
De son côté, le président du MSP, Abderrezak Makri, estime que « ce qui peut préserver les acquis du hirak est une véritable transition démocratique et mettre en place des institutions fortes et crédibles ». Le leader du MSP soutient toutefois l’idée de la Constituante, estimant que « la révision profonde de la Constitution interviendra après la présidentielle ». Pour lever toute équivoque sur la conférence, Abdelaziz Rahabi a tenu à préciser que les frais de son organisation ont été entièrement assumés par les participants.
Ils ont dit :
Soufiane Djilali, président de Jil Jadid : « Le régime doit négocier son départ »
« (… ) Il est une évidence pour tous que cette révolution pacifique doit aboutir à travers un dialogue sérieux et fertile entre le pouvoir et la société politique. Pour sa réussite, il est nécessaire d’avancer des gages de bonne volonté, de s’entendre sur une feuille de route et d’aller résolument vers la mise en forme des garanties négociées. Si le pouvoir actuel est sincère dans sa volonté d’aider au changement exigé par le peuple, tel qu’il le proclame, il doit remettre en liberté tous les détenus d’opinion. Il n’est pas possible de dialoguer alors que des jeunes et des moudjahidine sont en prison pour avoir participé à une manifestation, avoir arboré l’emblème amazigh ou même avoir critiqué les dirigeants du pays. Un tel pas est un préalable qui favorisera, à n’en pas douter, la mise en forme du dialogue. Dans tous les cas de figure, il n’y a aujourd’hui, pour les tenants du régime, plus qu’une seule issue : organiser la passation de pouvoir au peuple. Toute autre manœuvre aboutira à une situation inextricable. Le régime doit négocier son départ et non pas son maintien (…). »
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Ali Benflis, président de Talaie El Hourriyet : « L’impasse ne peut être surmontée que par un dialogue serein »
« (…) L’impasse politico-constitutionnelle ne peut être surmontée que par un dialogue national serein, crédible et confiant (…). Il s’agit d’un dialogue mis hors de portée des institutions politiques discréditées et placées sous l’égide de personnalités nationales jouissant du respect, de l’acceptation et de la confiance les plus larges. Il s’agit d’un dialogue qui place au premier rang de son ordre du jour la création de conditions politiques les plus favorables à la tenue du scrutin présidentiel. Il s’agit, aussi, d’un dialogue dont l’ordre du jour consistera à réunir les conditions institutionnelles de l’élection présidentielle, notamment par la mise en place d’une autorité électorale investie de l’intégralité des missions de préparation, d’organisation et de contrôle de cette élection. Il s’agit, en outre, d’un dialogue devant conduire à l’amendement du régime électoral dans toutes ses dispositions se rapportant à l’élection présidentielle. Il s’agit, enfin, d’un dialogue devant convenir d’un délai raisonnable et acceptable pour la tenue de l’élection présidentielle (…). Le message à la nation du 3 juillet (…) a présenté une base certes encore incomplète, sur laquelle il est possible d’envisager une sortie de l’impasse actuelle (…). »
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Abderrezak Makri, président du MSP : « L’appel au dialogue est à saluer »
« (…) Le dialogue permanent entre les partis politiques, les personnalités nationales et la société civile a permis de rapprocher les visions des uns et des autres. La majorité des dynamiques véritablement représentatives est convaincue que la consécration de la démocratie et la mise en place de profondes réformes constitutionnelles interviendront après la tenue d’une élection présidentielle, dont l’échéance devrait être raisonnable et proche. La désignation d’une Constituante pour la refondation de l’Etat est impensable et antidémocratique, alors que les longues périodes de transition ont abouti, dans la majorité des cas, à la désintégration. Aujourd’hui, tout le monde est favorable au respect du cadre constitutionnel, à condition de mettre en place des dispositions politiques de nature à concrétiser la volonté populaire (…) L’appel au dialogue est, en soi, à saluer. La non-fixation d’une date pour la prochaine élection présidentielle constitue un pas positif. Il est aussi encouragent de vouloir faire appel à des personnalités crédibles. En revanche, ceci ne peut être porteur de sérénité que si le chef de l’Etat jouit de la crédibilité, demeure convaincu de la démocratie et n’est pas impliqué dans la corruption et la fraude électorale. »
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Abdallah Djaballah, président du FJD : « Il faut des mesures d’apaisement »
« Nous devons nous entendre sur une vision commune pour la réalisation des revendications légitimes du peuple algérien. Il faut aller vers un dialogue qui garantirait des élections propres et transparentes. Le dialogue ne passe pas seulement par la création d’une instance de surveillance des élections, mais doit aussi concerner toutes les thématiques liées à l’activation de l’article 7 de la Constitution. Ceci dit, avant de s’engager dans tout processus de dialogue, il faut des mesures d’apaisement. Le peuple veut des preuves de bonne foi des décideurs. A ce titre, il faut restaurer la confiance à travers la libération des détenus d’opinion. »
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Sadek Dziri, représentant des dynamiques de la société civile : « Il faut un climat politique approprié »
« Les dynamiques de la société civile condamnent fermement la politique de répression et les arrestations, qui ont touché les militants et les acteurs du mouvement populaire pacifique, et la politique de harcèlement et de pression sur la liberté systématique du peuple algérien. Voilà pourquoi nous lançons un appel urgent à la libération des prisonniers d’opinion et des militants du mouvement populaire, l’arrêt des arrestations et des poursuites judiciaires à leur encontre. Nous insistons sur le caractère inévitable d’un climat politique approprié pour assurer l’exercice du dialogue en prenant des mesures d’apaisement afin d’établir la confiance dans le cœur des citoyens et d’assurer leur implication effective dans cette voie nationale. »
Propos recueillis par Hocine Lamribe
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Mohcine Belabbas à l’ouverture des travaux du Conseil national de son parti : « L’option qui consiste à réduire la crise à une élection présidentielle est la pire »
Iddir Nadir
07 juillet 2019 à 10 h 10 min
Mohcine Belabbas, le président du parti Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), considère que l’état-major de l’armée s’est rangé « par opportunisme » du côté du mouvement populaire. « Quelques semaines après de grandioses démonstrations unitaires de rue, l’état-major de l’armée s’est rangé par opportunisme du côté du mouvement populaire pour exiger la démission de Bouteflika. Il a, du même coup, mis la main sur l’ensemble de l’appareil répressif du pays, y compris l’appareil judiciaire jusque-là contrôlé par le clan présidentiel », a affirmé, hier, Mohcine Belabbas dans son allocution d’ouverture des travaux du conseil national de son parti.
Pour lui, « l’unique but de ce ‘‘nettoyage’’ par le biais de la récupération de l’appareil judiciaire est de baliser la voie pour les militaires afin d’installer une nouvelle potiche au niveau de la présidence de la République ».
Selon le président du RCD, la « neutralisation » de la volonté populaire s’appuie sur plusieurs axes. Il s’agit de « l’instrumentalisation de l’appareil judiciaire pour le traitement de dossiers triés par l’armée, dans leur chronologie, et le tri des personnages poursuivis, le tout sous le feu des médias contrôlés par le vice-ministre de la Défense, procède de deux motivations : la première est de répondre, ne serait-ce que partiellement mais forcément partialement, à une exigence du soulèvement (Klitou lebled ya serrakine), la deuxième, et qui est la plus importante pour la hiérarchie militaire, est de neutraliser durablement le clan qui s’était disputé avec l’armée le contrôle de la vie du pays.
C’est une condition incontournable pour l’organisation d’une élection présidentielle sans risque pour le pouvoir de fait ». Pour le chef du parti démocrate, cette option ne vaut que si le pouvoir de fait prépare un nouveau personnel civil pour prendre le relais des personnages politiques qui avaient occupé le devant de la scène durant les 20 dernières années et qui en ont été délogés. « Les ralliements graduels, mais de plus en plus assumés à l’option Gaïd, d’acteurs du système éjectés par le Président déchu, des organisations de la société civile largement clientélisées par le régime et de quelques partis islamistes terrorisés par une option à la Sissi, procèdent de cette démarche d’imposer une élection présidentielle parrainée dans les faits par les militaires, de bout en bout », soutient-il.
Et de poursuivre : « A défaut de liquider ou d’étouffer le contenu démocratique et progressiste porté par les populations dans les manifestions, il faut l’affaiblir avant toute opération électorale. Le refus assumé par l’armée d’une transition démocratique n’est pas la peur de l’inconnu ou un problème de timing, en raison de la situation économique, comme on l’entend ici et là fallacieusement. C’est le refus du système politique en place, symbolisé par Gaïd Salah, de permettre aux Algériennes et aux Algériens de construire un Etat de droit démocratique quel que soit, par ailleurs, l’agencement du calendrier électoral. »
« Contre-révolution »
Pour Belabbas, la « contre-révolution » menée aujourd’hui veut « créer des lignes de fracture au sein des populations, semer la peur et la confusion en vue de se présenter comme le garant de la paix civile après avoir provoqué le pire. Elle a déjà ses clients mais aussi ses relais objectifs ».
Le conférencier n’omet pas de souligner que la répression qui s’abat contre des composantes du soulèvement touche avant tout les « défenseurs de l’option démocratique et progressiste ». « La division recherchée par le pouvoir de fait est d’isoler les forces revendiquant la rupture avec le système par le moyen d’une transition démocratique qui s’inspire des principes universels, d’une démocratie régie par l’alternance au pouvoir, des libertés, avec son contenu philosophique et social et de l’égalité en droits, le tout garanti par une justice indépendante.
En ce sens, la judiciarisation de l’interdiction de l’emblème amazigh a un double objectif : amputer le camp démocratique de son ancrage national, et pousser le camp populiste-conservateur à se rassembler », affirme-t-il en parlant de l’« opportunisme » de certaines personnalités qui « portent en elles la peur de la démocratie et de la transparence ».
Affirmant avoir défendu une démarche de transition avec des mécanismes et un timing bien précis, le chef du RCD précise que l’objectif de son parti est de jeter les bases de la construction d’un Etat de droit démocratique, les mécanismes et leurs articulations devant être discutés pour arriver au consensus nécessaire. Pour Belabbas, l’option qui consiste à réduire la crise à une nouvelle élection présidentielle est la pire. « Elle est le corollaire direct de l’instrumentalisation de l’appareil administratif, sécuritaire et judiciaire. C’est la politique qui est en cours », tranche-t-il.
S’adressant aux membres du conseil national, il conclut : « Quelle que soit la nouvelle situation sur laquelle débouchera le mouvement populaire, notre responsabilité est de porter au cœur du débat l’option démocratique pour laquelle nous combattons avec les sacrifices que vous savez. »