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France : Les femmes, chair à canon de toutes les religions
vendredi 29 juillet 2022, par
Source : https://charliehebdo.fr/2022/05/religions/les-femmes-chair-canon-de-toutes-les-religions/
Les femmes, chair à canon de toutes les religions
Riss
Mis en ligne le 25 mai 2022
Paru dans l’édition 1557 du 25 mai
Édito
L’adoption par le conseil municipal de Grenoble de l’autorisation du port du burkini dans les piscines de la ville est à la fois un micro-événement et une fracture profonde. On ne peut s’empêcher de penser aux trois collégiennes de Creil qui, dans les années 1980, voulaient entrer voilées dans leur établissement scolaire. Une péripétie à la fois locale et en même temps annonciatrice de bouleversements. Le collège de Creil était déjà une piscine dans laquelle l’islam avait tenté de plonger un signe ostentatoire. Hier, le voile dans un collège ; aujourd’hui, le burkini dans une piscine. Le point commun entre ces deux affaires est si évident qu’on finirait par l’oublier : « la femme ». Les religions ont toujours instrumentalisé les femmes, soit pour les assigner à des tâches limitées, comme la reproduction, soit pour les pétrifier en les statufiant, comme la Sainte Vierge et autres madones.
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Pour imposer à la société ses pratiques les plus rétrogrades, la religion musulmane se sert des femmes comme d’un bouclier. Comment combattre le voile à l’école sans avoir l’impression désagréable de s’en prendre à des adolescentes bien inoffensives ? Comment lutter contre le burkini sans passer pour un salaud qui empêche d’honnêtes femmes de se baigner ? Comment critiquer le voile sans être accusé de brimer les mères de famille musulmanes qui voudraient accompagner les enfants pendant les sorties scolaires ? Cette stratégie est d’autant plus efficace dans une démocratie, qui a le devoir de lutter contre les inégalités subies par les femmes : celui qui osera condamner le burkini ou le voile sera aussitôt accusé d’être un fumier qui veut empêcher les femmes qui les portent de vivre comme elles le souhaitent. Bien joué ! La religion envoie les femmes au casse-pipe, en première ligne, comme des fantassins, pour ouvrir la voie à d’autres revendications : interdits alimentaires dans les cantines, fêtes religieuses, blasphème, etc. En mettant les femmes en avant, personne n’osera s’en prendre à elles, et par voie de conséquence, personne n’osera condamner la signification religieuse de leur démarche.
Pour justifier le port d’un pyjama dans une piscine, toutes sortes d’arguments fallacieux ont été avancés : hygiène, substances chimiques, chlore, disgrâce physique. Un fatras d’explications aussi minables que crapuleuses pour éviter de parler de la dimension religieuse rétrograde de cet attribut vestimentaire. On attend la décision qui autorisera les hommes à nager avec un burkini, car on ne voit pas pourquoi l’hygiène et le physique des hommes nécessiteraient moins d’être protégés que ceux des femmes.
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La frange de la gauche qui ne voit rien à redire à cette décision brandit la loi de 1905, qu’elle interprète selon son bon plaisir, et se proclame laïque, la main sur le cœur. Le maire de Grenoble répète à qui veut l’entendre qu’il combat le repli communautaire et l’intégrisme. On n’a pourtant pas souvenir qu’il ait fait voter par son conseil municipal une mesure aussi spectaculaire que celle en faveur du burkini qui lutterait sérieusement contre l’islamisme. Son attachement aux libertés individuelles est peut-être sincère, mais il semble bien sélectif. En octobre 2020, les hôtels de Région de Toulouse et de Montpellier avaient projeté sur leur façade les caricatures de Mahomet, en soutien aux dessinateurs assassinés. Verra-t-on un jour, au nom de la liberté proclamée par le maire de Grenoble, ces dessins projetés sur les murs de son hôtel de ville ? Vous pouvez être sûr que ceux qui affirment que la loi de 1905 autorise le burkini ne le feront jamais, alors que cela est pourtant parfaitement légal dans ce pays. •