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Soudan : des milliers de personnes réclament justice pour les manifestants tués - Un accord de partage du pouvoir

mardi 23 juillet 2019, par siawi3

Source : https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/13/soudan-des-milliers-de-personnes-reclament-justice-pour-les-manifestants-tues_5489096_3212.html

Publié le 13 juillet 2019 à 17h31 - Mis à jour le 14 juillet 2019 à 10h46

Soudan : des milliers de personnes réclament justice pour les manifestants tués - Un accord de partage du pouvoir

par Le Monde avec AFP

Quarante jours après l’évacuation sanglante d’un « sit-in » à Khartoum, les Soudanais manifestaient dans les rues en signe de soutien aux familles des victimes.

Des milliers de Soudanais se sont réunis samedi 13 juillet à travers le pays pour rendre hommage aux manifestants tués le 3 juin lors de la dispersion à Khartoum d’un sit-in demandant aux dirigeants militaires un pouvoir civil.
Quarante jours après l’évacuation sanglante de ce rassemblement, l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation, a appelé les Soudanais à défiler dans les rues en signe de soutien aux familles des victimes.

Scandant « sang pour sang, nous n’accepterons pas de compensation », une foule de manifestants a envahi les rues du quartier de Bahari, dans le nord de Khartoum, haut-lieu de la contestation. Des centaines de personnes ont aussi protesté à Omdourman, ville jumelle de la capitale, et à Port-Soudan, poumon économique du pays situé 675 km à l’est de Khartoum. Des manifestations se sont aussi tenues à Madani et Kassala, dans l’est du pays, et à Al-Obeid (centre).

« La justice avant tout »

Cette journée de rassemblements, qui marque la fin du deuil pour les familles selon la coutume musulmane, a été baptisée « La justice avant tout ». Les manifestants réclament des enquêtes sur la mort des victimes et le jugement des auteurs présumés des violences.

Le 3 juin, 136 personnes ont été tuées lors de l’évacuation brutale du sit-in des manifestants par des hommes armés, selon un comité de médecins proche de la contestation. Les autorités parlent, elles, de 71 morts. Le Conseil militaire, actuellement au pouvoir, affirme ne pas avoir ordonné la dispersion du sit-in, tout en reconnaissant l’implication d’« officiers et de soldats ». Des ONG et manifestants pointent du doigt les paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF).

Des dizaines de personnes avaient déjà été tuées dans la répression des manifestations lancées le 19 décembre, après la décision du gouvernement de tripler le prix du pain. Le mouvement avait alors pris une tournure politique en réclamant la chute du président Omar Al-Bachir, destitué et arrêté le 11 avril par l’armée après trois décennies au pouvoir.

Un accord proche de la signature

Après des mois de tensions, un accord entre les généraux au pouvoir depuis la chute de Bachir et les meneurs de la contestation doit être signé dans les prochains jours. Cet accord doit permettre d’enclencher la transition vers un gouvernement civil réclamé par la contestation.

Le texte de l’accord, qui fait encore l’objet de discussions entre les deux parties, a été mis sur pied à la suite d’intenses négociations entre les médiateurs de l’Union africaine et de l’Ethiopie. Il stipule que l’instance chargée de mener la transition pendant une période d’environ trois ans, sera présidée par un militaire pendant les vingt et un premiers mois, puis par un représentant civil pendant les dix-huit mois restants.

Une rencontre entre des représentants de la contestation et des militaires est prévue dans la soirée samedi, pour discuter des derniers termes de l’accord.

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Source : https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/15/avec-le-retablissement-d-internet-les-soudanais-revivent-la-terreur-de-la-repression_5489662_3212.html

Avec le rétablissement d’Internet, les Soudanais revivent la terreur de la répression

Le Monde avec AFP

Publié le 15 juillet 2019 à 15h08

Depuis le retour du réseau, les images, photos ou films, des violences perpétrées par les forces de l’ordre soudanaises sont devenues virales.

Quelques jours après la fin du blocage d’Internet, mardi 9 juillet, les Soudanais revivent la terreur semée lors de l’évacuation meurtrière du sit-in de manifestants à Khartoum en regardant les images, devenues virales, de la répression.

Le 3 juin, 136 personnes ont été tuées lors du raid brutal mené sur le campement de manifestants installé depuis avril devant le siège de l’armée, selon un comité de médecins proche de la contestation. Les autorités, elles, parlent de 71 morts.

Des dizaines de protestataires, qui occupaient cet endroit devenu le poumon de la révolution pour demander le transfert du pouvoir aux civils, ont été tués par balles et frappés par des hommes armés qui ont évacué le sit-in dans le sang, provoquant un tollé international. Immédiatement après le drame, les autorités avaient imposé le blocage total de l’internet mobile dans le pays, jetant un voile sur les violences perpétrées.

« Aucune pitié, religion ou humanité »

Avec le retour du réseau mardi, les images que de nombreux Soudanais n’avaient encore jamais vues, sont devenues virales. Largement partagées sur les réseaux sociaux, elles ont provoqué le choc et la colère au sein de la population.

« Les images de meurtres et de coups brutaux m’ont mis très en colère, déclare Hussein Hashim, 19 ans, étudiant à l’université du quartier d’Al-Deen à Khartoum. Leurs auteurs n’ont aucune pitié, religion ou humanité. »

« Ces vidéos ont pour but de nous effrayer, dit pour sa part son ami Samuol, accusant les autorités de les diffuser. Mais ces scènes horribles nous donneront encore plus de raisons de nous battre pour que justice soit rendue pour les martyrs. »

Une photo en particulier a suscité la fureur de la population. Elle montre des hommes en tenue militaire et bottes, posant leurs pieds sur le visage d’un manifestant étendu sur le sol.

Des dizaines de vidéos ont été mises en ligne ces derniers jours. Une d’entre elles montre un groupe d’hommes armés, en tenue militaire, cernant une adolescente en train de crier alors qu’un d’entre eux la tient par le cou.

De nombreuses images montrent des hommes armés frappant des manifestants avec des bâtons. L’AFP n’a pas pu vérifier leur authenticité, la plupart d’entre elles ayant été diffusées sur les réseaux sociaux par des comptes affichant des pseudonymes. L’Internet mobile a été rétabli après des poursuites engagées contre les fournisseurs de réseau par un avocat basé à Khartoum, Abdelaziz Hassan. « L’objectif du blocage était de dissimuler des informations et des preuves sur ce qui s’est passé lors du massacre », a-t-il déclaré à l’AFP.

Des dizaines de personnes avaient déjà été tuées dans la répression des manifestations lancées le 19 décembre 2018, après la décision du gouvernement de tripler le prix du pain. Le mouvement avait pris une tournure politique en réclamant la chute du président Omar Al-Bachir, destitué et arrêté le 11 avril par l’armée après trois décennies au pouvoir.

Sur une page Facebook, créée pour rassembler les images du « massacre » du 3 juin, Hassan Mora, une internaute, écrit : « Les responsables de ce crime doivent rendre des comptes. » « Sans responsabilité, punition et vengeance, cette révolution spectaculaire ne réussira pas », a renchéri Alaa Khairawi.

« Nous continuerons »

Les manifestants et des ONG accusent les redoutées Forces de soutien rapide (RSF) d’avoir mené le raid. Mais le chef de ces groupes paramilitaires, Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemeidti », également numéro deux du Conseil militaire de transition, au pouvoir, a rejeté ces allégations.

« Ces photos sont des montages », a-t-il déclaré lors d’un rassemblement la semaine dernière, accusant des services de renseignement étrangers de filmer et de diffuser les images. « Il y a des gens qui ont filmé 59 vidéos en une journée, comment est-ce possible ? Ils ont des idées derrière la tête, c’est sûr. »

Le Conseil militaire de transition a ordonné l’ouverture d’une enquête sur les violences du 3 juin, mais les conclusions n’ont pas encore été rendues publiques. Montrant une vidéo dans laquelle un groupe d’hommes en treillis frappent des manifestants, un chauffeur interrogé par l’AFP assure que « ces vidéos ne sont pas des montages, certaines ont même été tournées par les hommes armés », affirme-t-il.

« Après avoir vu ces images, j’ai envie de venger les victimes », ajoute-t-il sans donner son nom.

« J’étais heureuse du retour d’Internet. Mais maintenant, je me sens en colère et humiliée », dit une jeune femme qui souhaite elle aussi rester anonyme. « Ils veulent intimider les femmes, mais nous n’aurons pas peur et nous continuerons à manifester », lance-t-elle. Samedi 13 juillet, de jour comme de nuit, ils étaient à nouveau des milliers dans les rues des grandes villes du pays pour faire mentir la peur et réclamer vérité et justice pour les victimes de la répression.